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  • 26 juillet 1990

Le festival de Cannes d’Éric Cantona

Par Mathieu Faure
Le festival de Cannes d’Éric Cantona

26 juillet 1990, Éric Cantona et l'OM mettent fin à un feuilleton estival palpitant. Alors que tout était bouclé pour que l'homme s'engage avec l'AS Cannes, « Canto » décide finalement de rester dans sa ville natale pour définitivement s'imposer au sein de la plus belle équipe des années 90 : Papin, Stojković, Waddle, Pelé, Tigana, Vercruysse, Mozer, Boli, Pardo, Casoni, etc. Le début de la fin de son histoire d'amour ratée avec son club de cœur, mais aussi et surtout avec le championnat de France. Il ne le sait pas encore, mais l'Angleterre l'attend.

La Croisette a bruissé le temps d’un été avec Éric Cantona dans le premier rôle d’une production dont l’intrigue se déroulait à l’AS Cannes. L’idée était plaisante. Sexy. Risquée. Fin juillet 1990, Cannes ne parle que de lui. Éric Cantona, 24 ans, est sur le point de rejoindre Cannes pour (re)former le duo offensif entrevu à Bordeaux avec Yannick Stopyra. Cantona est un joueur d’instinct, discret dans un groupe, complet, fort physiquement et un athlète hors norme. C’est un gagneur, mais un révolté. En permanence. Le garçon est en situation d’échec à Marseille, sa ville de naissance, alors qu’il officie en attaque avec Jean-Pierre Papin, un binôme qui fonctionne pourtant à merveille en équipe de France. Dans l’histoire, on avance que c’est l’OM qui a relancé l’AS Cannes dans le dossier. Même la mairie de Cannes de l’époque – en bons termes avec Bernard Tapie – s’en mêle et parle d’une transaction faite « à 60% » pour 15 millions de francs échelonnés sur 4 ou 5 ans tout en tablant sur une augmentation sensible de la fréquentation au stade Pierre-de-Coubertin suite à la signature de Canto. En sous-main, c’est Luis Fernandez, un proche de Cantona et de Cannes, qui aurait soumis l’idée. Marseille n’est pas contre. Au contraire. Sur le banc cannois, le Franco-Yougoslave Boro Primorac salive même d’avance à l’idée d’avoir l’enfant terrible du football français dans son escouade : « Si on peut le faire, il faut le faire. Avoir Cantona dans mon effectif, ça m’intéresse. Son caractère ? Je m’en fiche. Des problèmes, j’en ai parfois aussi avec ma femme et mes enfants » blague-t-il dans les colonnes de L’Équipe. Y a plus qu’à, comme on dit.

« Je reste à l’OM »

Le deal ne se fera jamais. Vexé d’avoir été poussé vers la sortie, Cantona décide finalement de rester à Marseille. « Il existe une clause libératoire dans mon contrat. Je n’ai pas souhaité exercer le bénéfice de cette clause. Ce qui signifie, sans équivoque, que je reste à l’OM » , balance-t-il. En réalité, tout était ficelé entre l’OM et l’AS Cannes. Tout sauf une chose. L’avis du joueur. Un détail. Au fond de lui, le joueur est persuadé de réussir à Marseille. Chez lui. Même si l’équipe marseillaise est outillée comme un porte-avions dans le secteur offensif (Papin, Pelé, Vercruysse, Waddle, Stojković), Canto estime qu’il peut y briller. Il serait temps après tout. À part une saison à Auxerre (1986-1987, 13 buts), Éric, loin d’être sur le trône, est un rookie du championnat de France. Alors qu’il est dans le 13 depuis deux ans, on attend enfin l’explosion du génial attaquant. Un début d’histoire marseillaise placée sous le signe du bordel qui plus est. Canto arrive à Marseille en 1988. Dans la foulée, Henri Michel ne retient pas l’attaquant pour affronter la Tchécoslovaquie avec les Bleus. La réaction de l’intéressé va être mémorable. Une punchline de plus au CV du King. « Je viens de lire ce que Mickey Rourke a déclaré à propos des Oscars d’Hollywood : celui qui s’occupe de ça est un sac à merde. Je ne suis pas loin de penser qu’Henri Michel en est un, lui aussi. J’ai ma conscience pour moi. Je me dis depuis trois jours : n’ai-je pas fait le peu de choses qu’il ne réclame même pas aux autres ? Je le répète, je ne jouerai plus en équipe de France tant qu’il sera là. Mais je suis sûr que cela ne durera pas longtemps. Je souhaite me tromper, pour les joueurs, mais je pense que Michel ne restera pas longtemps à son poste… »

