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Le Centre, la formation stéphanoise et son regard oppressant

Par Enzo Leanni

Après William Saliba ou Wesley Fofana, certains supporters stéphanois pourraient découvrir leur nouvelle pépite dans le documentaire Le Centre, diffusé ce samedi. Plus que la performance sportive ou le scouting, les réalisateurs se sont intéressés aux à-côtés de la formation et au jugement continuel auquel sont soumis les jeunes joueurs.

Le Centre, la formation stéphanoise et son regard oppressant

Quand Alexandre Donot et Raphaël Rivière se sont rencontrés durant leurs études de cinéma, les premières discussions ont rapidement tourné autour du foot. Le premier supporte l’AS Saint-Étienne quand le deuxième est plutôt attiré par le PSG, « mais surtout de Bernard Lama », insiste-t-il. Une quinzaine d’années plus tard, les deux amis vibrent désormais derrière les Verts et leurs pépites. Ce samedi, ils vont faire découvrir Mathis Amougou, Karim Cissé ou encore Noah Raveyre grâce à leur documentaire Le Centre, diffusé sur Public Sénat (21h10). Après des repérages commencés dans le centre de formation stéphanois en 2016, Alexandre et Raphaël se sont essentiellement intéressés à la saison 2021-2022, à raison d’une dizaine d’allers-retours entre Paris et Saint-Étienne pour une centaine d’heures de rush.

Épuiser les lieux

Les premières séquences sont difficiles à tourner au sein d’un milieu qui n’apprécie guère les caméras et qui n’aide pas forcément les bizuths. Les deux réalisateurs dorment sur place grâce aux logements offerts par l’ASSE, mais peinent à trouver ce qu’ils cherchent. « On a beaucoup attendu pour capter des moments de vie, se souvient Raphaël Rivière. Au début, dans le centre de formation, on était complètement perdus. Il y a beaucoup de non-dits qui sont difficiles à comprendre pour un étranger. » Une fois cet espace appréhendé, au bout de trois mois, ils posent leur caméra et attendent. « On voulait épuiser les lieux pour avoir de vrais moments de vie, mais les membres du centre ont plutôt l’habitude des interviews scénarisées et des journalistes qui partent directement après », explique le natif de Paris.

Au début, dans le centre de formation, on était complètement perdus. Il y a beaucoup de non-dits qui sont difficiles à comprendre pour un étranger.

Raphaël Rivière

Marqués par Basic Training de Frederick Wiseman – à propos de jeunes adolescents qui se préparent à la guerre du Vietnam –, ainsi que par tous les films de lieux, les réalisateurs n’ont voulu soumettre aucun scénario aux joueurs et éducateurs. Ainsi, ils captent une discussion sincère entre Razik Nedder, entraîneur de la réserve, le jeune Daring Bladi et sa maman. Parfois méfiantes, les parties jouent alors toutes le jeu. « Tu crées un moment et les choses arrivent seules, après ils nous donnent généreusement une très belle scène »,  commente Alexandre Donot. Le documentaire suit, en fil rouge, l’évolution de ces adolescents au sein d’un centre de formation professionnel avec le sérieux, les rires ou les moments plus douloureux qui caractérisent une année.

Un milieu de mâle alpha

Parfois, la caméra peut braquer. « Les jeunes sont sensibilisés, mais les coachs sont plutôt méfiants », explique le Stéphanois. Les premières remontrances adressées par les coachs à leurs joueurs se font alors à l’abri de l’objectif, dans des salles closes. Au fil des semaines de tournage, la confiance est gagnée. Exit les images essentiellement filmées lors des entraînements, les séquences se font de plus en plus une fois les crampons enlevés pour rendre compte des à-côtés. Si bien que le nom La Main courante aurait pu être choisi pour la version finale du documentaire. La volonté de s’éloigner du terrain était d’abord logistique avec une seule caméra à disposition, quand les diffuseurs de matchs en possèdent des dizaines. Les deux réalisateurs ne s’attardent que sur le derby face à l’Olympique lyonnais et, là encore, ce sont les regards, les gestes et la dramaturgie qui ressortent plutôt que la performance.

Autour de cette rencontre, un escalier en colimaçon concentre l’attention. « C’est une sorte de tour de contrôle où les éducateurs ont une vue sur tous les terrains du centre de formation, apprend Raphaël Rivière. Les jeunes savent qu’ils sont continuellement observés. » Car c’est cette tension autour du jugement qui ressort du documentaire Le Centre. Au cœur de la structure, tous les membres s’observent et rendent le milieu encore plus compétitif, « très mâle alpha », dixit Raphaël Rivière. Le nombre de femmes au sein du centre montre d’ailleurs ce manque de diversité.

Le centre de formation a un côté panoptique, presque carcéral. Il y a des couloirs vitrés parce que ce sont des gens qui s’observent tout le temps.

Alexandre Donot

« Le centre de formation a un côté panoptique, presque carcéral. Il y a des couloirs vitrés parce que ce sont des gens qui s’observent tout le temps : les éducateurs et les surveillants qui observent les jeunes, les jeunes qui se jugent entre eux, les coachs qui s’évaluent entre eux également », se remémore Alexandre Donot. Grâce à une absence de voix off, les deux amis font parler les images. Les séquences de répétition aux entraînements et de discours montrent ainsi l’apprentissage des jeunes. Au terme de la saison 2021-2022, l’équipe professionnelle de l’AS Saint-Étienne est reléguée en Ligue 2. Le centre, lui, continue de vivre et reste imperméable aux résultats. La caméra rangée et les rushs montés, Alexandre Donot et Raphaël Rivière peuvent désormais suivre l’évolution de Louis Mouton ou Ayman Aiki, loin des regards du centre, mais pas pour autant délestés de pression.

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