- Amical
- Espagne-Colombie (2-2)
La Colombie fait suer l’Espagne
Dur, dur, de se départager dans la moiteur espagnole. La rencontre entre la Roja et la Colombie fut d'abord molle, puis engagée, peut-être trop, et se termine finalement sur un match nul des plus logiques. Mais avec grand-père Reina aux cages, il faut croire que Lopetegui cherchait les ennuis...
Espagne 2-2 Colombie
Buts : Silva (22e) et Morata (87e) pour l’Espagne // Cardona (40e) et Falcao (55e) pour la Colombie
L’histoire est connue, mais on la pensait prendre fin : depuis que José Pékerman a pris en main la sélection colombienne en 2012, les Pekeros n’ont jamais perdu face à une sélection européenne. Quatre victoires et un nul censés représenter peau de chagrin face à une Espagne en pleine reconquête, qui s’est pourtant heurtée ce soir à un mur d’envie sud-américain. On repassera pour la technique, l’important est conservé. Aucun vainqueur au jeu de l’attaquant et du contreur, un match qui confirme que oui, la Colombie peut aussi résister face aux gros poissons. Et que non, l’Espagne n’a pas réglé tous ses problèmes.
L’appétit vient en mangeant, l’intensité aussi
À quoi reconnaît-on un match amical ? Aux formations respectives d’abord, au rythme du match ensuite, puis à l’intensité des duels enfin. Prenons les choses dans l’ordre : côté espagnol, Pepe Reina est titulaire dans les cages, tout comme Nacho en défense, Illarramendi au milieu et Iago Aspas en pointe. En gros, un joker par ligne. Et si Julen Lopetegui a décidé de faire tourner, le constat est tant valable sur la feuille de match que sur le terrain. Face à un trio d’attaque James-Falcao-Cuadrado qui n’est dangereux que sur contres, la Roja déploie son habituel jeu de passes un poil moins transcendant que, par exemple, face à la France en mars dernier. Une certaine mollesse qui n’empêche pas David Silva d’obtenir quasiment d’entrée de jeu une triple occasion face à Ospina, qui gère bien l’assaut tout mou (11e). Le jeu penche à droite des deux côtés, et ce sont les Colombiens qui craquent en premier : trouvé par Aspas sur l’aile, Pedro, en bout de course, décoche un centre pour le pied gauche de Silva, qui marque là son 31e but en sélection (22e).
C’est de ce même Pedro que viendra un centre quelques minutes plus tard, repris d’une madjer bien présomptueuse par Iago Aspas (29e). La Colombie prend progressivement pied à mesure que les esprits s’échauffent, symbolisé par d’idiots et sempiternels tacles agressifs d’Alba et Silva, étrangement chauds. C’est justement à la suite d’une énième embrouille que Reina manque de communication avec Piqué et Azpilicueta sur un ballon anodin, flottement dont profite Cardona, qui lobe habilement le portier dénué de langue et de cheveux (40e). Le résumé d’une bien bizarre première période : amicale au départ, martiale ensuite.
Égalisation de dernière minute
Le début de seconde mi-temps a l’avantage de donner la possibilité d’introduire un nouvel élément substantif à tout bon match amical : les remplacements. Les Pekeros ne font sortir qu’une unité, mais l’Espagne effectue trois changements, sûrement en vue de dégourdir les jambes de Morata avant un match décisif en Macédoine dans quatre jours. Conséquence : la Roja domine. Domine… mais ne marque pas. Pire, Falcao donne l’avantage aux siens d’une tête claquée sur corner, alors que la Colombie ne touche pas une bille (55e). Ce n’est pourtant pas faute d’essayer : Saúl Ñíguez d’entrée (46e), Aspas sur cette frappe trop molle (54e), Koke sur coup franc (60e), Asensio puis Morata (63e)…
En se contentant d’un bon pressing et de folles courses vers l’avant lorsque l’occasion se présente, les hommes en jaune conservent l’essentiel, et tant pis pour la technique. Gagner, c’est s’adapter aux forces en présence, pas vrai ? Pablo Armero, très en vue ce soir, se permet même quelques montées plus tranchées en fin de rencontre, histoire de montrer qu’il en reste sous la semelle. Peut-être un peu trop : ironie du sort, c’est sur contre-attaque que viendra l’égalisation espagnole, d’une belle tête décroisée de Morata (87e). L’Espagne et la Colombie ne se quittent peut-être pas bons amis, mais au moins, Pékerman pourra encore se la ramener en soirée.
Par Théo Denmat