L2 – Rage against the Racing

Le Stade de la Meinau a ceci de charmant qu’il possède encore des secteurs vierges de toute place assise. Pour y prendre place, il faut se munir d’un billet en tribune “Populaire debout”, le tout pour la modique somme de 4.50 E en tarif réduit. Loin, bien loin, des tarifs pratiqués en Ligue 1.

Avant le coup d’envoi, c’est autour d’une saucisse et d’une bière que l’on refait le monde. On parle de football, un peu, d’histoires de fesses, beaucoup, mais c’est surtout l’affaire Belghazouani qui fait jaser les supporters.

Chahir Belghazouani facture les 22 printemps, est né en Corse, a passé quatre saisons à Grenoble, puis joué trois matchs avec le Dynamo Kiev avant d’être prêté au RCS. Un début de saison prometteur avec le Racing, une belle technique, un but et deux passes décisives, mais surtout un clip de rap foireux d’un groupe local mettant notamment en scène la séquestration d’un policier agrémenté de femmes tenues en laisse. Chahir n’y joue pas le rôle principal et n’apparaît que furtivement avec sa tête de beau gosse. Suffisant pour s’attirer les foudres de son club, qui décide illico de le licencier, non sans polémique.

C’est donc en s’auto-amputant d’un de ses meilleurs éléments que le Racing accueillait hier un autre Racing, avec comme objectif de retrouver la victoire après n’avoir récolté que deux points lors de ses trois derniers matches. De son côté, Lens se présentait à la Meinau pour récupérer la première place et éviter de laisser devant un surprenant Boulogne.

Hier soir, le stade était presque rempli. Bon, c’est vrai, ce n’était pas non plus du guichets fermés. Il faut dire qu’une fois encore, la Ligue avait eu la bonne idée de faire jouer cette rencontre un lundi soir, Eurosport oblige. Une initiative évidemment saluée chaleureusement par les ultras des deux camps, ravis de ne pas pouvoir aller faire la bringue après le coup de sifflet final.

Dans les tribunes, l’ambiance est quand même au rendez-vous. Les chants strasbourgeois sont imprégnés d’une certaine couleur locale : quand Maoulida se fait exclure, il est raccompagné au vestiaire par des « Auf wiedersehen » ; quand il s’agit de pousser son équipe, c’est tout le virage qui se met à scander « Jetzt geht’s los » , « Let’s go » à la sauce alsacienne. Et si le RCS avait gagné, on aurait entendu des « Es ist so schön » , « C’est tellement beau » .

Seulement voilà, les locaux n’ont pas réussi à surpasser un adversaire alors même qu’ils étaient en supériorité numérique pendant plus d’une heure. Un 0-0 à la mi-temps, peu d’occasions, Shereni qui décide de payer son but de la tête à la 58 ème minute avant que Lens n’égalise sur un but de Sartre, toujours de la tête.

De la déception, forcément, côté locaux, avant de recevoir Tours dès vendredi : « Nous avons joué petit bras » , du JM Furlan dans le texte. Mais c’est déjà le déplacement chez le voisin messin que l’on prépare, histoire de rappeler à tout le monde que « le plus grand club de l’Est, c’est le RCS » .

Qu’importe : « Demain, un Alsacien deviendra peut-être président des Etats-Unis » , se marre un vieux supporter qui en a vu d’autres. Que pèse un simple match face au poids de l’Histoire ?

Par Lucas Duvernet-Coppola, au Stade de la Meinau à Strasbourg, avec Paul Bartolucci