Gignac : « Dans la générosité, je suis toujours là »
Il y a ceux qui astiquent André Pierre-Gignac, sans n'avoir jamais vu jouer Toulouse. Comme ça, juste en se basant sur ses stats de dingue de la saison dernière. Et il y a ceux qui le lynchent grassement. Comme ça, par fun ou compensation, en minimisant le potentiel du bonhomme. Finalement, le mieux c'est encore d'aller à la rencontre du bonhomme, en marge de son match à Nancy, pour s'en faire une idée...
Que retiendras-tu de ces deux matches un peu bizarres avec les Bleus ?
Au niveau des points, c’est pas le top, on a la poisse qui nous poursuit. Les deux buts qu’on prend, c’est un contre son camp face à la Roumanie, et un penalty un peu, beaucoup, sévère en Serbie. Mais on peut se consoler en se disant que le principal, c’est le contenu de nos matches. Concernant le classement, on ne perd pas espoir. La Serbie doit encore jouer la Roumanie et la Lituanie, ce ne sera pas évident pour eux.
Que penses-tu de ton match contre la Roumanie ?
J’ai eu une action, et c’est tout. Je suis déçu. Techniquement, je n’ai pas joué assez juste. Dans la générosité je suis toujours là, mais techniquement, j’ai raté mon match. Mais ça arrive de rater des matches, hein. Globalement, c’est donc un peu décevant.
Au cours du deuxième match, en Serbie, tu es sorti à la 12e minute. Ça t’était déjà arrivé de céder ta place à un gardien pour des raisons tactiques ?
Non, non. Sur le coup, t’es déçu, forcément. Mais tu relativises vite, en te disant que c’est déjà bien d’avoir eu la confiance du coach, d’avoir été titularisé lors des deux matches. En Équipe de France, mon cas personnel passe au second plan.
Mais t’as quand même envie de t’imposer dans cette équipe, non?
Moi, y a pas de problème, je suis patient. J’attendrai le temps qu’il faudra, jusqu’à ce que mon heure vienne. C’est juste que là, j’avais deux bonnes occasions de me faire un peu plus remarquer… Mais bon, c’est le football, on ne peut pas toujours être au top.
Le fait d’avoir été mis sur un piédestal la semaine précédant le match contre la Roumanie a-t-il pu te perturber ?
Non, je ne me prends pas la tête avec ça. On ne peut rien faire contre l’opinion des gens. Il y en a qui me critiqueront, et d’autres qui diront des trucs sympa. Ce qui m’intéresse, c’est le rectangle.
C’était tendu entre les deux matches ?
De l’intérieur, je n’ai pas trouvé que c’était tendu. Quand t’es footballeur, tu rêves de jouer tous les trois jours, les semaines semblent moins longues… Et puis entre un match au Stade de France devant 80 000 personnes et entre un autre devant 60 000 Serbes déchaînés –avec de l’enjeu qui plus est– le temps, tout ça, c’est que du bonheur.
Tu dis que tu ne te prends pas la tête, mais être le premier choix du sélectionneur national, ça a quel impact sur toi ?
Déjà, quand le coach m’appelle, c’est une première marque de confiance. Alors quand je débute des matches et tout… Bon, je le prends sereinement, comme quand je suis titulaire avec Toulouse. C’est sûr qu’il y a un peu plus de pression et que nerveusement c’est plus dur, mais j’essaie de rester dans la lignée de ce que je fais en club.
Certains joueurs n’ont jamais réussi en Bleu car ils n’ont peut-être pas été intégrés par le groupe en place. Toi, tu sembles avoir été adopté d’emblée…
Faut dire ce qui est, il y a une super-ambiance. J’m’entends bien avec tous les joueurs, j’suis pas difficile. Et puis quand tu rentres dans un groupe comme ça avec autant de grands joueurs, faut pas faire le difficile.
Il se murmure que Ribéry t’a pris sous son aile. C’est quoi la première vanne qu’il t’a faite ?
Il n’a rien fait pour l’instant, mais je pense que c’est parce qu’il sait que je peux revenir à la charge.
Y a un équivalent de Ribéry à Toulouse au niveau de la blague de vestiaire ?
C’est moi.
Au fait, t’imagines la France ne pas se qualifier pour la Coupe du Monde ?
Le Mondial sans la France, c’est comme…
Comme une Ligue 1 sans Toulouse ?
Plutôt comme une Ligue 1 sans l’OM ! Mais ouais, c’est impensable. Attends, c’est la France quand même, on est une puissance mondiale du football. Franchement, que ce soit par les barrages ou en terminant directement premiers, je suis sûr qu’on va y arriver.
Comment vis-tu ton retour à la vie de club ?
Dix jours et deux matches importants se sont passés. Nerveusement, ce n’est pas facile, alors ça fait du bien de retrouver le club et les copains. Ceci dit, s’il fallait rester un an en Équipe de France, je resterais un an en Équipe de France.
Il y a deux ans, tu vivais dans l’ombre de Johan Elmander. Cette saison un peu poussive (28 matches, 2 buts). Le fréquenter a-t-il favorisé ton explosion un an plus tard ?
On n’est pas les mêmes, mais dans la générosité, la puissance et l’effort, on se ressemble un peu. Et puis c’était un international suédois en puissance, beaucoup de clubs européens le voulaient… Tu apprends toujours avec des gars comme ça. Après, c’est sûr, il était un peu renfermé sur lui-même. C’est un Scandinave, il était carré, un peu plus dans son coin, s’imposait plus de rigueur que moi, qui préfère être avec les copains.
Le début de saison mitigé du TFC alimente le discours de ceux qui pensent que le club n’aura pas la même réussite que l’an passé. T’es confiant, toi?
On a eu beaucoup de matches, dont le barrage de qualifications pour l’Europa League contre Trabzonspor. Je ne pense pas que tous les clubs français se seraient qualifiés contre ce club turc. C’est vrai qu’on a fait un faux-pas contre Valenciennes (0-1) avant la trêve internationale. Si on les avait battus, on aurait eu sept points, ce qui aurait été un bilan satisfaisant. Là, on est plutôt dans un bilan médiocre et il faut vite réparer ça.
Et le classement des buteurs dans tout ça?
Je suis sur les mêmes bases que l’année dernière, un but en quatre matches (l’entretien a eu lieu avant le match Nancy-Toulouse disputé samedi, ndlr). Le principal, c’est que j’ai les occases. J’ai frappé le poteau, on m’a enlevé des ballons sur la ligne. Vraiment, je ne me fais pas de souci particulier pour la suite.
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