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Georges Bereta : les histoires d’amour finissent mal en général

Par Kevin Charnay
Georges Bereta : les histoires d’amour finissent mal en général

Fin 1974, Georges Bereta quittait l'AS Saint-Étienne pour l'Olympique de Marseille à contre-cœur. Au centre de l'affaire, l'argent, et le début du football-business.

Les joueurs de Saint-Étienne ont tous le sourire aux lèvres et peuvent entamer leur tour d’honneur à Geoffroy-Guichard. On est le 3 mai 1975, et les Verts viennent de s’imposer 4-1 face aux rivaux de l’Olympique de Marseille. Ils comptent désormais quatre points d’avance à deux journées de la fin du championnat et sont quasiment assurés de décrocher un huitième titre de champion de France. Pendant ce temps-là, un homme est beaucoup moins heureux. Georges Bereta, au bord des larmes, court se réfugier dans le vestiaire. Il a beaucoup trop souffert ce soir. L’ancien Stéphanois ne devait même pas disputer ce match, le premier dans le Chaudron depuis son départ vers l’OM. Il était suspendu. Mais, compétiteur dans l’âme, il a fait appel pour repousser la suspension et a obtenu gain de cause. Résultat, en plus de la défaite, il a été conspué et insulté par le public à chaque fois qu’il a touché le ballon. L’ancien idole du Chaudron n’est plus qu’un traître depuis que, quelques mois plus tôt, il a quitté l’ASSE en pleine saison pour aller se remplir les poches à Marseille. L’histoire est pourtant plus complexe.

Un enfant du pays

Fils d’un émigré polonais venu en France pour être mineur, Georges Bereta est né à Montreynaud, un quartier de Saint-Étienne situé à 500 mètres du stade Geoffroy-Guichard. À partir de ses 14 ans, il travaille dans le Forez en tant qu’armurier. Pendant ce temps-là, il n’oublie pas sa première passion : le foot et les Verts. Il gravit tous les échelons de l’école de foot stéphanoise, jusqu’à atteindre la finale de Coupe Gambardella avec les Verts. Lors de son service militaire, il se lie d’amitié avec Hervé Revelli. Une rencontre essentielle, puisque ce dernier le recommandera auprès du club pour le faire passer pro. Ainsi, à 20 ans, voilà Bereta lancé en équipe première, malgré son mètre 66, par Jean Snella. Un an plus tard, il est sélectionné en équipe de France et devient le joueur phare de l’ASSE sous la coupe d’Albert Batteux. Quand Robert Herbin récupère le poste d’entraîneur en 1972, il en fait même son capitaine. Bref, avec plus de 300 matchs au compteur, cinq championnats et trois Coupes de France, le remuant ailier gauche est la star du club et de l’équipe de France en 1974.

Sauf qu’à la fin de l’année 1974, l’ASSE a quelques problèmes de trésorerie. Il faut renflouer les caisses. C’est à ce moment-là que le président de l’OM, Fernand Meric, entre en contact avec son homologue de Sainté, Roger Rocher. Il souhaite recruter Georges Bereta. Rapidement, les deux hommes se mettent d’accord, sans en informer le joueur. Le 2 décembre, le comité directeur des Verts approuve le transfert. Bereta n’est toujours pas mis au courant. Deux jours plus tard, un journaliste bien informé appelle le futur ex-Stéphanois pour lui annoncer la nouvelle. Bereta n’y croit pas, et pourtant, le 9 décembre, alors que les deux clubs démentent, Marseille le contacte enfin pour lui proposer un contrat de trois ans et demi, avec salaire doublé. À 29 ans, l’offre est superbe. Bereta, dont l’envie première est de rester, demande donc à Rocher une prolongation de son contrat avec des exigences salariales à la hauteur de ce que lui propose Marseille. Forcément, il refuse. Le 15 décembre, Bereta donne donc son accord pour le transfert. « J’ai été transféré un peu contre mon gré, mais en même temps, à 29 ans, l’OM me proposait de doubler mon salaire et un contrat de trois ans et demi » , déclarera-t-il plus tard au Progrès.

La trahison ne passe pas

Pendant ce temps-là, la presse a eu le temps de bien faire monter la température. On vient d’assister au premier vrai transfert durant le mercato d’hiver. Et en plus, on parle de la star d’une équipe qui délaisse son club premier au classement pour aller se remplir les poches chez le rival. On parle aussi d’un club qui n’hésite pas à se séparer du meilleur joueur français de l’année contre une énorme somme d’argent : 500 000 francs, soit 75 000 euros. L’affaire fait la Une du 20h, c’est le début du méchant football-pognon. Les supporters stéphanois ne sont pas tendres avec Bereta, ayant encore en mémoire les départs de Bernard Bosquier, Georges Carnus et Salif Keita pour l’OM. Les deux premiers étaient en fin de contrat, et le troisième voulait vraiment partir. Mais Bereta, lui, malgré les apparences, ne voulait pas partir. Et ça, les supporters ne l’ont pas compris tout de suite. « Je me suis senti trahi. Ce fut dur. On a voulu faire croire que ce départ était de mon fait, alors que Roger Rocher l’avait programmé pour renflouer les caisses de l’ASSE. Roger Rocher était super fort pour faire passer ses messages via la presse. En plus d’être un bon dirigeant, il savait manipuler les médias » , expliquait l’ailier de poche, la rancœur tenace.

Il n’adressera plus jamais la parole à Roger Rocher. Ni à Robert Herbin d’ailleurs. En effet, l’entraîneur de l’ASSE ne s’est nullement opposé à ce transfert, assurant qu’il avait suffisamment de bons joueurs pour compenser ce départ. Quant à Georges Bereta, ce départ peut toujours avoir un goût amer, puisque ses années marseillaises ne seront pas couronnées de succès. Pire, l’ASSE forgera sa légende en Coupe d’Europe sans lui. Les poteaux carrés, ils ne les connaîtra jamais. Pour autant, le sang vert coulera toujours dans ses veines. « Il existe une amicale des anciens de l’OM. On m’avait contacté pour y adhérer. J’ai des amis que je revois avec plaisir là-bas, mais on n’a qu’un club de cœur. » Aujourd’hui, il est responsable de la section jeunes de Saint-Étienne et il est entré au conseil d’administration du club. Pas rancunier, la Bérète.

Par Kevin Charnay

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