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Frédéric Thiriez : « Promouvoir le futsal pour aider le foot à XI »

Propos recueillis par Arthur Baudin et Julien Sebag
Frédéric Thiriez : «<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>Promouvoir le futsal pour aider le foot à XI<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>»

Troquer la pelouse pour le parquet, quitter la plus haute instance du football français et œuvrer dans l’intérêt d’une discipline sportive encore sous-développée, passer de la moustache la plus célèbre de France à l’ex-moustache la plus célèbre de France. Contre toute attente, Frédéric Thiriez a – depuis peu – rejoint la direction de l’ASC Garges Djibson Futsal. Entretien.

Samedi 12 septembre 2020. Le ciel est voilé, dispersant un fin crachin sur Paris. Aujourd’hui, la saison de futsal reprend après une très longue attente due aux conditions sanitaires. Fraîchement intégré dans la direction du club de Garges, Frédéric Thiriez souhaite ouvrir la première page d’une nouvelle étape de sa vie, de la meilleure des manières, en allant s’imposer dans le derby face au Sporting Club de Paris. Avant ça, lui et le président Moussa Nianghane se sont assis à la terrasse d’un tabac des sports pour parler futsal…


Je suis issu de la fédé et tout le monde me fout une étiquette, alors que pas du tout ! Je suis un mec du foot fédéral.

Frédéric, vous avez 68 ans et un gros passé dans le foot, pourquoi basculer vers le futsal ?Frédéric Thiriez : Comment le savez-vous ? Je ne dis plus mon âge à personne, ça fait trop vieux ! (Rires.) J’ai été pendant 25 ans dirigeant bénévole, d’abord à la fédé, puis président de la LFP. Je sors d’une pause de trois ans où j’ai fait beaucoup de choses, j’ai écrit notamment, trois livres… Aujourd’hui, j’ai eu envie de revenir à la source du football, sur le terrain, là où ça se passe. Je suis issu de la fédé et tout le monde me fout une étiquette, alors que pas du tout ! Je suis un mec du foot fédéral et ce qui me motive, c’est le football normal, pas le sensationnel.

Que voulez-vous dire par football normal ?FT : Le sport, c’est le seul truc qui reste aujourd’hui dans le pays pour créer du lien social, de l’intégration, de l’éducation, de la promotion sociale, du vivre ensemble ! Il n’y a plus rien, l’école ne fait plus ce boulot, et puis l’armée, bah ça n’existe plus… Il n’y a plus le service militaire. Il ne reste que le sport, et le sport, bah c’est d’abord le foot. Le foot crée du lien social et est facteur d’intégration. C’est ça, le foot normal.

On a deux millions de licenciés et une fédé qui passe son temps à dire Oh c’est merveilleux . Tu rigoles, non ? En Allemagne ? Six millions. En Angleterre ? Huit millions. On est des gamins !

Et donc, comment vous êtes-vous retrouvé dans un club de futsal ?FT : Avec Moussa (président du club de Garges), on s’est rencontrés un peu par hasard. Je voulais me documenter sur le futsal, parce que je sentais qu’il y avait un truc à faire et que la France était super en retard. En France, on a 30 000 licenciés futsal, vous savez combien en Espagne ? Un million, là-bas ils apprennent le vrai foot grâce au futsal et font la bascule sur le gazon une fois prêts. Regardez Neymar et Ronaldinho… L’Espagne, le Brésil, l’Argentine sont toutes des nations de futsal, et pas franchement les pires au foot à XI. Et puis même, regardez un peu le nombre de licenciés foot à XI dans les pays d’Europe, je suis désolé, on est nuls ! On a deux millions de licenciés et une fédé qui passe son temps à dire « Oh c’est merveilleux ». Tu rigoles, non ? En Allemagne ? Six millions. En Angleterre ? Huit millions. On est des gamins ! Et donc, que peut-on faire pour attirer les jeunes vers le foot ? Selon moi, il y a trois trucs : le foot féminin, là aussi on est super en retard. Le futsal où on a un gisement de croissance considérable, et puis le foot à 5, le five, quoi.

