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Laurent Blanc, je crois que bon, c’est un choix par défaut

Par Mathieu Faure
5 minutes
Laurent Blanc, je crois que bon, c’est un choix par défaut

Arsène Wenger, puis José Mourinho, puis Rafael Benítez, puis Guus Hiddink, puis Michael Laudrup, puis Fabio Capello, puis Frank Rijkaard. Oui mais non, ça sera finalement Laurent Blanc, chômeur depuis un an et motivé pour reprendre n'importe quel banc de touche l'année prochaine. C'est l'arrivée d'un homme que la nation entière a célébré comme un génie quand il a repris l'équipe de France en 2010 avant de devenir le trente-septième choix du champion de France deux ans plus tard. Drôle de trajectoire.

« Le football me manque vraiment. Après, pour ce qui est de l’environnement du football, je ne peux pas en dire autant. Je suis attentif à tout, je regarde beaucoup de matchs… Les matchs me manquent, le football me manque, le jeu me manque, les joueurs me manquent aussi, mais tout ce bruit autour, non. (…) J’ai envie d’entraîner un club. Je veux relever un challenge, avoir des ambitions et du temps, même si, en football, le temps, on sait ce que ça veut dire. Je ne parle pas de cinq ans, de quatre ou de trois. Mais un peu quand même. » C’était le mois dernier dans les colonnes de L’Équipe. À cette époque, Laurent Blanc pointait encore à pôle emploi entre deux parcours de golf avec son ami Antoine Kombouaré. Aujourd’hui, Laurent « je crois que bon » Blanc est vraisemblablement le nouvel entraîneur du PSG pour une durée de deux ans. Après un mois de n’importe quoi médiatique et sportif, le club de la capitale a enfin dégoté son coach, non sans avoir essuyé une dizaine de refus au quatre coins de l’Europe. Pourtant, à l’exception de certains proches de l’homme à la touillette (Christophe Dugarry, Pierre Ménès et Guy Roux), la nomination de l’ancien coach des Girondins de Bordeaux ne fait rêver personne au sein des fans du PSG. En même temps, on leur avait promis Miss Univers et il se retrouve dans le lit avec la première Dauphine de Miss Beaujolais. Celle qui rentre le ventre quand elle défile…

Difficile de savoir comment le projet va se mettre en place avec Laurent Blanc. Le mec arrive quand même dans un club où il est clairement un choix par défaut. Avant lui, ils sont pas moins d’une demi-douzaine à avoir dit non. Et des mecs pas franchement meilleurs que lui sur le CV (coucou Michael Laudrup). Mieux, la nomination de Rudi Garcia à la tête de l’AS Roma n’a pas eu lieu à la suite du refus de Laurent Blanc, mais plutôt parce que le Cévénol était loin de faire l’unanimité dans la ville éternelle. Donc voilà Blanc à la tête du PSG pour prendre la relève de Carlo Ancelotti. Selon toute logique, Jean-Louis Gasset devrait suivre et former avec Claude Makelele un triumvirat français à la tête du club. Un choix qui devrait faire fermer quelques gueules. Cela étant dit, les doutes qui entourent la nomination de Blanc sont très intéressants. Lorsqu’il prend la tête des Bleus au soir du fiasco de Knysna en 2010, le Président est attendu comme le messie. Il est l’incarnation d’une certaine idée du football français qui gagne (France 1998, Bordeaux 2009) et, plus important, du beau jeu. Son Bordeaux était séduisant, appétissant, bandant même. Il a donné à la France Gourcuff, par exemple. Une bouffée d’air frais. Mieux, durant sa brillante carrière de joueur (Inter, Naples, Barcelone, Manchester United, Auxerre, Montpellier et Marseille), on a souvent avancé que le défenseur ferait un très brillant entraîneur. Sir Alex Ferguson le premier. Tout sauf un escroc. Finalement, comment en arrive-t-on à ce scepticisme ?

L’Euro 2012, cette gestion foireuse

Le problème, c’est l’Euro 2012 en fait. Arrivé à la tête des Bleus pour redorer le blason de l’équipe de France, Laurent Blanc a parfaitement géré son affaire jusqu’à l’Euro. Ce n’est pas tant sportivement qu’il s’est mangé en Pologne et en Ukraine (bouffé par l’Espagne en quart de finale, le futur vainqueur), c’est surtout sa manière de gérer, ou plutôt de ne pas gérer les hommes qui lui a valu la peine capitale. Des insultes de Samir Nasri envers la presse au comportement global de Jérémy Ménez en passant par la diva Patrice Évra, Blanc n’a jamais réussi à cadrer ses mecs. On a senti un homme incapable de prendre la température d’un groupe ni même de l’infléchir dans un sens, ou dans l’autre. Dès lors, quand un type n’arrive pas à gérer le comportement d’un Nasri, est-il capable de se coltiner un Ibrahimović ? On se le demande. Enfin, on aime se le demander. À vrai dire, personne n’a émis de doute sur la capacité d’un Guardiola à gérer le vestiaire du Barça quand il a pris en main l’équipe la première fois. Bref, passons.

Mais bon, la France est un pays qui aime dire non. Ce n’est pas Diam’s qui dirait le contraire. Problème de génération. En se voyant confier le volant du champion de France, blindé de thunes et d’ambitions, Laurent Blanc ne restera pas très longtemps dans l’ombre. C’est le moment de voir ce que l’homme a vraiment dans le bide. On va voir où il en est. Certains disent que même Gilbert Montagné aurait gagné le championnat de France avec cette équipe-là (histoire de limiter au maximum l’influence de Carlo Ancelotti). Maintenant, on va savoir.

Une promesse ?

Reste à l’homme à se faire une place dans un univers de chiens. À la base, Blanc voulait simplement retrouver un banc de touche. Le voilà sur le banc le plus brûlant de Ligue 1, où personne n’avait vraiment fait de lui une priorité. Au Qatar, on voulait du beau jeu, des noms et des stars. Pour le moment, les stars sont là. La nomination de Laurent Blanc ne devrait pas inciter les cadres à aller voir ailleurs. On aime à penser, par exemple, qu’un défenseur de la classe mondiale de Thiago Silva a dû voir quelques matchs du Président dans sa jeunesse, quand celui-ci gambadait encore sur le pré. Et puis Lolo Blanc, c’est un mec qui a commencé numéro 10 avant de reculer. C’est l’envie de bien jouer. En fait, Laurent Blanc, c’est une promesse. Mais à un moment donné, on a envie de voir le passage à l’acte.

Alors Laurent, bienvenue. Tu ne vas sans doute pas rester très longtemps sur le banc du PSG (six mois, un an, deux ans, qui sait…), mais tu as la chance d’avoir un banc, des moyens et une belle équipe sous la main. Tout le monde ne peut pas en dire autant. Maintenant, on va te regarder. Tu as un mercato brûlant à gérer et des sceptiques à convaincre. Par rapport à ton prédécesseur, tu pars déjà avec un énorme avantage, tu ne te feras pas allumer lors du Canal Football Club quand Pierre Ménès prendra la parole. En France, c’est énorme. Tu vas voir…

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