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Le derby de la passation de pouvoir ?

Par Régis Delanoë et Markus Kaufmann, à Istanbul
Le derby de la passation de pouvoir ?

Le double tenant du titre Galatasaray accueille son voisin stambouliote Fenerbahçe, pour la 28e journée de Süper Lig. Le derby de la dernière chance pour la bande à Drogba, en retard de 10 points sur son adversaire au classement. L’occasion de faire le point sur la saison des deux rivaux, avec un Galatasaray en plein doute – on s’est rendu sur place le vérifier – et un Fenerbahçe ultra-revanchard.

Quand Roberto Mancini débarque à Istanbul le 30 septembre dernier, Galatasaray est 10e du championnat, en mauvaise posture en Ligue des champions, et les supporters du club viennent à peine d’entamer le deuil du départ de Fatih Terim. À la mi-mars, la situation est renversée. En plus de l’élégance de ses écharpes, Mancini est venu avec la rigueur de ses systèmes et cette rare faculté à donner de l’équilibre à ses formations. En 4-3-1-2 d’abord, quand les victoires moches rendaient les Lions heureux. Puis en variant entre le 4-3-3 et le 4-2-3-1, quand l’enthousiasme des 3 points ne suffisait plus. Aujourd’hui, après trois semaines de crise, le Mister n’obtient ni le style, ni les résultats. Le 14 mars, alors que la remontée impossible est encore espérée, Galatasaray ne ramène qu’un point de Karabükspor. Quatre jours plus tard, les Stambouliotes reviennent de Stamford Bridge avec la honte d’une prestation catastrophique. À Istanbul, le climat se tend autour du Mancio. Dans la presse, d’abord. Face à Chelsea, le quotidien Fanatik parle d’une « tactique inexplicable » . Et dans la rue ensuite. Place Taksim, lieu de rendez-vous des supporters pour rejoindre la belle mais lointaine Turk Telekom Arena, le kiosquier admet « ne rien comprendre à ce qu’essaye de faire Mancini. Ce qui énerve le plus, c’est la manière de perdre. Là, mardi soir, la différence de mentalité, d’intensité, d’envie, c’était catastrophique. Quand on perd contre Madrid l’an dernier, le stade est en feu, on y croit jusqu’au bout, Sneijder et Drogba marquent. Il y a même eu 4-1 pendant quelques instants, le temps que l’arbitre regarde son assistant… »

« Mancini démission ! »

Le week-end suivant, Galatasaray accueille le Kayserispor, lanterne rouge sans espoir. À domicile, Mancini avait jusque-là tout gagné. Insuffisant, pourtant. À peine arrivés dans la Türk Telekom Arena, les ultrAslans mettent une pression énorme, tout en couleurs, bruit et esprit. Les banderoles appelant au « combat » , à la « fierté » et à « l’esprit de Çanakkale » dominent le virage. Des références à la guerre d’indépendance et à Mustafa Kemal, et puis l’hymne national, alors que certains supporters prient dans les allées de l’arène. Ambiance sérieuse et grave. D’autant plus que le stade apprend que Drogba, Eboué et Chedjou ne sont pas convoqués, sans raison apparente. « Choix technique. » Lorsque les Lions sont lâchés, les sifflets tombent. Si Izet Hajrović enchaîne les petits ponts et Felipe Melo fait rugir le stade à chaque intervention, le manque de spontanéité des manœuvres d’Inan et de Ceyhun ralentit le jeu. Un 0-0 infini. Puis, un Sneijder replacé dans l’axe, une barre, un arrêt miracle, et l’inexplicable. Au dernier instant, alors que l’arbitre tente justement d’offrir quelques secondes supplémentaires pour une ultime offensive stambouliote, le capitaine argentin de Kayserispor, Pablo Mouche, s’en va marquer seul en contre-attaque. Silence religieux. Le joueur enlève son maillot, prend un deuxième jaune, saute, crie. Dans le silence. Les ultrAslans ne savent plus s’il faut pleurer ou chanter. Ils opteront finalement pour le chant : « Gloire à Fatih Terim, Mancini démission. » Le lendemain, le quotidien AMK est clair : « Mancini a tiré sur la corde. » En conférence de presse, l’Italien appelle au calme. Une longue semaine plus tard, nouveau match nul en déplacement contre Konyaspor. Pour Mancini, c’est ce derby ou jamais.

La révélation Caner Erkin

Chez les grands rivaux de Fenerbahçe au contraire, ce match a pu être préparé avec une grande sérénité. Que craignent les Canaris jaunes avec ce derby ? Pas grand-chose en vérité, si ce n’est qu’il est toujours bon d’enfoncer encore un peu plus son meilleur ennemi dans la crise. D’un point de vue comptable, l’avance au classement est suffisamment confortable pour se permettre même de griller un joker s’il le faut. « Fener » occupe la tête de la Süper Lig sans discontinuer depuis la 5e journée et compte actuellement 10 points d’avance sur Galatasaray et Beşiktaş. L’avance pourrait même être encore plus conséquente, en fonction de l’issue donnée au match disputé le 10 mars dernier à Trébizonde et interrompu en raison de l’agitation des supporters locaux. En toute logique, la victoire devrait revenir aux visiteurs sur tapis vert… Non, vraiment, s’agissant du volet sportif, tout fonctionne pour les Canaris, avec une équipe bien équilibrée entre internationaux turcs performants (Demirel, Gönül, Topal, Potuk…) et des étrangers pour la valeur ajoutée (Bruno Alves, Raul Meireles, Kuyt, Sow, Emenike…). Il y a même une révélation : Caner Erkin, un latéral gauche ultra-performant, qui en est déjà à 13 passes décisives cette saison. Et puis, bien sûr, il y a ce bon vieux Emre Belözoglu, toujours présent dans les grands matchs. Un taximan pro-Galatasaray rencontré ces derniers jours balance : « Contre Fenerbahçe, ça va être très compliqué. Dans cette situation, où ils sont dans le fauteuil du roi, ils vont en profiter, vous allez voir. Insupportables. Ils sont tous comme Emre. Ce mec, c’est Dr Jekyll et Mr Hyde. Dans la vie, il est super cool, adorable. Sur le terrain, c’est le pire mec au monde. Il n’a honte de rien. »

Un président en prison

Pas de bling bling aux commandes de ce groupe mais un local qui connaît parfaitement le championnat turc : Ersun Yanal, ex-Eskişehirspor. Sportivement donc, tout roule à Fenerbahçe avant ce derby. Un 19e titre est en vue, ce qui permettrait au club de revenir à égalité au palmarès avec Galatasaray. Extra-sportivement en revanche, la saison a été pénible, avec cette condamnation confirmée du président Aziz Yildirim à de la prison ferme, dans la nébuleuse affaire de matchs truqués qui secoue le football turc depuis pas mal de temps déjà. L’affaire remonte à l’été 2011 et a conduit à la condamnation de 85 personnes. Fenerbahçe a été le club de plus sanctionné. Yildirim donc, mais aussi d’autres personnes de la direction. Surtout, trois années d’exclusion des compétitions européennes ont été prononcées l’été dernier. Ce qui fait que même champion, Fenerbahçe ne disputera pas la Ligue des champions la saison prochaine. Un gâchis. Et un complot « anti-Fener » pour nombre de Canaris revanchards.

Par Régis Delanoë et Markus Kaufmann, à Istanbul

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