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Il y a vingt ans, Gaizka Mendieta se perdait à la Lazio

Par Éric Maggiori
Il y a vingt ans, Gaizka Mendieta se perdait à la Lazio

Il y a vingt ans, à la fin du mois de juillet 2001, Gaizka Mendieta, star du FC Valence deux fois finaliste de la Ligue des champions, s'engage à la Lazio pour 46 millions d'euros. Il s'agira là de l'un des plus gros flops de l'histoire de la Serie A.

Plus que n’importe quel président de foot à l’époque, Sergio Cragnotti adorait faire des folies. Lors de son arrivée à la tête de la Lazio, à l’été 1992, l’homme d’affaires avait annoncé la couleur : « Avec moi, la Lazio deviendra le plus grand club italien, et je mettrai tous les moyens en œuvre pour y parvenir. » Comprendre : la carte bleue va chauffer. De fait, chaque été, Cragnotti sort le carnet de chèques, et recrute, sans compter. Tellement sans compter que la Lazio sera au bord de la banqueroute en 2004, et sera sauvée de la faillite in extremis par Claudio Lotito. Mais ça, c’est une autre histoire.

Cragnotti, donc, renforce sa Lazio à coups de millions. Signori, Bokšić, Gascoigne, Salas, Vieri, Veron, Simeone, Mihajlović, Stanković, Conceição, Crespo, Claudio López : le recrutement permet au club romain de remporter la Coupe des coupes (1999), la Supercoupe d’Europe (1999), le Scudetto (2000), la Coupe d’Italie (1998, 2000) et la Supercoupe italienne (1998, 2000). Mais à l’été 2001, la période faste semble terminée. Veron signe à Manchester United, Nedvěd et Salas se tirent à la Juventus, Eriksson, le coach du Scudetto, a déjà cédé sa place à Zoff. S’il souhaite que sa Lazio continue de truster les premières places, Cragnotti doit à nouveau frapper un grand coup. Et le boss laziale a déjà trouvé sa cible : Gaizka Mendieta.

Les retrouvailles avec Claudio López

Il faut replacer le contexte. Avec le FC Valence, Gazika Mendieta s’est imposé comme l’un des meilleurs milieux de terrain au monde. Vainqueur de la Copa del Rey et de la Supercoupe d’Espagne en 1999, il atteint également deux fois la finale de la Ligue des champions, en 2000 et 2001, mais s’incline à deux reprises. Le deuxième échec, concédé face au Bayern Munich à San Siro (il est buteur en finale dès la 3e minute, mais Valence s’incline finalement aux tirs au but), le marque émotionnellement. Il est peut-être l’heure pour lui, après neuf années à Valence, d’aller voir ailleurs.

Ça tombe bien, Cragnotti est prêt à tout pour le faire venir. Et, outre l’argent, il possède un argument de choix : la présence dans l’effectif de Claudio López, ancien partenaire de Mendieta à Valence entre 1996 et 2000. Le 17 juillet 2001, l’accord est trouvé avec Jaime Ortì, président du FC Valencia, et l’officialisation intervient quelques jours plus tard. Pour 89 milliards de lires, l’équivalent de 46 millions d’euros (assorti d’un coquet salaire de 4,3 millions d’euros par an), Mendieta devient un nouveau joueur de la Lazio. Un transfert qui fera dire à Fabio Capello, alors entraîneur de la Roma, que la Lazio est désormais « la grande favorite au Scudetto ».

