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Infantino, des solutions pour tout, de la honte pour rien

Par Nicolas Kssis-Martov
Infantino, des solutions pour tout, de la honte pour rien

La Coupe du monde tous les deux ans est le grand rêve de Gianni Infantino. Pour la promouvoir, il a notamment déjà promis une douche d’argent au foot africain. Mais il ne s’arrête pas là. Lors de sa dernière déclaration publique, le président de la FIFA a présenté son projet comme la contribution de la FIFA pour régler les problèmes du monde, à commencer par le déséquilibre Nord-Sud et la crise migratoire. Et le pire, c’est qu’il y croit peut-être.

Il faut imaginer la scène. Devant le conseil de l’Europe se tient le très digne Gianni Infantino. Président de la FIFA, il représente une des grandes puissances non étatiques en ce bas monde. Et il est bien décidé à assumer ses responsabilités face à l’histoire. Dans ce but, il dispose d’une arme absolue : la Coupe du monde va se dérouler tous les deux ans. Ce n’est plus une affaire de gros sous, comme il l’a quand même concédé devant ses pairs, mais quasiment une obligation morale pour le football. L’homme n’est plus un comptable, il est en mission. Il doit probablement songer aux hordes de miséreux qui attendent que sa parole s’abatte et leur offre le salut. Pas simple. Cependant, cet homme est capable de tout. Il a même évincé Blatter et Platini pour « corruption » et « malversation » . Aucune honte ne fera rougir son front. « Nous devons donner de l’espoir aux Africains pour qu’ils ne soient plus obligés de traverser la Méditerranée pour trouver peut-être une vie meilleure ou, plus probablement, la mort en mer. » Les bénévoles qui tentent de les secourir au large de la Méditerranée apprécieront cette envolée lyrique comme il se doit. Surtout, on cherche encore en quoi le ballon rond, et surtout un Mondial bisannuel, pourraient être la raison de rester au pays pour des personnes assez désespérées pour risquer leur vie sur de frêles esquifs ou dans les montagnes du côté de Briançon.

« En Europe, la Coupe du monde a lieu deux fois par semaine »

Gianni Infantino veut mettre à genou l’égoïsme de l’Europe, qu’il faut punir pour son opposition à une si magnifique perspective. Pour mémoire, l’UEFA est la principale confédération qui s’est positionnée contre cette lubie d’Infantino (avec ses propres préoccupations mercantiles et narcissiques, ne soyons pas naïf) d’installer une Coupe du monde tous les deux ans. Un Vieux Continent ventripotent et qui aspire toutes les richesses à son seul profit. Voilà pourquoi Infantino propose de le priver du Mondial et d’en finir avec son européocentrisme. Bref, rendre ce monde plus juste. « Nous devons impliquer le monde entier. Nous ne pouvons pas dire au reste du monde :« Donnez-nous votre argent et vos joueurs et regardez-les à la télévision. » (…) En Europe, la Coupe du monde a lieu deux fois par semaine parce que les meilleurs joueurs y jouent. L’Europe n’a pas besoin d’autres événements. »

Non, rien de rien

Pétri d’humilité, Gianni reconnaît toutefois qu’il ne s’agit peut-être pas de « la réponse » à toutes les difficultés qui secouent le globe. Néanmoins, c’est par ce biais qu’il va clairement sauver le football, lui conserver son universalisme, et par là même que les migrants resteront chez eux. Merci, pas de quoi, pour le chèque, ce sera par là, messieurs dames. Il affirme aussi que cette Coupe du monde raccourcie coupera l’herbe sous le pied de la Superligue, dont on a pourtant appris qu’il ne la regardait pas d’un si mauvais œil au départ. En revanche, rien sur la défense du patrimoine culturel du foot. Rien sur les véritables enjeux, telle que la régulation du trafic de joueurs entre l’Afrique et l’Europe. Rien sur la redistribution des revenus colossaux engrangés par la multinationale du ballon rond installée en Suisse, à l’abri de son microclimat fiscal. Rien sur les questions écologiques. Rien sur les droits humains. D’ailleurs, il n’a pas hésité pour conclure à défendre le Mondial au Qatar, pourtant fort loin des rivages de la Manche, affirmant au sujet des morts sur l’immense chantier qu’est devenu l’émirat : « Il y en a trois. Trois, c’est toujours trop, mais entre trois et 6500, il y a une grande différence. » Pour rappel, la dangereuse organisation gauchiste qu’est l’Organisation internationale du travail en comptait a minima 50, sur la simple année 2020. Les familles des ouvriers népalais revenus en avion dans un sac plastique ont dû rêver. Les ONG, par exemple Amnesty International, et les reporters qui enquêtent sur le sujet, quitte à se faire arrêter, ne sont certainement animés que de vilaines intentions pour lui nuire. Que la personnalité, le visage et la tête du football mondial s’avèrent à ce point déconnectés du réel, à nous laisser attendre sa prochaine énormité, devrait inquiéter tous les amoureux de ce sport. Heureusement que le foot est plus grand que la FIFA.

Par Nicolas Kssis-Martov

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