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Girona-Man City : petits arrangements entre amis

Par Grégory Sokol
Girona-Man City : petits arrangements entre amis

Salaires mirobolants, infrastructures hors norme et projet à long terme avec en prime la possibilité d’écrire l’histoire. Manchester City semble ne rien avoir laissé au hasard afin d’attirer Pep Guardiola. De là à s'enticher d’un club espagnol de seconde division uniquement dans ce but ?

Contrairement à ceux de John Stones, Nolito, Leroy Sané ou encore İlkay Gündoğan, le transfert de Pablo Mari vers Manchester City est passé inaperçu du côté de la presse anglaise. Et pour cause. L’athlétique défenseur arrivé en provenance du Gimnastic Tarragone, en D2, n’a pas eu le loisir de tester bien longtemps les terrains dernier cri de la City Football Academy, car réexpédié en Espagne sous forme de prêt sitôt le transfert acté. Plus exactement au Girona FC, également pensionnaire du championnat de Liga Adelante. Une cocasserie lorsque l’on sait qu’une des clauses du contrat du joueur stipulait expressément qu’il ne pouvait être vendu à un club de la même division pour éviter de renforcer la concurrence. Heureusement, Man City est venu à la rescousse. Un mouvement qui s’inscrit dans la continuité de ceux de Chidiebere Nwakali, Ruben Sobrino, Florian Lejeune ou Pablo Maffeo, également prêtés au club la saison dernière.

Dernier arrivé, premier parti

Pour la plupart des jeunes Britanniques, Gérone n’est que le pendant ensoleillé de Skavsta ou Beauvais, à savoir un aéroport où Ryanair opère pour des vacances à pas cher. Côté foot pourtant, le Girona FC devient un candidat sérieux à la montée en Liga, échouant en barrages à trois reprises sur les quatre dernières saisons. Un bilan qui éclipserait presque le rachat, au milieu de l’année 2015, d’un club alors endetté à hauteur d’environ 4,5 millions d’euros par deux associés propriétaires d’une entité appelée Media Base Sports, Jaume Roures et Pere Guardiola – frère de -, à hauteur de 80%. Un duo qui connaît de longue date Txiki Begiristain et Ferran Soriano, respectivement directeur sportif et manager général de Manchester City.

Au contraire de clubs comme Yokohama F. Marinos, Melbourne City FC et New York City FC, membres du groupe City Football Group et bénéficiant à ce titre d’une aide financière venue des Émirats arabes unis, le partenariat s’instaurant alors entre les deux clubs n’est qu’officieux, à base de prêts pour renforcer des Catalans en quête de la première montée en Liga de l’histoire du club. Dans certains cas, comme celui du Français Florian Lejeune ou des Espagnols Ruben Sobrino et donc Pablo Mari, le joueur a à peine le temps de défaire ses valoches qu’il faut déjà repartir en prêt. « Lorsque nous évoquons avec les joueurs la possibilité de venir ici, nous leur disons : venez et faites partie de quelque chose de spécial, créez l’histoire » , se targuait fin 2014 auprès du Telegraph Brian Marwood, l’ancien joueur devenu directeur de la City Football Academy. Reste à savoir si, dans le cas de l’ancien défenseur d’Istres, les dirigeants mancuniens ont pris soin de lui expliquer qu’il créerait l’histoire un peu plus au sud sans avoir la chance de griffonner ne serait-ce qu’une ligne de celle des Sky Blues.

Le Barça, les Three Lions… et Girona

« L’explication de Man City est que s’ils repèrent un joueur, l’achètent et le prêtent ensuite à Girona, et qu’il s’avère ne pas être suffisamment bon pour évoluer en Premier League, le club sera quand même gagnant en le revendant plus cher à un autre club » , éclaircit Simon Mullock, responsable de la rubrique foot au Sunday Mirror et particulièrement attaché aux Citizens. Ainsi Florian Lejeune, acheté 300 000 euros, a été cédé cet été à Eibar pour 1,5 million d’euros. Une culbute financière bien dérisoire face au puits sans fond venu de Dubaï. « Il est clair que la raison principale est de solidifier de manière très intelligente et sans enfreindre quelconque règlement les relations entre Ferran Soriano, Txiki Begiristain et les frères Guardiola. En plus de cela, Jaume Roures, l’associé de Pere Guardiola, a également par le passé fait des affaires avec Soriano » , poursuit l’habitué de l’Etihad.

L’état-major des Citizens est aux petits soins pour Girona, dont l’équipe première a profité l’espace d’une semaine du centre d’entraînement de Man City durant sa préparation estivale. Un privilège qui n’avait jusqu’ici été accordé qu’au club résident, naturellement, au Barça et à la sélection anglaise. Interrogé sur la question par l’Esportiu, Ignasi Mas-Baga, le président délégué du club espagnol, déclarait récemment que « le partenariat avec Man City va croître à court terme. Nous avons démontré que nous sommes un club de confiance capable d’obtenir de bons résultats » , sans pour autant entrevoir la lueur d’un partenariat officiel et la manne financière qui en résulterait. « Ce n’est pas à l’ordre du jour » , martèle-t-il. Si l’intérêt d’un tel partenariat pour le club espagnol est facilement compréhensible, il l’est beaucoup moins concernant City au premier abord. Le club ne s’étant pas soudainement lancé dans une opération philanthropique, il est aisé de voir ici une tentative d’amadouer Pep Guardiola via son frère, et faire d’une pierre deux coups en évitant l’affront ultime : le voir partir du côté rouge de la ville.

Un conflit d’intérêt ?

Il serait cependant bien mal avisé de penser que ce partenariat ait réellement été un élément décisif dans le choix de Guardiola. Les tractations ont débuté bien avant l’implication de son agent de frère au sein de Girona. En fait, Begiristain et Soriano rêvaient de signer le technicien depuis leur intronisation à Man City en 2012, comme ils l’avaient fait au Barça en 2008, alors qu’un certain José Mourinho était en pole pour décrocher le poste d’entraîneur. Au-delà du salaire perçu, signer à Man City est une opportunité pour Guardiola de s’entourer de personnes en qui il a totalement confiance, dans un club aux structures remarquables et avec, détail important, une histoire quasi vierge sur la scène européenne, hormis une Coupe des coupes en 1970. Au bout du compte, tout le monde s’y retrouve dans cet échange de bons procédés entre potes. Le trio Soriano-Begiristain-Guardiola a pour mission de hisser Man City tout en haut de la pyramide du football européen, tandis que Jaume Roures et Pere Guardiola bénéficient de prêts de joueurs afin de rendre Girona encore plus compétitif.

Cerise sur le gâteau ou ironie, le frangin de Pep pourrait même trouver un intérêt à ce qu’un joueur quitte « son » club. En effet, Media Base Sports, dont il se murmure qu’il serait actionnaire majoritaire à hauteur de 55%, représente les intérêts de joueurs tels que Thiago Alcántara, Luis Suárez ou Andrés Iniesta, certes, mais aussi de bon nombre de joueurs aux noms moins ronflants, par exemple en réserve à Manchester City et, pourquoi pas, prêtés entre-temps en L2 espagnole pour s’aguerrir. Une combine qui pourrait subsister tant que Pep décide d’apprécier la vie mancunienne. « City espère que Guardiola va rester plus longtemps que son cycle habituel d’environ trois ans et construire une équipe capable de gagner la Ligue des champions chaque année » , précise Simon Mullock. Un cycle durant lequel il ne serait pas étonnant de continuer de voir les Citizens recruter des joueurs sans que l’on ne sache d’abord trop pourquoi, avant de les voir partir aussitôt pour la Catalogne.

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