Étant jeune, tu n’étais pas vraiment fan de foot : il y avait un peu de judo et de bagarre, c’est ça ?
Ouais, c’était plus la bagarre. Quand t’es petit, t’as des jeux stupides : tu veux être le plus fort, etc. Puis en maternelle, ma maîtresse a dit à mes parents que je faisais trop de trucs, donc il fallait trouver quelque chose qui pourrait canaliser mon énergie. Donc ils m’ont inscrit au judo, mais c’était un peu nul (rires) : on court pas, c’est pas comme si je faisais du sport, pour moi. En plus au début, c’est plus du placement que des prises. Mon père m’a ensuite mis au foot quand j’ai eu l’âge.
Ton père, fan de foot, et qui t’a donné un prénom de footballeur… Qu’est-ce qu’il t’a dit sur ce joueur, Johan Neeskens ?
Il m’a dit que c’était un très bon joueur, qu’il avait une bonne frappe et qu’il avait mis de beaux buts, c’était son joueur de l’époque !
Et pourquoi ne pas t’avoir appelé simplement Johan ?
Peut-être parce qu’il y en avait déjà plein…
Ce serait un rêve de le rencontrer ?
Boh, un rêve… Voilà, moi, j’ai grandi avec ce prénom, donc quand on dit Neeskens, c’est moi, c’est pas l’autre ! Mais si je le rencontre, tant mieux.
Tu es un vrai Parisien de banlieue, ça se définit comment pour toi ?
Vu de l’extérieur, les gens pensent que les Parisiens se la racontent un peu, sont machos, mal élevés… Mais ça, c’est les clichés. De l’intérieur, je peux vous dire qu’il y a une très bonne ambiance, une entraide énorme… J’en garde vraiment de grands souvenirs. Même pendant les vacances, on jouait au foot, tous les jours. C’est ça, Paris !
À 14 ans, tu passes d’un club de banlieue au Paris Saint-Germain où tu entres dans les équipes de jeunes. Tu côtoyais déjà des futurs grands joueurs au centre de formation ?
C’est assez tard que je me suis retrouvé avec Loïck Landre, Alphonse Areola ou Jean-Christophe Bahebeck… Rabiot est arrivé par la suite.
Ta première entrée en jeu en équipe première du PSG, à 18 ans, te fait passer du rêve à une fameuse déception…
C’était un moment attendu, mais que j’appréhendais également. Moi, j’avais 18 ans quand j’ai intégré le groupe pro en janvier 2011 et que j’ai connu ma première entrée en jeu contre Martigues. Ça s’est bien passé, j’ai même marqué un but de la tête, mais on me l’a enlevé, soi-disant parce que j’avais fait une faute. Après le match, j’avais les yeux grands ouverts…
Le mois de février qui suit est bien rempli, vu que tu touches à toutes les Coupes possibles…
J’entre contre le BATE Borisov en Ligue Europa, j’arrive à faire quelques gestes, c’était vraiment très bien. De là, mon nom a commencé à circuler au PSG, je suis entré contre Le Mans en Coupe de la Ligue et j’ai marqué, tout comme Bahebeck d’ailleurs.
À ce moment-là, tu te dis quoi ?
Là, je me dis : « Ouais, je suis dans le bon. » Après quelques autres apparitions, Kombouaré vient me voir avant un match contre Saint-Étienne et me dit : « Tu vas commencer ! » J’étais un peu fatigué après un match de sélection, mais je ne pouvais pas lui dire : « Coach, ça va pas trop, je préfère pas… » J’ai essayé de faire mon match, mais ça ne s’est pas bien passé, j’ai raté des choses faciles, et je suis sorti à la mi-temps sans un mot du coach. Je m’en souviendrai toute ma vie parce que j’étais sur un petit nuage, et là, je suis tombé de haut.
Tu n’as plus joué après ?
C’était le dernier match de championnat. Après, j’ai signé mon contrat pro et il y a eu l’arrivée de Qatar Sports je sais pas quoi, là. En fait, la première recrue sous l’air qatarie, c’est moi.
Tu penses que s’ils ne viennent pas, tu as ta chance au PSG ?
