Euro 08 – Bons baisers de Russie…
C'est sous un déluge de fin du monde, une pluie de grêlons apocalyptique, qu'a débarqué la sélection russe à Vienne, capitale de l'Autriche. Les Soviétiques délaissent la douceur de Leogang, véritable copie conforme de Twin Peaks, pour la chaleur suffocante du stade Franz-Horr.
Hiddink ne faisant rien comme personne, l’entraînement, prévu à 18h00, commence avec la gonfle. Chaque joueur prend la sienne et tape quelques jongles devant les caméras, plus que tolérées, carrément conviées.
Dans leur demi-finale qui les oppose à l’Espagne, la révolution russe fait désormais figure de favorite, la présence de médias des 4 coins du monde le prouve : des Anglais, des Japonais, même des Brésiliens, tous là pour un voir un joueur. Celui que manifestement ce duo de caméramans français a bien du mal à identifier : « Hey, tu sais qui c’est toi le Arshavin là ? » , « Non, c’est pas le grand là ? » .
Non, le grand, c’est Roman Pavlyuchenko; la perle qui appartient encore pour le moment au Zénith Saint Pétersburg est pourtant immanquable : Andrei est venu faire ses jongles juste devant la tribune presse, tout sauf un hasard.
Pendant ce temps-là, Guus Hiddink tape le ballon, comment dire, pas étonnant qu’il ait eu une carrière médiocre, le geste est lourd, sans élégance et surtout, jongler sans plier le genou, c’est vitre très difficile.
En revanche ses adjoints ont de l’allure : Viktor Onopko, ancien chauve d’Oviedo et Igor Korneiev, attaquant rescapé du Dream Team barcelonais de Cruyff. Autant dire qu’avec Hiddink, qui a coaché Valence, le Real et le Bétis Séville, les Russes parlent le foot espagnol couramment…
Cette séance d’entraînement a des faux airs de représentation, chacun y va de son petit sourire, l’ambiance est détendue. On en oublie presque qu’Arshavin n’a finalement joué que deux matchs dans cette compétition, ce qui pourtant semblerait suffire à l’envoyer du côté du Barça, si l’on en croit les confrères catalans présents sur place.
Au bout de 10 minutes, on se met par groupe de 3, 7 joueurs, sur des terrains dessinés aux plots, longueur 4 mètres sur 4, et c’est parti pour des petits toros, deux joueurs à la récup’. Là encore, sous l’œil des caméras, Hiddink fait le show et participe à l’atelier.
Le duo français continue de régaler « Et tu sais qui c’est le gardien ? » – « Bah c’est le joueur qui est dans les buts non ? » Apparemment, cette chaîne mise sur les meilleurs. Les journalistes ont un côté vintage nostalgique du détail assez élégant, pas rare d’admirer un t-shirt Korea 2002 ou la banane Italia’90. En revanche, si le téléphone est un Nokia 3310, pas de doute, on affaire à un journaliste russe. Putain de nouveaux riches.
Exceptionnellement, la presse a droit à 30 minutes au lieu des 10 habituelles, la délégation russe récompense : on assiste donc à des courses de vitesse, des relais et une belle opposition de deux équipes sur demi-terrain. Finalement la vraie star de cette sélection, c’est son coach Guus Hiddink, alors qu’hier il offrait déjà une conférence de presse, il accepte d’en donner une autre, informelle celle-là car imprévue, en espagnol ou en anglais, Guus se fait plaisir. Comme c’est un type généreux, il en donnera une autre encore demain. Attention à ne pas en faire trop non plus.
Par Alexandre Gonzalez, à Vienne
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