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Faut-il boycotter le secteur visiteurs du Parc ?

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Faut-il boycotter le secteur visiteurs du Parc ?

Conditions d'accueil délétères, tarifs exorbitants en parcage, liberté d'expression limitée, tel est le sombre tableau du Parc des Princes dressé par la plupart des ultras français. Du coup, de nombreux groupes de supporters, pas seulement des ultras, ont décidé cette année de ne pas se rendre à Paris pour encourager leur équipe. Quel bilan peut-on tirer aujourd'hui de ces boycotts en série ?

À l’occasion du match entre le Paris Saint-Germain et Montpellier lors de la dernière journée de l’édition 2013/2014 de Ligue 1, le Parc des Princes était en fête. Une ambiance entretenue par un second titre de champion consécutif, une large victoire (4-0) et aussi l’absence presque totale de supporters montpelliérains. En effet, les deux principaux groupes de fans héraultais, la Butte Paillade et l’Armata Ultras, avaient décidé de boycotter le déplacement. Une surprise ? Pas vraiment car, cette saison, de très nombreux ultras ont déserté l’enceinte parisienne pour diverses raisons : protestation face au prix élevé des places, agacement devant les difficultés faites par le PSG pour l’utilisation du matériel d’animation, soutien aux ultras parisiens tenus à l’écart du Parc, contestation du traitement policier aux abords du stade…

Début octobre par exemple, les Merlus Ultras annonçaient leur boycott du Parc. « Le Parc des Princes est devenu l’antithèse de ce que nous voulons voir dans un stade de football : un stade avec un prix des places exorbitant, une frange des supporters jugée indésirable, une liberté d’expression bafouée au mépris des lois de ce pays » , précisaient les fans lorientais dans un communiqué. Une position suivie par des supporters niçois, lyonnais ou encore lillois dans les semaines et mois qui suivirent.

Beaucoup d’euros, pas beaucoup de matériel

Donatien, un responsable des Dogues Virage Est, revient sur les motifs de ce boycott : « La décision de ne plus se rendre au Parc a été prise dès la saison passée, après notre déplacement à Paris. Lorsqu’on est arrivés au Parc, on nous a demandé de suivre une escorte policière 3 heures avant le match, avant d’être parqués plusieurs heures comme des bêtes, entourés de flics, sans avoir le droit de boire ou de manger. On s’est fait chambouler, insulter, provoquer. » Au-delà du prix réclamé par le PSG (35 euros – voire plus pour les matchs de gala) pour des places en parcage cette saison, c’est surtout la « manière » avec laquelle ils ont été reçus qui a « profondément dégoûté » ces fans du LOSC. « Et il faut savoir que quand on se déplace à Paris, ajoute Donatien, il est impossible de rentrer dans le stade avec les mégaphones, les tambours ou les drapeaux dépassant une certaine hauteur. »

« Une stratégie normale au vu de la politique du club » , enchaîne Guillaume*, un ancien ultra du virage Auteuil, qui ne fréquente plus les travées du Parc. Selon lui, « la direction du PSG a clairement fait baisser l’ambiance au Parc depuis l’instauration du plan Leproux. Et si 500 visiteurs arrivent avec tambours, mégaphones et foutent une ambiance de malade, ça la fout mal pour les gens qui soutiennent que l’ambiance n’a pas changé depuis la disparation des associations de supporters ultras de la capitale » . « Avant la mise en place du plan Leproux, le Parc était peut-être le stade en France où il y avait la plus grosse ambiance » , complète le responsable des DVE. On adorait y aller, c’était fou. Aujourd’hui, l’ambiance au Parc est d’une tristesse… Ça n’a plus du tout la même saveur. La politique globale de sécurité au Parc rejaillit inévitablement sur les supporters visiteurs, que ce soit au niveau de l’accueil, de la fouille. »

Un boycott efficace ?

Mais cette stratégie du boycott a-t-elle véritablement porté ses fruits ? « Malheureusement, j’en doute, explique Guillaume. Aussi louables soient-elles, ces initiatives n’ont qu’un impact limité. Les dirigeants du PSG ouvrent le parcage malgré tout et la présence des supporters adverses ne se fait pas sentir car les rares qui viennent ne mettent pas le feu. Après, c’est sûr que même s’ils venaient, sans tambours ou méga, assurer l’ambiance ne serait pas non plus très facile » . En effet, si à travers cette mesure drastique et douloureuse (les supporters ne se privent pas de ce déplacement de gaieté de cœur), les ultras portent un message de contestation à l’encontre du PSG, des autorités publiques et de la Ligue de football professionnel, il est difficile de juger de l’efficacité de ces différents boycotts. Ils ont même sans doute servi les intérêts du club parisien. En ne venant pas à Paris, les ultras ne concurrencent pas les supporters parisiens dans un Parc qui a perdu en ferveur et ils évitent au PSG d’avoir à gérer des ultras, qu’il ne veut plus voir parmi ses propres supporters.

Dans une séquence de l’émission 90′ Enquête diffusée sur TMC en février dernier, le chef de la sécurité du PSG (Jean-Philippe D’Hallivillée) et le commissaire en charge de la sécurité semblent se satisfaire de cette situation lors de PSG-Lyon. De plus, malgré plusieurs boycotts, il n’y a pas eu de position commune des supporters ou au moins des ultras de France. Plusieurs groupes ont décidé de se rendre au Parc, comme le Kop Rouge de Guingamp, plusieurs groupes marseillais ou les Ultramarines bordelais.

Un soutien aux ultras parisiens ?

Que pensent les anciens abonnés du Parc de ce mouvement de boycott ? Lucas*, un autre ancien habitué du virage Auteuil, est plutôt satisfait : « Je trouve ça intéressant. Ça prouve qu’il n’y a pas que nous à Paris qui nous soucions du sort réservé aux ultras parisiens. On voit ça comme une forme de soutien aux ex-associations et aux contestataires. » Si tous les boycotteurs n’ont pas explicitement soutenu les supporters contestataires du PSG, le Roazhon Celtic Kop rennais a pour sa part dénoncé « des mesures liberticides (…) à l’égard des supporters parisiens historiques. » « C’est dommage ce qui arrive aujourd’hui aux anciens ultras du Parc. Quoi qu’ils fassent, ils sont grillés. S’ils veulent voir un match des jeunes, ils sont grillés, s’ils veulent soutenir les féminines, c’est pareil. Aujourd’hui, pour pouvoir entrer dans un stade, ils sont obligés de ne pas aller à un match de Paris comme ils l’ont fait l’autre jour à Reims. Quand tu en es réduit à aller voir un match Reims-Évian alors que tu es supporter du PSG, c’est qu’il y a quelque chose qui ne tourne pas rond » , conclut le Lillois Donatien, un rien désabusé.

Si ces boycotts n’ont pas infléchi la politique du PSG à l’égard des supporters (adverses et/ou anciens ultras), ils auront au moins mis en évidence une certaine solidarité entre supporters de clubs différents. Souvent pointés du doigt pour leur manque d’unité, les ultras savent aussi parfois se serrer les coudes.

Par Antoine Aubry et Aymeric Le Gall

* Les prénoms ont été changés.

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