Deux actions ratées, puis le néant

L’adaptation romaine débute par un barrage de Ligue des champions face au FC Copenhague. Encore trop juste physiquement pour disputer la manche aller (perdue 2-1 par les Romains), Mendieta, élu meilleur joueur de l’édition précédente, est aligné d’entrée pour le retour à Rome. Des débuts quasiment rêvés : la Lazio s’impose 4-1, et lui délivre deux passes décisives, une à son pote Piojo Lopez, et l’autre à Stefano Fiore. Le début de la Serie A a lieu quelques jours plus tard, face à Piacenza. Mendieta est titulaire, et va avoir, au bout du pied droit, la balle qui aurait pu tout changer. Servi dans la profondeur, il se retrouve seul face au portier piacentino, mais ce dernier réalise une parade folle et détourne la frappe de l’Espagnol en corner. Quelques jours plus tard, cette fois-ci en Ligue des champions sur la pelouse du PSV Eindhoven, Mendieta envoie une reprise de volée monstrueuse (qui n’est pas sans rappeler ce chef-d’œuvre face au Barça) que le portier néerlandais détourne sur sa barre. Sur ces deux actions, Mendieta aurait pu marquer son premier but sous le maillot laziale, se mettre en confiance et s’épanouir. Au lieu de cela, ces occasions manquées vont marquer le début d’une longue traversée du désert.

Jamais, au cours des semaines qui vont suivre, le joueur ne va réussir à trouver son rythme de croisière. Les tifosi et les médias invoquent la patience et l’indulgence : il lui faut du temps pour s’adapter au football italien. Mais d’autres y voient là le fantôme d’Ivan de la Peña. Arrivé à la Lazio à l’été 1998 avec l’étiquette du futur crack, Petit Bouddha a complètement flopé en ne disputant que 21 matchs toutes compétitions confondues sous le maillot biancoceleste. La trajectoire de Mendieta semble prendre la même direction. Sur le terrain, l’homme aux cheveux dorés semble perdu, vide, triste, dépaysé. Il traîne son spleen. Plus rien à voir avec le joueur étincelant et pétillant admiré à Valence. Et l’arrivée sur le banc d’Alberto Zaccheroni à la place de Dino Zoff ne va rien arranger.

Aucun but marqué

Pendant toute la saison, Mendieta sera un fantôme. Lors de ses meilleures saisons espagnoles, le joueur inscrivait entre 10 et 20 buts par saison, et délivrait autant voire plus de passes décisives. À Rome, les statistiques sont implacables : 31 matchs joués toutes compétitions confondues, aucun but marqué, trois passes décisives délivrées… dont deux lors du match inaugural contre Copenhague. Jamais décisif, jamais brillant, il est un lointain parent du joueur qu’il était à Valence. À tel point qu’à Rome, une légende urbaine de l’époque assurait que le vrai Mendieta était décédé dans un accident de voiture pendant l’été 2001 et que, pris de panique, le FC Valence aurait refourgué son cousin à la Lazio en le faisant passer pour Gaizka. Bah quoi ?

Plus sérieusement : que s’est-il passé ? Que s’est-il passé pour que le meilleur joueur de la Ligue des champions 2000-2001 soit élu bidon d’or de la saison 2001-2002 en Italie ? Inexplicable, même pour le principal intéressé. « Cela a été une année difficile, même en dehors du terrain, racontait-il, il y a quelques semaines, à la Gazzetta dello Sport. Pour moi, ce qui a été le plus difficile, cela a été de m’adapter au football italien, qui était alors très différent du foot espagnol. Cela ne s’est évidemment pas passé comme je l’aurais espéré, mais avec du recul, je pense que cette expérience m’a aidé à grandir en tant qu’homme, car il a fallu affronter les doutes et les critiques. »

À la fin de la saison 2001-2002, terminée à la 6e place, la Lazio entamera une petite révolution, avec l’arrivée sur le banc de Roberto Mancini. Mendieta ne fait évidemment pas partie des plans. Il part en prêt à Barcelone, avant d’être vendu l’été suivant en Angleterre. En 2013, le journal italien Guerin Sportivo avait classé les plus gros flops de l’histoire du mercato italien. Dans une liste où figurent, entre autres, Vampeta, Javi Moreno, Roque Junior, Hakan Sukur et Mario Jardel, Gaizka Mendieta s’était, sans grande surprise, classé en première position. Mérité.

Par Éric Maggiori

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