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Jean-Michel Aulas, le départ d’un visionnaire

Léna Bernard

Arrivé à la tête de l’Olympique lyonnais en 1987, Jean-Michel Aulas a été l’un des premiers en France à croire au développement du football féminin. Après avoir fait de la section féminine l’un des meilleurs clubs du monde, le président émérite peut s'en aller explorer de nouveaux horizons.

Jean-Michel Aulas, le départ d’un visionnaire

La pelouse synthétique de la Plaine des jeux de Gerland s’use un peu plus, entre le soleil du mois de juin et la répétition des courses des joueuses. Au coup de sifflet final, ce 10 juin 2007, il est presque 17 heures lorsque la section féminine de l’Olympique lyonnais est sacrée championne de France, le premier titre d’une longue série. Ce trophée, c’est celui des joueuses, bien sûr, avec un bilan phénoménal de 20 victoires, un match nul et une défaite en 22 rencontres. C’est surtout celui d’un homme, Jean-Michel Aulas, qui a fondé cette section dès l’été 2004 et qui savoure en bord de terrain les fruits de son travail, trois saisons seulement après son lancement. L’OL est alors au zénith du football français, aussi bien chez les hommes que chez les femmes. Une réussite totale.

Un projet précoce en France

Jean-Michel Aulas et le football féminin, c’est d’abord l’histoire de l’entêtement d’un précurseur, aux côtés de Louis Nicollin, dans le domaine du développement du football féminin français. La section féminine de l’Olympique lyonnais a vu le jour à l’été 2004, après l’absorption du club du FC Lyon – quatre fois championnes de France (1991, 1993, 1995 et 1998) –, avant de devenir une référence du football féminin français et européen. Camille Abily, débarquée de Montpellier à l’été 2006, raconte les premières années de ce qui allait devenir l’ogre du championnat : « On était à Tola-Vologe, la section féminine était déjà une bonne équipe parce qu’elles avaient été championnes de France avec le FC Lyon, c’est une équipe où il y avait déjà des internationales. Il y avait une envie du président de construire une équipe de très haut niveau pour gagner la Ligue des champions. Dans ses paroles, c’était déjà une envie et une volonté. »

Aulas aura fait tout son possible pour remporter la compétition reine, aussi bien concernant les moyens financiers que sportifs, comme l’explique l’internationale française aux 183 sélections : « Le président Aulas était déjà passionné, et pour nous, c’était magnifique d’avoir une personne comme lui. C’est quelqu’un qui était investi aussi bien sur le plan humain que financier, il a fait des efforts pour qu’on ait de meilleures conditions d’entraînement, pour voyager. Il avait des ambitions et il était là pour faire grandir sa section féminine, il était déjà visionnaire. » Les premiers succès viendront dès la saison 2006-2007 avec un premier championnat. Et quinze suivront. Le succès sur la scène européenne mettra plus de temps à se dessiner, puisque les Fenottes grimpent sur le toit de l’Europe en 2011 en terrassant leur bourreau de la saison précédente, le Turbine Potsdam.

Être dans le même centre d’entraînement, être à côté des garçons pour manger à la cantine et au restaurant… Il y a une vraie collaboration de tous les services. On se sent vraiment considérées et intégrées, ce n’est pas le cas dans tous les clubs.

Camille Abily

Le secret de la success story lyonnaise pour s’imposer face à ses concurrents reste sa force économique. Lyon a rapidement la possibilité d’attirer les meilleures joueuses du championnat, le club étant professionnel et offrant des garanties salariales qu’aucun autre club de D1 n’était en mesure de proposer. Un pouvoir à l’origine d’une grosse colère de Louis Nicollin à l’époque, Montpellier étant alors le grand rival des Lyonnaises chez les féminines. « Mon père l’avait eu très mauvaise quand Aulas avait décidé de reconstruire son équipe féminine et était parti chercher nos quatre internationales et meilleurs joueuses du club de l’époque : Camille Abily, Sonia Bompastor, Hoda Lattaf et Laure Lepailleur, nous racontait Laurent Nicollin, fils de et président du MHSC aujourd’hui. Je peux vous dire que mon père a tiré la tronche longtemps et n’avait pas trop apprécié. » Une autre force d’Aulas : ne faire aucune distinction entre l’équipe masculine et féminine. « Il fait tout pour les filles comme il fait tout pour les garçons, et du coup on le sent quand on arrive au sein de ce club, témoigne Abily. Être dans le même centre d’entraînement, être à côté des garçons pour manger à la cantine et au restaurant… Il y a une vraie collaboration de tous les services. On se sent vraiment considérées et intégrées, ce n’est pas le cas dans tous les clubs. C’est le beau projet qui a été mené par Jean-Michel Aulas. » Un projet qui s’est étendu avec la construction du bâtiment pour les féminines à Tola Vologe, centre d’entraînement du club, puis avec le complexe du Groupama Stadium. Derrière lui, Aulas laisse des bases très solides.

