Le Barça sur une patte
Signe indien ? Manque de bol ? Sombre complot ourdi par de vénaux practiciens désireux d'appliquer la maxime sarkozyste "Travailler plus pour gagner plus" ? Préparation à la "Va comme j'te pousse" ? Calendrier surchargé ? Entraînements de poussins ? Difficile de désigner un coupable tout fait à la pléthore de blessures qui s'est abattue sans crier gare sur les Blaugranas depuis le début de la saison.
Les facteurs expliquant les blessures musculaires successives contractées par Eto’o, Ronaldinho, Zambrotta, Touré et Marquez, pour des durées allant de 2 mois pour le Camerounais à 10 jours pour le génie auriverde, sont multiples. Les muscles touchés variant d’un joueur à l’autre, il est effectivement difficile de mettre en cause une absence de prévention ou quelque chose de semblable.
Cependant, la multiplicité de ces blessures, ainsi que l’absence de signes annonciateurs, s’avèrent un tantinet inquiétantes pour les Catalans même si pour l’heure, le club se refuse à désigner un coupable et fait tourner sur sa platine le tube suivant : « Nous ne sommes pas inquiets en ce qui concerne l’accumulation de joueurs blessés » . C’est vrai ça, à quoi bon jacter là-dessus pendant 107 ans ? Après tout, il ne s’agit que de cinq joueurs majeurs blessés, alors que la saison vient tout juste de commencer !
En outre, pour peu que l’on veuille bien faire preuve d’un minimum de positive attitude, cette succession de blessures a grandement simplifié les choses à Frank Rijkaard, notamment en ce qui concerne la façon de faire jouer ensemble les 4 Fantastiques. Mais comme il faut quand même lâcher quelques déclarations à la presse espagnole pour se nourrir, l’entité bleu et grenat avance que si la plupart des joueurs blessés (en l’occurence Touré, Marquez et Zambrotta) sont des arrières, ce n’est pas un hasard, c’est parce que « cette saison, la défense travaille avec une intensité maximum » .
Ok. Cool. Tout le monde ne semble néanmoins pas prêt à gober les yeux fermés la version « officielle ». Des sources proches du club ont ainsi confié au journal catalan Sport que la préparation physique du Barça pourrait se trouver dans l’oeil du cyclone, notamment en raison des blessures à répétition survenues ces dernières semaines.
D’après ces informateurs évidemment anonymes, le FC Barcelone est l’un des clubs qui accordent le moins d’importance aux exercices physiques, préférant se focaliser sur le travail avec le ballon.
Si cette spécificité catalane est régulièrement incarnée avec brio sur le pré, elle présente toutefois quelques inconvénients : l’infirmerie du club est de plus en plus fréquentée, les joueurs étant visiblement moins enclins que leurs congénères européens à supporter les gros efforts requis par les rencontres de haut niveau.
Dans le même registre, les échauffements d’avant-match sont aussi mis en cause par bon nombre d’observateurs qui arguent un manque évident d’intensité par rapport à ceux de leurs adversaires. Il faut dire que les meuniers de la discorde ont de l’eau dans leur moulin. Ainsi Samuel Eto’o s’est blessé lors du trophée Gamper après seulement 2 minutes de jeu.
C’est d’ailleurs à cette occasion que les premiers émois quant aux séances d’échauffement du Barça se sont élevés dans le ciel barcelonais. Avant la blessure du numéro 9, il y a eu les propos de Ludovic Giuly, qui a débiné son ancien club lors d’une conférence de presse en déclarant entre autres qu’il n’avait jamais aussi peu travaillé à l’entraînement qu’à La Masia. En haut lieu, les premières réactions ne se sont pas fait attendre. Un préparateur physique supplémentaire a été appelé à la rescousse cette saison pour venir en aide à Paco Seirulo et Albert Roca, soit José Antonio Pozanco, en provenance d’Elche.
Intimement lié à la préparation physique bien qu’indépendant de celle-ci, un autre facteur est pour beaucoup de spécialistes au moins aussi important, si ce n’est plus, que les séances d’entraînement et d’échauffement.
La culture du travail. Pour ces ayatollahs du ballon rond, un footballeur professionnel ne saurait se contenter d’une heure et demie d’entraînement par jour. Il doit prendre soin de lui et mener une vie équilibrée hors du terrain. Inutile de dire que ce type de déclaration vise principalement Ronaldinho dont on a ironiquement prétendu que la contracture musculaire qui l’a tenu éloigné de pelouses pendant une dizaine de jours était en fait une blessure diplomatique visant à dissimuler une sanction prise en interne contre la star brésilienne.
A cette occasion, on a reparlé du possible transfert de Ronnie à Chelsea ou à Milan. Pour qu’il prenne la meilleure décision, il convient juste de lui rappeler qu’à Milanello, les Rossoneri s’entraînent en moyenne 8 heures par jour. Ce bougre de fêtard aura tôt fait de comprendre où est son intérêt !
Autre élement de poids dans la cabale musculaire culé : le calendrier, en particulier pour les internationaux, qui ont rarement l’occasion de souffler (sauf quand ils sont blessés, cela va de soi). Il faut dire que les Messi, Abidal et autre Deco, titulaires dans leur club et systématiquement convoqués avec leur sélection, disputeront cette saison près d’une soixantaine de matchs.
D’ailleurs, histoire de mettre un peu de l’huile sur le feu allumé par Arsène Wenger et ses petits potes pyromanes, tous les blessés de ce début de saison sont des internationaux. Du coup, après le retour sur une jambe de Leo Messi suite à un match amical disputé en Australie qui l’avait privé de la rencontre contre Osasuna, la voix de Joan Laporta s’est ajoutée à celles de Jean-Michel Aulas et sa bande de voyous du G14 pour dénoncer l’absence de compensation financière et les risques de blessure quand un joueur est convoqué en équipe nationale. Une vieille rengaine désormais.
Mais dites voir, et si tout ça c’était la faute à pas de chance finalement ? C’est possible aussi. Quoi qu’il en soit, et bien qu’il n’y ait aucun rapport, au fur et à mesure que son infirmerie se remplit, le Barça monte en régime. Allez comprendre…
Jonathan Rodriguez
Par