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«Je joue serré-agressif»
«Euh, il est 7 heures du matin». Normal, Jean-Philippe Rohr, une sélection en équipe de France, se trouve à Las Vegas. Il joue aux cartes, et plutôt bien. Comme le foot, une autre façon ludique et rémunératrice de remplir ses week-ends.
Vous avez gagné 40 000 euros lors d’un tournoi le week-end dernier. Racontez-nous.
J’étais un peu à domicile, près de Cannes, dans un cadre idyllique. A la table, tout s’est pas correctement, je n’ai pas eu d’embuches. C’est l’une des mes plus belles victoires mais pas celle qui m’a rapporté le plus : il y a un mois à Madrid, j’ai remporté 68 000 euros en faisant troisième, une belle performance. J’ai aussi atteint la finale du Partouche il y a deux ou trois ans et gagné pas mal.
Vous êtes joueur professionnel ?
Non je suis dans la réhabilitation de villas sur la Côte. Le poker est vraiment mon loisir, comme l’a été le football sauf que j’ai pu en faire ma profession. Entre le foot et le poker, j’ai eu le backgammon. Pas mal de grands joueurs de backgammon se dirigent ensuite vers le poker. J’ai débuté le poker il y a seulement cinq ans. Je n’avais jamais joué ni touché une carte. Je ne savais pas ce qu’était un brelan ni une paire. Mes copains du backgammon s’y sont mis, ils m’ont expliqué et j’ai suivi. J’ai pas mal lu, travaillé. J’essaie d’être le plus perfectionniste possible.
En tout cas, ça rapporte.
Je pourrais en vivre, ça va. J’ai la chance de gagner depuis que je joue au poker. Je suis peut-être plus décontracté que les autres parce que je n’ai pas besoin des gains du jeu pour vivre, ce n’est pas mon activité principale. Les gars qui comptent dessus pour manger ont sûrement plus de stress.
Quel est votre style à la table ?
Dans le jargon, on dit serré agressif. Je ne suis pas trop bluffeur, je suis assez sérieux quand j’ai du jeu. Surtout, j’essaie de bien lire mes adversaires. Contrairement à plein de joueurs qui portent des lunettes ou adoptent un look particulier, je n’ai aucun accoutrement, pas de lunettes, rien. Je joue à découvert. Nature. D’ailleurs, on me reconnait parfois.
Avoir joué au foot au niveau professionnel vous aide-t-il ?
J’en suis persuadé. La semaine dernière, j’ai abordé la table finale très décontracté, bien sûr de moi, sans aucune pression. Physiquement, j’ai rarement de coups de barre pendant les tournois. Mon expérience du haut niveau, la gestion de l’adrénaline, sont un vrai coup de main pour le poker.
Il y a beaucoup d’anciens footballeurs dans les tournois ?
Quelques-uns. J’ai déjà croisé Teddy Sheringham, Vikash Dhorasoo et Sorensen, un gars qui a joué à très haut niveau aux Pays-Bas. Il a gagné une Classic à Amsterdam où je me suis classé dixième.
Au fait, vous faites quoi à Las Vegas ?
Je participe aux championnats du monde de poker. Ça dure un mois et demi mais je ne resterai pas jusqu’au bout. En fait, il y a cinquante-trois tournois plus ou moins importants. Chacun engendre un bracelet de champion du monde. J’aimerais bien en gagner un ! Moi, je ne participe pas au nec plus ultra des tournois mais je me sens bien.
Propos recueillis par Mickaël Osganian
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