Euro 08 – Les Tchèques et mat…
L'Euro 2008 débute enfin. Avec une affiche rouge. Rép'tchèque contre Swiss. Les coucous contre les bocks à bière. Un match équilibré en perspective. Mais première étape assurée de l'élimination de la sélection slave. Tout ça à cause d'un groupe trop dur. Explications.
Postez-vous sur le bord de la A 86 ou du Périph’ Ouest et essayez d’engager la conversation avec les automobilistes à propos des chances des Tchèques à l’Euro. Vous verrez : personne ne s’arrêtera. C’est pas la preuve que c’est des losers, hein !?…
Bon, OK, on va prendre un autre exemple. Petr Cech a dénigré Europass, le ballon officiel de l’Euro : « Ce ballon est imprévisible, je suis sûr qu’on va voir beaucoup de buts de plus de 30m lors de ce tournoi » . Et, ça ! C’est pas une excuse bidon pour justifier a priori une élimination précoce annoncée, hein ?… Ou bien alors ce parano de Karel Brückner, le sélectionneur : comme il voit des espions partout, postés sur les collines qui entourent leur centre d’entraînement de Seefeld (Autriche), il a décidé d’effectuer ses mises en place tactiques sur la partie du terrain la moins visible et d’expliquer le reste au tableau noir, à l’hôtel…Pauvre tache : qu’est-ce que t’as à cacher ? Hein ?
La Tchéquie, c’est simple. Koller marquera au moins un but de la tête sur un centre de Plasil. Donc les Tchèques prendront au moins un point. Et donc ils finiront 3èmes ou 4èmes du Groupe A, éliminés “à l’ancienneté” comme certaines espèces animales comme le loup blanc, le merle blanc, le tigre blanc, le rhinocéros blanc ou la panthère noire blanche. Car c’est la vérité : l’artiste footballeur tchèque disparaît peu à peu. La génération glorieuse de 1996 (Smicer, Poborsky, Nedved) n’a rien gagné et la génération actuelle, moins talentueuse et vieillie (Baros, Cech, Jankulovski, Ujfalusi, Jarolim, Plasil) ne gagnera rien. Et puis il y a la génération de demain, celle des Polack (champion d’Europe Espoirs 2002) ou du jeune “prodige” Martin Fenin, qui finira avant d’avoir commencé. Snif…A Londres, l’humidité rouille les broches et les vis du petit corps rafistolé de Rosicky. Et sur la A 86, personne ne s’arrêtera.
L’Histoire est tragique, disait Raymond Aron. A la base, Dieu a collé d’emblée une sale note en histoire-géo à ce petit peuple pourtant sympathique : la Tchécoslovaquie n’a jamais été qu’un long corridor squatté par Bonaparte, Hitler et Staline. Or, on ne se remet pas de pareilles épreuves.
Même malédiction en foot, hélas : deux finales de Coupes du Monde perdues (1934 et 1962), ainsi que l’Euro 96. Mais, bon, le Tchèque est volontariste, comme le brave soldat Chveik, il “essaye” et c’est là toute sa noblesse : la Tchèque-et-Slovaquie a quand même gagné l’Euro 1976 en tapant en finale la bande à Beckenbauer. L’Histoire est tragique, disait Raymond Aron mais les accidents de l’Histoire sont parfois heureux, comme disait…Euh,…Aaaah, j’ai oublié…
La Rép’tchèque est dans l’autre groupe de la Mort (celui de la France est quand même plus mortel) : y’a le Portugal, la Suisse et la Turquie. Raymond Aron disait qu’il y a plusieurs morts : la mort subite, la mort atroce et la mort lente. En fait, la Tchéquie mourra dans son sommeil, un peu comme au Mondial 2006, dans l’indif’générale…
Avec deux nuls et une défaite, les Boys de Karel Brückner finiront 3èmes ou 4èmes, tout dépendra du goal-average. Dans les buts Cech jouera bien, en défense, Ujfalusi, Grygera, Rozenhal et Jankulovskji feront du bon taf vu qu’ils jouent tous en Italie, au milieu, Galasek, Matejovski, Jarolim et Plasil (meneur de jeu ou montreur d’ours ?) essaieront et devant Koller marquera au moins un but de la tête (on l’a déjà dit) et Baros sera toujours hors-jeu. Tout ça pour rien, en somme.
Voilà. N’achetez surtout pas. Adoptez juste la Tchèque attitude : relisez Kundera (tout Kundera : l’Alchimiste, les Hauts de Hurlevent, les Misérables), pensez bière, vivez hockey sur glace et matez les jolies filles dans les tribunes (elles sont franchement canon).
Chérif Ghemmour
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