Le début d’une nouvelle ère

Aussi bien pour Jean-Michel Aulas que pour l’OL, ce nouveau chapitre marque un changement d’époque. Une passation de pouvoir, aussi, pour le premier président de club français à partir à l’assaut du football aux États-Unis avec l’achat de la franchise de Reign FC, en 2019. Cette fois, c’est un Américain, John Textor, qui a fait le chemin inverse, alors que Michèle Kang pourrait devenir l’actionnaire majoritaire de la section féminine, comme révélé par L’Équipe en avril. Pour Luc Arrondel, économiste du football et chercheur au CNRS, ce changement de cap initie une nouvelle ère pour le football féminin : « On entre dans un processus comparable à ce qu’il se passe dans le football masculin : une sorte de multipropriété des clubs. C’est un peu le monde à l’envers, puisque l’OL possédait déjà une franchise américaine : l’OL Reign. Au niveau de la structure de propriété, ça risque de changer, c’est un élément à prendre en compte. » En effet, Michèle Kang est déjà propriétaire de la franchise des Washington Spirit, une situation qui pourrait rebattre les cartes pour le club rhodanien, même s’il n’y a pas d’inquiétudes économiques majeures. « Si l’OL garde le budget qu’il a actuellement, tout devrait bien aller, ajoute-t-il. Si on regarde les budgets cumulés de l’OL et du PSG, c’est pratiquement 70% du budget total de la D1 Arkema. En France, on a deux gros clubs et le reste qui est un petit peu à la traîne. Maintenant, ce qu’il faut prendre en compte, c’est la concurrence des autres ligues européennes, notamment la ligue anglaise, et puis récemment, on a assisté à la professionnalisation de la ligue italienne et de la ligue espagnole. » Une structure de propriété chamboulée, mais un poids économique et sportif toujours aussi important.

On entre dans un processus comparable à ce qu’il se passe dans le football masculin : une sorte de multipropriété des clubs. C’est un peu le monde à l’envers, puisque l’OL possédait déjà une franchise américaine : l’OL Reign. Au niveau de la structure de propriété ça risque de changer, c’est un élément à prendre en compte.

Luc Arrondel, économiste

L’avenir de Jean-Michel Aulas se trouve peut-être maintenant dans les instances du football hexagonal. « C’est une page de l’histoire de la Ligue 1 qui se tourne, même si Jean-Michel sera par ailleurs toujours très présent dans la gouvernance du football français », rappelait Vincent Labrune, président de la LFP, au micro de RMC Sport. Sans aucun doute, il devrait tout de même garder un œil sur le club de sa ville et de sa vie, dont il a été nommé président d’honneur. C’est en tout cas ce qu’a affirmé John Textor en conférence de presse : « Il va continuer à être actionnaire et administrateur au sein du conseil d’administration. Il sera très présent dans l’équipe. […] Je compte encore sur lui, notre collaboration va se poursuivre. » Camille Abily pense que la figure rhodanienne peut encore apporter du positif au foot féminin : « Je sais qu’il va avoir un rôle au sein de la Fédération, et ça, c’est plus que positif pour le football féminin, parce qu’on a besoin de personnes comme lui pour continuer de grandir et on est très reconnaissantes pour tout ce qu’il a fait. Qu’il soit à la Fédé ou à la Ligue professionnelle, pour moi, il aura autant d’impact sur le football féminin. » L’histoire n’est pas encore terminée.

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Léna Bernard

Tout propos recueillis par LB, sauf ceux de Laurent Nicollin recueillis par MD

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