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« Le football, c’est l’unité de l’Ukraine »

Par Antoine Védeilhé, à Kiev
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Des supporters qui chantent à la gloire de l'équipe adverse, des slogans anti-Poutine hurlés à la mi-temps et des drapeaux nationalistes qui volent au vent... Dans le contexte actuel de fortes tensions entre l'Ukraine et la Russie et de rattachement de la Crimée à cette dernière, le Dynamo Kiev – Metalist Kharkiv du week-end dernier avait des allures d'union nationale. Ambiance.

Cette fois, il n’y eu ni bagarre, ni chants haineux, ni doigts levés. Sept mois après le match aller qui avait vu les factions ultras des deux clubs s’affronter de façon ultra-violente, le Dynamo Kiev et le Metalist Kharkiv se retrouvaient pour le compte de la 24e journée du championnat ukrainien. Mais ce dimanche, le contexte était tout autre. Depuis le mois de novembre, le pays est entré dans une crise sans précédent. Sous la pression populaire, le gouvernement a été renversé et une majeure partie du pays vit désormais à l’unisson, derrière les manifestants de la place Maïdan, à Kiev. Preuve de cette union nationale, les différents groupes ultras du pays avaient annoncé, courant février, une trêve qui durerait jusqu’à ce que la situation soit apaisée. Et, dans un Stade olympique de Kiev à moitié vide, les supporters des deux équipes ont tenu parole. « Le football, c’est l’unité de l’Ukraine. Bien sûr, un match contre Kharkiv, c’est toujours particulier, mais aujourd’hui, la rencontre importe peu » , glissait Vitaly, 55 ans et autant d’années à fréquenter les stades pour supporter le Dynamo, au moment de prendre place en tribune. Comme pour lui donner raison, les joueurs des deux équipes eux-mêmes s’effaçaient en entrant sur la pelouse pour laisser la vedette à une troupe de militaires expulsés de Crimée par l’armée russe. Hymne national, chants patriotiques et même quelques larmes. Le match peut commencer.

Nous avons aidé à réglementer l’alcool et les cigarettes dans les stades

Cinq minutes de jeu à peine et la poignée d’ultras de Kharkiv, torses nus malgré le froid glacial, lance un « Hourra pour l’Ukraine » auquel tout le stade répond par un immense « Hourra pour Maïdan, hourra pour le peuple » , à faire encore plus froid dans le dos. À peine perturbées par la rapide ouverture du score du Dynamo dès la 9e minute de jeu, les échanges de politesse entre sections ultras se poursuivent. « Nous, les ultras, on montre qu’on sait répondre présent pour l’Ukraine, qu’on n’est pas des gens violents » , assure Youri. « Ouais, on est des gens intelligents et on sait quand le football et la passion doivent passer au second plan » , renchérit un autre fan à la nuque longue. Les deux jeunes sont membres des White and Blue, le principal groupe ultra du Dynamo. Pour Denys, l’un des leaders des White and Blue, il était temps que la vision des Ukrainiens sur le mouvance ultra change : « Nous avons aidé à réglementer l’alcool et les cigarettes dans les stades, mais ça, les gens l’ignorent. Pourtant, si aujourd’hui il y a des familles qui viennent, c’est aussi grâce à nous. » En fait, pour Denys, c’est l’implication des ultras dans la défense des manifestants de la place Maïdan qui a fait basculer l’opinion publique en leur faveur. « Les Ukrainiens ont compris qu’on était prêts à se battre aussi pour de bonnes causes. On a donné de notre sang à Maïdan et pour ça, ils se sont mis à nous aimer » , juge-t-il.

Treillis et drapeaux nationalistes

Mi-temps au Stade olympique. Au tableau d’affichage, le score est désormais de 2-1 pour Kiev. Younès Belhanda, papa depuis deux jours, a répondu à un bijou d’Edmar. Les chants n’ont toujours pas cessé : « Poutine, va te faire e… » , peut-on entendre désormais. Dans les coursives, l’animation se fait autour de la buvette. Des « soldats » de Maïdan viennent d’arriver au stade. Treillis sur le dos et béret sur la tête, ils portent des étendards noir et rouge, le drapeau nationaliste ukrainien. Parmi eux, Oleg, la gueule burinée, mitraille de photos. « C’est l’une des premières fois que je viens au stade » , confie-t-il avant de baisser la voix et de reprendre : « Moi, mon équipe, c’est le Shakhtar Donetsk. Mais les ultras de Kiev sont venus nous aider pendant la révolution, alors je suis venu les supporter. Je leur devais bien ça. » Oleg regrette de voir le stade à moitié vide. On lui avait vanté des affluences record les soirs de grand match. « Ce doit être à cause de la crise » , lâche-t-il pour lui-même avant qu’un autre supporter n’élucide : « En virage, la place coûte moins d’un euro. Ce n’est pas une question d’argent. Les Ukrainiens n’ont juste pas la tête au football en ce moment. »

En Italie, pour se divertir, ils ont le Colisée. Mais nous, on a quoi ?

Le match reprend avec, toujours, la même ambiance surréaliste où, d’un côté et de l’autre du stade, les ultras du Dynamo et du Metalist ont rangé leur haine atavique pour se muer en un groupe de supporters en parfaite harmonie. Pendant que les White and Blue déploient une banderole où est écrit « La liberté pour l’Ukraine, ou la mort » , Kharkiv répond : « Les héros de Maïdan ne meurent jamais. Ce sont nos ennemis qui doivent mourir. » 80e minute. Les visiteurs ont égalisé depuis une dizaine de minutes et on se dirige vers un match nul qui permettrait à tout le monde de repartir bons amis. Mais l’arbitre en décide autrement : pénalty pour le Dynamo transformé par l’international Andrey Yarmolenko. Huit minutes plus tard, après Younès Belhanda, c’est un autre pensionnaire de Ligue 1 qui y va de son but. Dieumerci M’Bokani slalome dans la défense et éteint définitivement les espoirs du Metalist Kharkiv : 4-2. Leurs supporters, eux, ont encore de la voix. Bons joueurs, ils répondent au « Gloire à Kharkiv » entonné par le Dynamo par le même « Gloire à Kiev » . Le match se termine. Les ultras de Kharkiv sortent de leur parcage et pavanent dans les travées. « On a perdu certes, et on a chanté avec eux à la gloire de l’Ukraine, mais on n’a pas oublié la raclée qu’on leur a mise chez nous en septembre » , grogne le leader du groupe qui refuse de donner son nom et de dire s’il fait allusion au match remporté 3 à 0 ou à la bagarre de rue. Jusqu’à quand ces amabilités entre factions ultras vont-elles durer ? « L’an prochain, ce sera une autre saison » , répond le molosse de Kharkiv. Puis, il conclut : « La passion pour le football, elle, restera toujours la même. En Italie, s’ils veulent se divertir, ils ont le Colisée. Mais nous, qu’est-ce qu’on a ? »

Theo Hernandez, le prince de la vrille

Par Antoine Védeilhé, à Kiev

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