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La multipropriété, l’avenir du football ?

Par Pierre Rondeau
La multipropriété, l’avenir du football ?

Pendant que le Qatar se positionne pour racheter Manchester United, l’UEFA réfléchit à faire évoluer son règlement et à lâcher du lest concernant la multipropriété. Aujourd’hui interdite et contrôlée, sa remise en cause risquerait pourtant de bouleverser durablement le football.

C’est une déclaration qui a eu le mérite de faire réagir. Interrogé jeudi dernier par la presse anglaise, le président de l’UEFA, Aleksander Ceferin, a avoué réfléchir à une révision du règlement sur la multipropriété. Actuellement, ce principe est interdit à échelon européen. Autrement dit, un même propriétaire n’a pas le droit de détenir plusieurs clubs participants à une compétition continentale. Les Emiratis de City Group, par exemple, peuvent détenir Manchester City en Angleterre et l’ESTAC en France tant que les deux n’évoluent pas en même temps en coupe d’Europe. Le but est d’éviter la concurrence déloyale et l’entente sportive tacite.

C’est d’ailleurs l’un des points soulevés par Ceferin, lors de son interview. « C’est vrai que si vous êtes le propriétaire de deux clubs qui jouent dans la même compétition, vous pouvez dire à l’un des deux de perdre parce que vous voulez que l’autre gagne. » Mais comme l’avocat slovène semble vouloir faire évoluer cette spécificité, il ajoute « qu’en tant que joueur, pensez-vous que c’est facile de le faire ? Et pensez-vous qu’il est facile de dire à un coach de perdre le match parce que vous voulez que l’autre gagne ? » Selon lui, « on doit parler de ces règles et voir ce que l’on fait à ce sujet-là. […] Il y a de plus en plus d’intérêt dans la multipropriété. On ne doit pas juste dire non aux investissements pour des cas de multipropriété, mais on doit décider quelles règles on veut mettre en place dans ces cas-là, parce que les règles doivent être strictes. »

Les risques de la multipropriété

Depuis la volonté affichée du Qatar de se payer Manchester United, en plus du Paris Saint-Germain, c’est tout le débat de la multipropriété qui est relancé. D’autant plus que le groupe INEOS, déjà propriétaire de l’OGC Nice, qualifié en Ligue Europa Conférence, s’est aussi positionné. Ajoutez à cela City Group, qui pourrait avoir l’ambition de faire croître l’ESTAC, tout en maintenant au sommet Manchester City. Ou encore le groupe Red Bull qui, grâce à une pirouette juridique, contrôle à la fois Salzbourg et Leipzig. Ce système commence à prendre beaucoup d’importance et le lancement d’un débat par l’UEFA risquerait de bouleverser les choses.

En ouvrant la voie à la multipropriété, on altère durablement la concurrence, l’équité et l’équilibre compétitif, on permet à des groupes financiers, à des institutions, à des fonds d’investissement, de prendre possession de plusieurs clubs et de les faire s’affronter conjointement. On officialise des intérêts pécuniaires et mercantiles en imposant une comptabilité globale, basée sur le seul intérêt du résultat, on bloque la libre circulation des joueurs en leur imposant d’évoluer seulement dans les clubs d’une même famille, on altère l’intensité compétitive en permettant aux « clubs satellites » de grandir sportivement par la mise à disposition des joueurs des clubs associés, on biaise les équilibres du marché en laissant des ententes entre les parties, entre les acheteurs et les vendeurs. De plus, il n’est pas garanti que les supporters soient partisans d’une telle démarche, préférant plutôt que le propriétaire ou les actionnaires consacrent l’intégralité des moyens à leur club et non pas un partage équitable entre l’ensemble des membres du groupe.

Un débat ouvert avant le cas Manchester United

Pour autant, la remise en cause de l’interdiction de la multipropriété européenne est depuis longtemps posée. En 2019, lors d’un petit-déjeuner organisé par un dirigeant d’un club historique français, auquel on a pu participer, la question de l’avenir du football avait été posée. C’était avant le covid19, avant le retrait de Mediapro, avant la faillite des droits TV, et le président n’avait qu’un mot à la bouche, « la fin de la multipropriété ». Pour lui, le football du futur sera le football des super-franchises, où des groupes tout-puissants dirigeront plusieurs équipes et s’affronteront dans des divisions européennes séparées, afin d’éviter une atteinte à la concurrence. En imaginant le football de 2050, il voyait plusieurs divisions européennes, entre une Premier Super League, réunissant les 20 ou 30 meilleurs clubs du continent, et derrière, deux ou trois compétitions, avec des équipes de second rang détenues par des groupes, comme City Group, QSI, Red Bull ou INEOS. « Comme ça, l’intérêt économique sera garanti et l’intérêt sportif protégé. (…) Les clubs maintiendront leur devoir de formation, les gros prêteront leurs jeunes éléments aux équipes des divisions inférieures et assureront leur formation. Et les meilleurs iraient évoluer en première division. […] Ça n’est pas vraiment le football que je veux, mais si je devais imaginer le football en 2050, il ressemblerait à ça ». Une vision de l’avenir ?

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