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De Ronaldo à Giroud : comment maîtriser l'art du saut dans le foot ?

Par Kevin Mbundu
4 minutes

Sauter, c'est tromper la gravité. Cristiano Ronaldo, Olivier Giroud et bien d'autres ont élevé cette maxime au rang d'art sur les terrains. Même à 40 ans ou un peu moins, chaque centre devient un moment où le corps défie le sol pour rappeler que le foot se joue aussi dans les airs. Mais alors, quels sont leurs secrets ?

De Ronaldo à Giroud : comment maîtriser l'art du saut dans le foot ?

Ce sont des images qui restent et impressionnent. Cristiano Ronaldo qui s’envole à 2,93 mètres un soir de Real Madrid-Manchester United ; Youssef En-Nesyri qui grimpe à 2,78 mètres en quarts de finale de Coupe du monde ; Zlatan Ibrahimović qui flotte à 2,53 mètres ; Olivier Giroud qui se retrouve à 2,50 mètres de hauteur pour sauver le LOSC contre Brann Bergen, en Ligue Europa, et qui ne dirait pas non à une petite récidive ce jeudi soir contre le PAOK. Ces chiffres peuvent donner le vertige, comme si ces corps ne connaissaient pas la gravité chez ces athlètes chez qui décoller est presque naturel. Même quand on approche de la quarantaine et que la mission s’annonce impossible physiquement.

Le souvenir de Spud Webb et la place du travail

David Bellion, lui, fouille dans sa boîte à souvenirs et oublie le foot pour se concentrer sur le basket, au moment d’évoquer un saut marquant dans le sport. L’ancien de Manchester United pense à Spud Webb, meneur chez les Hawks d’Atlanta ou les Kings de Sacramento à la fin du siècle dernier en NBA, le premier à l’avoir vraiment fait vibrer dans ce domaine. « Il faisait 1,68 mètre, il a remporté le Slam Dunk en 1986 et sa détente était de 1,20 mètre, se remémore-t-il. Spud Webb, c’est l’image de Cristiano Ronaldo qui saute plus haut que tout le monde, mais dans un Slam Dunk et en le remportant. » À l’époque, le basketteur a 23 piges, mais l’art du saut n’a pas d’âge dans le sport, à commencer par le foot. À 34 ans, Cristiano Ronaldo avait décollé à plus de 2,56 mètres pour inscrire un un but magnifique face à la Sampdoria, en 2019.

Et si l’âge aidait à s’élever encore plus haut dans les airs ? Pour Jean-Benoît Morin, spécialiste de la performance sportive, le travail acharné est l’une des seules raisons pouvant justifier ces exploits. « L’explication qui veut qu’on pourrait dire qu’on saute plus haut si on est plus vieux, c’est des années d’entraînements et de préparation physique qui aboutissent au pic de puissance de ces athlètes à cet âge-là, déroule-t-il. Ils ont aussi une forme d’expérience dans la coordination gestuelle et dans le timing, c’est beaucoup plus facile d’avoir une bonne gestion de la coordination quand on a beaucoup d’expérience et plus d’heures de pratique. » No pain no gain, ce serait donc ça le secret ?

Les bonnes recettes du saut parfait

Il faut aller un peu plus loin, tout de même, pour expliquer ces performances rares et notables chez ces athlètes sur la fin (ou ceux qui débutent). Tous ne peuvent pas montrer aussi haut, c’est une question de morphologie, de capacités athlétiques et un savant équilibre à exploiter. « Ce dont on a besoin, c’est tout d’abord d’une masse corporelle si possible légère, de puissance musculaire et d’une masse grasse la plus faible possible, analyse Jean-Benoît Morin. Cela vaut environ 70% des performances et les 30% restants résultent de la qualité de la poussée. Il faut donc avoir un bon équilibre entre la vitesse et la force qui sont les deux composantes de la puissance. Pour les footballeurs, ils ont aussi besoin d’une très bonne élasticité pour avoir une belle détente. »

La hauteur, ça me donnait une sensation de plaisir.

David Bellion

Ce travail de précision inclut aussi la nutrition et une bonne hygiène globale : bien manger permet de développer les masses grasses, mais le piège serait de trop développer les masses qui ne favorisent pas le saut, comme les pectoraux et les épaules. Il vaut donc mieux privilégier le développement des jambes et du tronc, deux parties essentielles au moment de sauter. Sans oublier un petit détail qui a son importance : la technique.

La technique, c’est ce petit truc en plus, cette classe qui profite à ceux qui peuvent se la payer. Du haut de son mètre 81, David Bellion n’était pas un as dans le domaine aérien sur les coups de pied arrêtés. « La tête servait seulement à réfléchir », se marre-t-il aujourd’hui. Pourtant, il arrivait parfois que l’ancien Bordelais trouve la bonne formule, ponctuellement, pour s’envoler plus haut que ses adversaires. « Partout où j’ai joué j’étais souvent amené à être celui qui dévie les ballons, surtout à Bordeaux et Nice. Je pouvais avoir une détente de quelqu’un qui faisait peut-être 2 mètres, mais je sautais haut grâce à ma technique de sauteur en hauteur, pose-t-il. J’arrivais à me positionner dans l’espace et, peu importe le défenseur en face, je corrélais ma course d’élan par rapport aux 6 mètres en anticipant avec une course jamais nette. La hauteur, ça me donnait une sensation de plaisir. » 

Bellion parle des frissons procurés par l’altitude. Chez Giroud, Ibrahimović, Ronaldo et bien d’autres – n’oublions pas Steve Mounié, une terreur dans ce domaine en Ligue 1 lors de ses années brestoises -, cette sensation s’est transformée en habitude. Ce n’est pas l’âge qui fait la différence, ce sont leurs qualités, leur profil, leur maîtrise quasi parfaite de la détente, à coups de mollets entretenus depuis vingt ans et d’égo sur ressorts.

Le Real gagne petit contre la Juventus

Par Kevin Mbundu

Tous propos recueillis par KM

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