Pour son flow, Canto est suspendu d’équipe de France pour un an. Cinq mois plus tard, à Sedan, la star profite d’un match amical contre le Torpedo de Moscou pour jeter son maillot vers l’arbitre. Histoire de calmer tout le monde, le joueur est alors prêté dans la foulée à Bordeaux pour terminer la saison avant d’être de nouveau prêté, à Montpellier, pour la saison 1989-1990. Dans l’Hérault, l’artiste fait la paire avec Stéphane Paille. Même si la mise en route est tumultueuse, il semble avoir trouvé sa voie et gagne une Coupe de France. Sur place, Cantona rencontre surtout Michel Mézy, une figure du MHSC. L’attaquant revient à l’OM sûr de lui. Il veut s’y imposer, alors que, dans le même temps, le club tente de le transférer à Cannes. La saison 1990-1991 commence donc par une sortie de route. Sur le banc marseillais, Franz Beckenbauer compte pourtant sur Éric. Le duo avec JPP fait enfin des merveilles à Marseille. Après seize matchs, Cantona affiche huit caramels avant de se faire le genou au cœur de l’hiver dans un match contre Brest. Quand le Français retrouve les terrains, Goethals a pris le relais du Kaiser sur le banc et le Belge a changé de tactique. Une seule pointe (Papin) et basta. C’est donc sur le banc, et parfois des tribunes, que Cantona observe la fin de saison. Il ne participa pas à la finale de C1 contre l’Étoile rouge de Belgrade à Bari, ni même à la finale de Coupe de France contre Monaco. Canto et l’OM, c’est fini. Ça ne marchera jamais.

« Aimez-le, il vous aimera ! »

Découvert par Guy Roux à Auxerre, couvé par Platini en Bleus, c’est finalement Michel Mézy à Montpellier qui va être le premier à comprendre le joueur. Le mode d’emploi est simple : franchise, respect et amour. « Aimez-le, il vous aimera ! » , lâche Mézy pour expliquer comment gérer l’artiste. Juin 1991, peu de temps après la finale de Bari, Éric Cantona signe à la surprise générale à Nîmes, fraîchement promu en D1. La raison ? Michel Mézy, devenu directeur sportif, puis président des Crocos. Canto quitte Marseille pour 10 millions de francs. L’échec est évident. À la fois sportif et moral. Six mois plus tard, Canto claque définitivement la porte de la France à la suite d’une expulsion lors d’un Nîmes-Saint-Étienne où il jette le ballon sur l’arbitre, mécontent d’une décision. Il prend quatre matchs de suspension, traite les membres de la Commission de discipline « d’idiots » et prend finalement deux mois de suspension ferme.

Cantona annonce qu’il met un terme à sa carrière de joueur professionnel… une retraite qui va durer un mois, puisque l’avant-centre fait un essai à Sheffield Wednesday entraîné par Trevor Francis. Au moment de signer son contrat, le club anglais souhaite prolonger son essai. Refus du joueur. Apprenant la nouvelle, Howard Wilkison, coach de Leeds United, rencontre le Français à son hôtel alors que ce dernier est sur le point de rentrer au pays. Le courant passe, et Cantona signe à Leeds United le sourire aux lèvres et le verbe haut : « C’est un peu, si l’on transpose en France, comme si j’étais à l’essai à Caen et que je me retrouve quelques jours plus tard à l’OM. » Un titre de champion d’Angleterre avec Leeds plus tard, Cantona va prendre le chemin de Manchester United en novembre 1992 pour partir à la conquête de son trône un an après avoir annoncé sa retraite. Deux ans après avoir dit non à l’AS Cannes. En mai 1997, quand le King abdiquera sportivement, Old Trafford chante La Marseillaise. Ça aurait vraiment de la gueule comme film.

Par Mathieu Faure

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