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Gutiérrez : « L’Argentine n’a peur de personne »

Propos recueillis par Antoine Donnarieix
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Buteur au Vélodrome lors du dernier match officiel entre la France et l’Argentine en 2009, Jonás Gutiérrez termine actuellement sa carrière au pays. Avant ce huitième de finale explosif, El Galgo (Le Lièvre en VF) retrace son passé et donne son avis sur le choc à venir.

On t’a surtout connu à Newcastle. Où es-tu, maintenant ?Depuis que j’ai quitté l’Europe en 2016, je suis rentré en Argentine où j’ai joué à Defensa y Justicia. L’année suivante, j’ai eu la possibilité de signer pour Independiente, l’un des grands clubs de Buenos Aires.

On associe beaucoup le cancer à la mort, mais il faut savoir que la science fait des progrès énormes dans ce domaine.

Je n’avais jamais joué pour un club aussi prestigieux et cela valait la peine de tenter le coup. Aujourd’hui, j’ai encore un an de contrat, mais le coach (Ariel Holan, N.D.L.R) m’a fait comprendre qu’il ne comptait pas sur moi la saison prochaine. Du coup, je regarde les opportunités pour trouver un nouveau club.

En Europe, tu avais mis ta carrière entre parenthèses pour un cancer aux testicules contracté en 2013. Depuis que tu es tombé malade, comment vois-tu la vie ? Cela va beaucoup mieux ! Je passe par des contrôles réguliers que je fais tous les six mois. En octobre, cela fera cinq ans que j’ai découvert la maladie. C’est bon signe, car depuis tout ce temps, elle ne s’est plus manifestée et les cellules cancéreuses sont peut-être toutes évacuées… Quand tu tombes malade, ça te touche. On associe beaucoup le cancer à la mort, mais il faut savoir que la science fait des progrès énormes dans ce domaine. Et puis grâce aux médecins, à la famille, à mon couple et aux amis, je suis parvenu à traverser cette étape de vie.

Tu relativises désormais sur tes problèmes quotidiens ? En toute franchise, je crois avoir toujours été une personne tranquille au moment d’aborder des difficultés. Ce qui est certain, c’est que cet événement t’oblige à mettre ton travail de côté. Ce n’est pas une chose simple, car cela te coupe de ton activité principale.

Marquer pour sa sélection nationale contre une équipe comme la France, c’est quelque chose que tu retiens toute ta vie.

Le football, c’est une sorte de tourbillon. Dès lors, tu te mets à profiter davantage des choses simples, celles que tu ne vois pas quand tu es un footballeur touché par la célébrité.

Avec l’Argentine, tu comptes 22 capes pour un but inscrit contre la France, le 11 février 2009 à Marseille (0-2). Quels souvenirs gardes-tu de cette rencontre ? Marquer pour sa sélection nationale contre une équipe comme la France, c’est quelque chose que tu retiens toute ta vie. En plus, c’était l’ouverture du score avec Diego (Maradona, N.D.L.R) comme entraîneur. Leo Messi était aussi sur le terrain en tant que coéquipier… Bref, ce genre de souvenir n’a pas de prix. C’est de la joie intense. J’ai toujours eu beaucoup d’affection pour ma grand-mère, et je sais qu’à cet instant, elle me protégeait depuis le ciel. C’était ma première pensée après avoir marqué ce but.


Tu étais connu pour être un des tauliers de Diego Maradona dans son équipe nationale. Quelles étaient les directives du Diego sélectionneur ? Être convoqué par Maradona pour porter le maillot de l’Argentine, c’est une immense fierté. Jamais je n’aurais pensé un jour être appelé en sélection. Quand nous avons commencé à nous connaître, l’alchimie s’est très vite manifestée. Maradona aimait ma façon d’être, ma définition de l’amour du maillot argentin et le fait de ne jamais tricher.

J’aime que les meilleures sélections du monde jouent le meilleur football possible.

J’ai vite fait partie de ses cadres, et pour cela je l’en remercie encore. Maradona possède ses principes. Certains sont plus portés vers la disposition tactique, d’autres sur la résistance physique… Diego, c’était un grand meneur d’hommes. Un moteur dans l’âme. Ce qu’il recherchait par-dessus tout, c’était des mecs avec une grinta énorme. Tu pouvais perdre ou gagner un match, peu importe. Le plus important, c’était d’en sortir rincé, d’avoir tout donné.

