Jean-Mimi et ses têtes de Turc
Jean-Michel Larqué ne peut commenter un match sans s'en prendre à un joueur en particulier. Adebayor est sa dernière victime en date, passée au broyeur de TF1, il y a deux semaines. Si Emmanuel Adebayor est le type de joueur à enregistrer ses performances au magnétoscope, il a dû être choqué au moment de revoir son match contre le Lokomotiv Moscou. Lors du huitième de finale retour de Champion's League, le jeune Togolais est un peu passé au travers : le Larqué, lui, ne l'a pas loupé. Retour sur la soirée...
Un match sévère : tacles à la carotide, poussettes dans le dos du micro, éructations et moues désobligeantes, un vrai Larqué de Champion’s League. Du premier contrôle raté à la dernière remise foirée, Jean-Michel a pourri Adebayor devant la France entière. Vers le milieu de la deuxième mi-temps, l’ancien Vert n’en pouvait même carrément plus : sur une ènième cagade d’Adebayor, il ne sut réprimer un ‘pfff’ méprisant. Heureusement, Deschamps sortit prématurément Adebayor, et le commentateur se remit à respirer normalement. Nous aussi.
Avant de se jeter dans la Méditerranée, Emmanuel Adebayor peut être rassuré : si l’un de ses coéquipiers – jeune de préférence – avait raté le premier contrôle de la partie à sa place, c’est lui qui se serait fait insulter 90 minutes durant. Emmanuel aurait alors pu vendanger tranquille. Le Larqué est comme ça, après tout : Vieux de la vieille du micro, sa vision du foot est devenue manichéenne et simpliste : un match se gagne sur un exploit personnel ( » Oh le coup du foulard d’Ibarra ! « , » Regardez-moi cette roulette de Zizou ! « ) et se perd sur la défaillance d’un seul joueur. Héros Vs Anti-Héros. Il a passé l’âge des subtilités, des joueurs qui connaissent des hauts et des bas, de la fusion dans le collectif, des erreurs de jeunesse. Désormais, il lui faut un bon et un mauvais pour dessiner la pièce de boulevard qu’il va servir aux Français le soir de match. Mais pour un type censé connaître le football, y avoir joué et avoir même entraîné en professionnel, cette attitude est quelque peu gênante. Quel éducateur aurait le culot de mettre le poids de la défaite sur les épaules d’un seul joueur ? Qui peut croire que le foot se réduit à la performance d’un seul des onze joueurs ? Larqué.A priori, Adebayor n’a rien à craindre. Pourtant, avant lui, il y eut d’autres proscrits célèbres : le plus récent demeure Vincent Candela lors de la dernière Coupe du Monde, rendu responsable de l’ensemble du parcours des Bleus parce qu’il osa quitter son poste de défenseur une fois pendant un match. Personne ne sait pas si c’est un hasard, mais Candela n’a plus été depuis rappelé en Equipe de France. Là est le plus grave : Larqué a sans doute du poids. Celui d’un ancien Vert qui dispose d’une couverture médiatique exceptionnelle. Luc Sonor a ainsi toujours rendu responsable Larqué de sa carrière avortée en Bleu. Alors tiens bon Manu et enregistre ton prochain match sur TF1 pour savoir si le vieux Larqué t’a oublié.Stéphane Régy
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