Bien sûr, vu que dès leur arrivée, sept nouveaux joueurs ont débarqué, puis en janvier deux autres : Maxwell et Thiago Motta.
C’est quand même au PSG que tu as rencontré le joueur le plus technique avec qui tu aies joué… et ce n’est pas celui qu’on croit ?
Non, c’était Bodmer, c’était grave ! Il est un peu nonchalant, il a une gestuelle particulière, mais il est trop technique. On peut s’en apercevoir quand on regarde certains de ses matchs : avec Lille contre le Milan AC par exemple. D’ailleurs, quand Ancelotti est arrivé au PSG, il se souvenait de lui, je crois. Mais Bodmer, j’ai fait deux-trois ans avec lui, je l’ai peut-être vu rater deux contrôles maximum.
Comment as-tu quitté le club ?
J’ai encore fait deux entrées en Ligue Europa, puis je n’ai plus eu de nouvelles. Il y avait certaines stars à faire jouer et j’ai disparu de la circulation. J’ai donc été prêté à Caen où j’ai joué milieu droit – alors que je suis soutien d’attaque – avant de me blesser. C’est à la fin de cette saison-là que je me suis dit qu’il fallait que je trouve un club qui me fasse confiance à ma vraie place.
Mais entre nous, quand tu appartiens au PSG, la Jupiler League et Charleroi, ça ne fait pas rêver…
Bien sûr, PSG et Charleroi, c’est vraiment à l’opposé. Quand certains supporters du PSG que je connaissais ont appris ma nouvelle destination, ils ont dit : « Ouais, pour lui, c’est la fin, il peut arrêter le foot ! » Mais après, je me suis dit que si je jouais au foot, c’était pour le plaisir. Au PSG, j’aurais gagné de l’argent, alors qu’à Charleroi, j’avais une assurance de jouer. Je ne dis pas que ça a été facile, parce qu’au début, en arrivant ici, j’étais remplaçant.
Contrairement à Rabiot ou Bahebeck, tu as donc privilégié l’aspect sportif…
Au final, on verra la différence entre un mec qui a essayé de sortir du cocon familial pour faire ses preuves ailleurs et un mec qui a voulu rester pour se faire sa place dans un groupe quasi impossible à intégrer. Impossible parce que le PSG, c’est comme une famille qui a beaucoup d’argent : s’ils cassent un truc, allez hop on en rachète un autre.
Tu te retrouves donc à Charleroi. Est-ce qu’il existe ne serait-ce qu’un point commun avec Paris ?
Les supporters, ils sont chauds ! Même si à Paris, ils l’étaient bien plus avant.
La saison passée, tu t’es rendu célèbre avec une contre-attaque de 80m que tu effectues presque seul avant de conclure… de la tête.
Mais ça s’est mal terminé : je me suis pris le gardien qui m’a tapé dans l’épaule. Dans ces cas-là, tu ne célèbres pas ton but, tu te dis que t’as mal ! (rires)
Depuis deux ans en Belgique, tu as vraiment fait ton trou, c’est un championnat qui te convient ?
Quand on est en France, on n’a pas un œil sur le championnat belge. Pourtant, quand je vois les matchs amicaux d’avant-saison : Gand a battu Bordeaux 4-3, Nice a perdu contre Zulte je pense… Il y a du niveau, ce n’est pas un championnat à prendre à la légère, et c’est une erreur que les Français font souvent.
Il y a quand même deux soucis pour toi en Belgique : tu n’aimes ni l’hiver ni les frites !
Ouais, maintenant l’hiver, c’est comme partout. Et puis les frites de Belgique, c’est pas comme en France, elles sont meilleures ici (rires).
Kaaris, Neyo, Rick Ross, La Fouine, Booba, Rohff… Allez, y a pas un truc hors rap que tu peux citer ?
Ouais, y a pas que ça, j’écoute aussi du zouk, c’est carrément différent. Un mec qui écoute du rap, c’est un peu « Ouaiiiis Ouooo ! » (voix grave) Un mec qui écoute du zouk, c’est plus « Ouiii nanana » (voix aiguë).
Balles de tennis et invasion du terrain : les supporters de Reading en colère contre leur propriétaire