Karim Haggui : «Comme un traumatisme»
Passé par Strasbourg au cœur des années 2000, l'international tunisien Karim Haggui désosse, aujourd'hui, de l'avant-centre de l'autre côté du Rhin, à Leverkusen. Après une bonne première saison au sein de la Werkself («l'équipe de l'usine» dans la langue de Horst Tappert), l'ancien central de l'Etoile du Sahel a surtout ciré le banc lors de la phase aller du championnat d'Allemagne. Rien de tel qu'un stage dans le sud européen (une vieille manie teutonne) pour se requinquer...
Alors, Karim, ce séjour au soleil ? Comme presque toutes les équipes allemandes, on fait un stage là où il est censé faire chaud, dans le Sud. Pour notre part, les dirigeants du Bayer ont opté pour la Turquie. Comme le Werder Brême, on y a joué la Radyospor Cup où on a battu Galatasaray en demi-finale (3/1) et une autre équipe turque, Bursaspor, en finale. Le seul hic, c’est qu’on a eu un blessé et cela a peu attristé la fin du séjour.
C’est à dire ? Notre tout jeune attaquant de 18 ans, Richard Sukuta-Pasu, a fini à l’hosto. Cela n’a pas l’air d’être trop grave mais on ne sait jamais. 2009 promettait d’être une grande année pour lui. Il faut dire que l’an dernier, il avait passé 87 jours en tout avec l’équipe d’Allemagne des moins de 19 ans. Il jouait aussi avec les Espoirs et l’équipe de son sports-études. Rien que ça. Jusqu’à maintenant, depuis le début de saison, il n’a joué que…4 minutes avec nous lors d’une défaite contre Hambourg (2/3). En 2009, la DFB (la Fédération allemande) avait promis de le laisser à la dispo de son club. Alors s’il se blesse maintenant…
Sinon, comment s’est passé le stage ? Rudi Völler et Michael Reschke, le directeur sportif, ne pouvaient envisager qu’il allait pleuvoir dans le Belek (région réservée au tourisme archi friqué où il n’y a rien à voir à part des hôtels haut de gamme et des boutiques idem ; à part ça, c’est le paradis des golfeurs, Ndlr). C’est pourtant ce qu’il s’est passé au début. Le camp du Bayer 04 sur la “Turkish Riviera”, comme ils disent, s’est déroulé dans une ambiance bon enfant après dix jours de dur labeur. Les joueurs qui avaient affronté Galatasaray en demi-finale de la Radyospor Cup ont eu droit à un break. Ceux qui devaient affronter Bursaspor en finale avaient droit à un footing copieux et à des étirements le matin et à des après-midis de repos. Les autres ont eu droit à des sessions d’entraînement plus légères. Certains joueurs, principalement des Allemands, en ont profité pour jouer au golf. Perso, j’ai horreur de ça. Alors avec Sascha Dum, Theofanis Gekas et Bernd Schneider, on passait notre temps à se promener, quand ils n’étaient pas légèrement grippés, il n’y avait que ça à faire.
Le coach Labaddia vous a donné du temps de jeu pendant la Radyospor cup ? J’ai joué une mi-temps contre le Galatasaray et puis c’est tout. Lukas Sinkiewicz, le titulaire habituel du poste, m’a remplacé. Faut dire qu’il revenait de blessure. Ensuite, la paire qu’il compose avec Friedrich s’est révélée impitoyable, il faut dire, contre Bursaspor. On menait 2/0 à la mi-temps et on aurait dû se rendre la tâche facile au lieu de quoi on a encaissé un but. L’entraîneur a alors fait tourner son effectif : Henrique, Zdebel, Schwegler et Djakpa sont rentrés mais pas moi.
La Werkself va bientôt jouer dans une nouvelle enceinte futuriste ? Un nouveau chapitre de la vie du Bayer Leverkusen va voir le jour lors de cette fin janvier 2009 puisque nous jouerons tous nos matchs à domicile de la phase retour à la LTU Arena de Düsseldorf puisque l’ancienne Bay Arena (1) est en travaux jusqu’à l’été prochain. On commencera par un match de coupe contre Energie Cottbus avant de recevoir Stuttgart. D’habitude, c’est l’enceinte du Fortuna Düsseldorf, elle contient 50 000 spectateurs et, personnellement, j’y ai vu des concerts et du football américain en version NFL Europe. Sinon, en ville, tout le monde s’excite car la LTU Arena est vraiment flashy avec ses tribunes transparentes et son toit rétractable. Le voyage vers Düsseldorf implique aussi pour les fans qu’ils verront bientôt la nouvelle BayArena (Ndlr : qui passera de 22 à 30 000).
Depuis la saison passée, vous devez vous racheter vis à vis de vos supporters ? On a une dette par rapport à eux, c’est sûr ! On a perdu un nombre incroyable de matchs, sept dans les dix dernières rencontres, je crois, contre des équipes mal classées, malgré un très bon départ, et les fans étaient comme fous. Toute la ville, tout le club l’ont vécu comme un traumatisme ! Résultat : on a perdu la qualification pour l’Europe au dernier match contre le Herta Berlin et les ultras se sont mis à brûler leurs maillots et à les jeter sur la pelouse. On a terminé septièmes et Michael Skibbe, notre coach, aujourd’hui à Galatasaray, a été viré.
La phase retour ? A la trêve, on est cinquièmes, à trois points des deux leaders Hoffenheim et le Bayern, le Hertha et Hambourg sont juste un point devant nous. A mon sens, le titre se jouera entre ces cinq équipes-là. Je ne crois pas que le Borussia Dortmund, qu’on visitera à la reprise (le week-end prochain, Ndlr), et qui se situe à trois points derrière nous, puisse faire la nique à cinq équipes à la fois. En même temps, on aura fort à faire car tout le monde se tient dans un mouchoir de poche. Les plus anciens racontent que la densité en Bundesliga n’a jamais été si forte, que tout le monde s’en voit (sic) pour gagner un match… Hambourg, par exemple, dont presque tout le monde en Allemagne pense qu’elle a de loin le meilleur collectif, n’arrive pas à faire la différence malgré un début très prometteur.
Propos recueillis par Gerben Karstens
(1) : Initialement la BayArena devait faire partie du programme Coupe du monde 2006 mais comme la Fifa exigeait qu’elle puisse accueillir 40 000 spectateurs, les dirigeants du Bayer ont préféré s’abstenir. En septembre, la nouvelle BayArena contiendra 30 000 places.
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