Qu’est-ce qui explique ce retard ?FT : Aujourd’hui, les jeunes sont rebelles à la discipline : match le samedi, entraînement le lundi et le mercredi… ça ne passe plus. Ils veulent des pratiques plus libres. Le futsal et le five, c’est absolument génial pour ça, les jeunes s’amusent tout en développant une polyvalence pour le foot à XI. Beaucoup de joueurs futsal peuvent voyager entre les postes.

Aujourd’hui, Garges a obtenu la licence club et vient d’être labellisé Élite label jaune dans le cadre du développement de son école de futsal, donc oui, il y a une réelle volonté de se développer, mais ça passe par la structuration de tous les clubs.

Où en est le futsal français ?Moussa Nianghane : On est en plein développement, il y a un projet pour le futsal, mais il passera par la structuration de tous les clubs. Aujourd’hui, Garges a obtenu la licence club et vient d’être labellisé Élite label jaune dans le cadre du développement de son école de futsal, donc oui, il y a une réelle volonté de se développer, mais ça passe par la structuration de tous les clubs. Je fais de moins en moins de pub, car j’arrive facilement à remplir la salle, j’ai même envie de pousser les murs ! Au départ, je prenais ce poste comme un plaisir/loisir, mais désormais, j’ai de sérieuses obligations. J’ai un bureau, un comité d’administration, des licenciés… C’est compliqué d’allier ça avec mon boulot de cadre dans la santé, mais la chance que j’ai, c’est qu’entre la création du club en 2003 et aujourd’hui, j’ai la même direction qui m’entoure, des gars de confiance. Nous sommes en pleine structuration, il y a une énorme partie administrative qui prend beaucoup de temps, c’est le challenge quand on évolue au niveau national, et l’arrivée de la DNCG pousse le club à être bon en dehors du terrain, administrativement et financièrement.

Vous pensez que le futsal est important dans le développement du football en France ?MN : Oui. C’est d’ailleurs Frédéric qui le dit toujours : « Le futsal est l’ami des crampons ». On a plusieurs joueurs qui quittent le club pour se mettre au foot à XI. Wissam Ben Yedder est sorti de chez nous, c’est un enfant de Garges qui a fait ses classes à nos côtés. Quand on regarde sa technique, comme sur le but de Martial face à la Croatie, où il participe à un joli jeu à trois décisif, il sait combiner rapidement dans les petits espaces, faculté qu’il doit en partie au futsal. Son évolution est une grosse fierté qui motive tout le club à continuer de développer nos jeunes. Il nous aide même à mettre en place des stages pendant les prochaines vacances d’été, une sorte de parrainage, ça témoigne d’une belle reconnaissance.

Je vais vous dire un truc puisqu’on parle des trucs personnels : je suis alpiniste. Quel rapport avec le foot ? Aucun, mais je suis alpiniste, et c’est ma passion. Je suis aussi chanteur lyrique, c’est une autre passion.

Pour vous, Frédéric, s’immiscer dans le monde du futsal, c’est aussi un défi personnel ?FT : Vous savez, je suis toujours là où on ne m’attend pas. Je vais vous dire un truc puisqu’on parle des trucs personnels : je suis alpiniste. Quel rapport avec le foot ? Aucun, mais je suis alpiniste, et c’est ma passion. Je suis aussi chanteur lyrique, c’est une autre passion, et tout le monde dans le foot me disait : « Mais qu’est-ce qu’il fout, Thiri à aller chanter sur le Théâtre des Variétés machin-chouette ? » Mais je m’en fous, c’est mon jardin à moi, je n’ai pas de projet de carrière, moi, je me vois pas être président de la République dans 40 ans, quoique de toute manière, à 108 ans ce serait compliqué. La règle numéro 1 dans la vie : faire ce qu’on aime et aimer ce qu’on fait, sinon on est malheureux. C’est con, mais là, je suis tellement content d’être présent pour ce match. D’ailleurs, il va être temps d’y aller, messieurs.

Le match se soldera par une défaite de Garges, sur le score de 6-2.

Propos recueillis par Arthur Baudin et Julien Sebag

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