En 2010, vous perdez contre l’Allemagne en quarts de finale et le score est sans appel (4-0). Est-ce que pour ce Mondial 2018, tu es heureux de voir l’Allemagne déjà éliminée ? Quand quelqu’un souffre, je ne suis pas là pour me moquer de lui. L’Allemagne est une grande nation du football avec une identité claire, et les échecs font partie de la vie. Après, quand un projet de jeu est établi, il y a de fortes chances de revenir très vite sur le devant de la scène. En cela, je ne me fais aucun souci pour l’Allemagne. Évidemment, c’est une bonne nouvelle pour tous les concurrents, car le champion du monde en titre est déchu. Mais cela ne me rend pas heureux pour autant. J’aime que les meilleures sélections du monde jouent le meilleur football possible.

Pour ce France-Argentine, l’Albiceleste arrive sur la pointe des pieds après trois matchs compliqués sur le plan émotionnel. Tu penses que c’est un avantage ou un inconvénient ? Je souhaite voir l’Argentine gagner ce Mondial, sans négociation possible. Je n’ai aucun doute sur le fait que cette sélection puisse aller loin dans la compétition. J’aime le fait de rencontrer la France en huitièmes, une équipe nationale dotée d’une riche histoire. Mon avis, c’est que ce sera du 50-50 et que ça va se jouer à peu de choses. Par exemple, une décision arbitrale peut avoir d’énormes conséquences sur la suite du match…

Avec l’Argentine, je vois toujours un Messi fort. Il ne faut pas oublier qu’il a disputé trois finales consécutives, ce n’est pas rien !

La réalité, c’est aussi que l’Argentine traîne un boulet avec ses éliminatoires compliquées, et cette image de sélection en difficulté ne la quitte pas après ce premier tour. Pour moi, affronter la France nécessitera deux éléments : que les cadres fassent jouer leur expérience d’une part, et que l’équipe impose une forte intensité d’autre part. Dans ce cas-là, qu’il y ait défaite ou victoire au bout, il n’y aura pas de reproche à se faire. La plupart de ces joueurs étaient au dernier Mondial, ils connaissent ce type de match à élimination directe. Higuaín, Agüero, Messi, Masche, Banega, Biglia, Otamendi… Il faut que cette bataille se finisse de la meilleure manière possible avant que leur cycle ne se termine.

Tu as joué avec Leo Messi en sélection. D’après toi, comment se fait-il qu’il ne réussisse pas autant avec l’Argentine qu’avec le Barça ? Avec l’Argentine, je vois toujours un Messi fort. Il ne faut pas oublier qu’il a disputé trois finales consécutives, ce n’est pas rien ! Bien sûr, il manque à chaque fois la cerise sur le gâteau… Mais dans une finale, cela peut arriver, car tu auras toujours un vainqueur et un finaliste. On ne peut pas enlever ce mérite, ni à Messi ni à tout ce groupe de joueurs.

Maradona n’a pas été très tendre avec le sélectionneur actuel. Comment tu juges l’Argentine de Sampaoli ?Sampaoli a besoin de davantage de temps pour façonner cette équipe comme il le souhaite. Cela s’est vu avec le Chili et le FC Séville… Mais par faute de temps, cette équipe se cherche encore tactiquement.

Cette France est très forte de manière générale, mais je pense qu’elle possède une faille en défense centrale avec Umtiti et Varane.

C’est aussi pour cela que Sampaoli n’hésite pas à parler avec les cadres de l’équipe en interne. Cette communication est nécessaire pour savoir si le collectif peut s’adapter à une ligne de trois, quatre ou cinq défenseurs. Changer de système n’est pas péjoratif, il faut savoir s’adapter. En tout cas, cette qualification pour les huitièmes de finale donne de la confiance au groupe, et c’est très important. La catastrophe est évitée, maintenant son équipe peut se libérer. D’après toi, quels sont les dangers principaux de l’équipe de France ? Cette France est très forte de manière générale, mais je pense qu’elle possède une faille en défense centrale avec Umtiti et Varane. Ce sont deux joueurs talentueux qui jouent dans les meilleurs clubs du monde, mais cette association manque de roublardise. En cela, l’expérience de notre attaque pourrait s’avérer déterminante. Ensuite, au milieu comme en attaque, la France n’envie personne. Elle ne possède pas le jeu le plus attrayant du Mondial, mais elle détient une chose essentielle : du résultat. Pour l’Argentine, il faudra jouer avec de l’assurance défensive, car la France ne manquera pas autant d’occasions que le Nigeria.
Cette équipe de France te fait peur avant cette rencontre ? J’ai du respect pour la France… Mais de la peur, jamais de la vie. L’Argentine n’a peur de personne. Je connais les joueurs qui composent notre équipe nationale, et je sais ce dont ils sont capables.


Propos recueillis par Antoine Donnarieix

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