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Eto’o, le Roi Lion de retour
Hobby : footballeur. Profession : vainqueur. Signe particulier : collectionneur de C1. Samuel Eto'o est un footballeur à part. Un type au talent hors-norme qui, malgré sa renommée, échappe au star-system et à la constante guéguerre Messi/Ronaldo, pour revendiquer une éventuelle hégémonie footballistique. Incroyable cette saison sous les couleurs de l'Inter, Samuel dérange. Et si c'était lui le meilleur ?
La nouvelle vie de Samuel Eto’o a commencé le 27 juillet 2009. Un jour d’été paisible, où seuls les mordus de ballon rond ont senti la terre trembler. Ce lundi, le Camerounais rejoint l’Inter Milan pendant que Zlatan Ibrahimovic fait le chemin inverse. Presque deux ans plus tard, il est inutile de préciser que Pep Guardiola et le Barça ont eu le nez aussi fin qu’Alain Roche. L’histoire d’amour catalane terminée, l’heure est au bilan. Le natif de Nkon a planté centre-trente buts en deux cents matches, rempli sa galerie des trophées et été adoubé par les socios, qui l’ont élu meilleur numéro neuf de l’histoire du club. Du Pep, Eto’o passe au Mou. Le respect est le même, mais son rôle évolue. Cantonné à un rôle d’attaquant gauche, pendant que l’étoile filante Milito réalise la saison de sa vie, Samuel score moins et défend plus. L’image sera d’ailleurs restée dans toutes les têtes. Celle d’un latéral gauche camerounais, défendant comme un damné sur la pelouse du Camp Nou, un soir de demi-finale de C1. Une Coupe aux grandes oreilles qu’Eto’o a une nouvelle fois remportée en 2010. Depuis, le Mou s’en est allé et le vrai Samuel est revenu. Des dribbles chaloupés aux sourires, en passant pas une cascade de buts, il n’y a pas de doute possible : le Roi Lion est de retour.
Eto’o, un homme admiré
Plus que la saison du déclic, cette saison est celle de la confiance. Il est assez aisé, lorsque l’on connait le melon du joueur, d’imaginer qu’être relégué à un rôle de faire-valoir par Diego Milito a été difficile à encaisser. Les victoires étaient belles, les moments de partage sincères, mais Eto’o n’était pas Eto’o. Remis en selle par l’éphémère Rafael Benitez, le Camerounais entretient une relation fusionnelle avec son club. Admiré de tous, le joueur, parfois critiqué par la presse, peut compter sur un soutien sans faille des siens… Lorsqu’il s’agit de monter au créneau quand son attaquant traverse un match face à la Juventus, Leonardo sait y faire : « Il faut du courage pour critiquer Eto’o. Il a planté vingt-sept buts cette saison. Ça peut arriver de manquer de réussite sur un match, mais vous ne pouvez pas parler de problème Eto’o. Il n’existe pas. Vous essayez d’attaquer l’Inter en attaquant le joueur » . Oui, attaquer Eto’o, c’est attaquer l’Inter version 2010-2011 de Massimo Moratti. Un président qui ne manque jamais de superlatif pour parler de son « fantastique » Camerounais. Comparé à George Weah, « avec un meilleur sens du but » , par son entraîneur, Eto’o n’est pas seulement le chouchou de la classe dirigeante. Il est également apprécié de tous ses coéquipiers.
Eto’o le bon copain
Un sourire enfantin, une bonne relation avec la presse et des mots toujours aussi justes que ses frappes devant le but. Samuel Eto’o est un mec simple, sauf quand il s’agit de motiver ses coéquipiers de la sélection en leur offrant des montres de luxe. Si cela fonctionne à l’Inter, c’est que contrairement à Zlatan au Barça, la mayonnaise a pris entre Eto’o et la casa nerazzurra. Le symbole de cette adaptation réussie est sans conteste l’amitié sans faille qui lie le Camerounais à Marco Materazzi. Malin, Samuel sait aussi profiter de cette casquette de « mec sympathique » pour le bien de son club et de sa carrière. Quand en novembre 2010, il assène un coup de boule à Bostjan Cesar, le scandale ne dure qu’une journée. Ironie du sort, même Materazzi excuse le geste : « Eto’o ? C’est pas un mec comme ça. Ce n’est pas comme Zidane, il s’est excusé et s’en veut beaucoup, c’est un type extrêmement sympathique pour lequel j’ai beaucoup d’affection » . Aimé de la planète foot, Eto’o cultive cet amour, lui qui était parmi les premiers à envoyer un message de soutien à Eric Abidal et à prendre des nouvelles après l’opération afin de rassurer les trois cent cinquante invités d’un diner de gala organisé par sa fondation le 17 mars dernier. Bon copain, Eto’o est également et surtout un sacré joueur de football.
Eto’o la classe
Passeur, créateur, buteur. Cette année plus que jamais, Samuel Eto’o affole les compteurs. Mais pas seulement. En confiance, le joueur est tellement à l’aise dans ses pompes qu’il ferait passer n’importe quel défenseur d’une Serie A pourtant réputée si difficile pour les attaquants, pour un vulgaire plot. Cette année plus que jamais, le foot parait trop facile pour lui. Éternel buteur (dix-neuf buts en vingt-sept matches de Serie A), Eto’o, en duo avec Sneijder, se prend à créer, imaginer et façonner. Un Eto’o 2011 dont Pazzini, Maicon et tant d’autres sauront profiter à l’orée d’un derby certainement décisif dans la course au Scudetto. Leonardo, encore : « Samu a gagné plusieurs Champion’s League. Il a une grande expérience. Il est très certainement l’un des meilleurs joueurs du monde, même si les gens ont tendance à l’oublier lorsqu’ils abordent ce sujet » . Le coach intériste le sait, il tient en Eto’o un joueur d’exception. Peut-être moins spectaculaire que Messi ou Ronaldo, mais tout aussi efficace et surtout, décisif. Car Samuel est un type qui gagne. Un homme qui peu importe la saison qu’il est en train de réaliser, ne donnera que peu d’importance au résultat si la Ligue des Champions et/ou le Scudetto lui échappent. Et ça, San Siro apprécie. Samuel Eto’o, ou l’homme qui fait vibrer et frissonner un public qui tenait des propos racistes à l’égard de Mario Balotelli la saison passée. A tous ceux qui ont un jour avancé qu’ « il n’y a pas d’Italien noir » : aujourd’hui, la plupart d’entre eux donneraient mère et femme pour que Samuel Eto’o comble le vide laissé en pointe de la Squadra Azzurra.
Swann Borsellino
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