Espagne : la coupe n’est pas pleine

La Seleccion espagnole capitalise sur son succès suissautrichien. Pour préparer la Coupe des Confédérations, la RFEF n’a en effet rien trouvé de mieux que d’accepter un match amical à Baku, capitale de l’Azerbaïdjan. Pour applaudir les Torres, Villa, Xavi et Casillas, les Azerbaïdjanais ont dû signer un gros chèque de 850 000 euros. Un véritable cadeau empoisonné pour les joueurs. Vicente Del Bosque a pourtant tenté de faire bonne figure à l’orée du dernier match avant de rejoindre l’Afrique du Sud et sa Coupe des Confédérations : « Nous sommes ici pour nous retrouver un peu, nous amuser et effectuer quelques petits réglages » . Face à une équipe dirigée par Berti Vogts et dont la principale qualité est habituellement son assise défensive (lors des éliminatoires du Mondial, l’Azerbaïdjan a seulement reçu une petite “correction” face à la Russie : 2-0), l’Espagne s’est imposée facilement et sans vraiment se décoiffer : 0-6. Suivant !

Auteur d’un triplé, Villa est désormais le troisième meilleur buteur historique de la Seleccion derrière Fernando Hierro (29 buts en 89 sélections) et Raul (44 buts en 102 capes). En claquant son 28ème pion en 44 matchs, le sosie de Jean-Pascal s’est encore affirmé comme le véritable Matador de l’Armada rouge, n’en déplaise au “Nino”. Grâce à son carton, l’Espagne a surtout dépassé la Seleccion de l’infâme Javier Clemente. Elle égale par ailleurs le record d’invincibilité de 32 matchs détenu par l’Argentine (entre février 91 et août 93) et surtout de la Hongrie des mythiques Puskas et Kubala (de juin 1950 à juillet 1954). Pour rejoindre les Brésiliens, recordmen absolus du nombre de matchs sans défaite avec 35 unités (décembre 93 à janvier 96), l’Espagne devra absolument passer le premier tour de la Coupe des Confédérations. Ça tombe bien, ses prochains adversaires sont assez accessibles : Irak, Nouvelle-Zélande et Afrique du Sud.

La dernière défaite de l’Ibère-nation remonte ainsi au 16 novembre 2006, contre la Roumanie. Deux ans et demi se sont écoulés depuis, avec un titre de champion d’Europe à la clé. Aujourd’hui, le sacre n’est pourtant plus qu’un souvenir. Pour tous les joueurs de la Roja, la saison a été longue et difficile. Les Blaugranas sont épuisés physiquement, les Madrilènes également, et que dire de leur mental. Pour ne rien arranger, certains cadres de la sélection comme Xabi Alonso, Fabregas, Villa, Silva, ou Albiol ne savent toujours pas où ils joueront la saison prochaine.

A quelques jours du départ vers la nation arc-en-ciel, Del Bosque a donc demandé à toute sa petite troupe d’arranger ses petites affaires afin de rentrer dans la compétition l’esprit libre : « Je suis agréablement surpris par la forme de mes joueurs, mais c’est dans leur tête que ça coince. Les histoires de contrats, de salaires et de départs doivent être réglées dans les prochains jours, sinon je vais avoir du mal à capter leur attention » . Loin d’être serein, l’ancien entraîneur des Galacticos doit également composer avec de nouveaux joueurs pour mettre en place son schéma tactique. Iniesta et Marcos Senna, blessés, vont en effet cruellement manquer à cette équipe. Pour remplacer deux de ses piliers, le moustachu a donc fait appel au jeune Busquets et à Pablo Hernandez, la petite pile de Valence. En défense, Piqué, Sergio Ramos et Capdevila sont présents, mais toujours convalescents. C’est donc toute une colonne vertébrale que Vincent Dubois va devoir repenser. Il y a mieux pour préparer une compétition…

Même mineure. Les Espagnols ont d’ailleurs déjà averti qu’ils ne partiraient pas d’Afrique du Sud sans le trophée. « Je n’y vais pas pour faire du tourisme mais pour gagner. Les vacances, ce sera après avoir soulevé la Coupe » prévient Villa, le futur Merengue. Pour la Seleccion, la participation à la Coupe des Confédérations n’est pas vécue comme un simple bonus, mais plutôt comme un devoir. Il s’agit d’asseoir un statut de favori et de faire peur à de probables adversaires en 2010, comme les Italiens ou les Brésiliens. Redevenue ambitieuse avec son deuxième titre de championne d’Europe, la Seleccion a réussi à rallier presque tous les Espagnols sur les sentiers de la gloire. Il s’agit donc de ne pas décevoir un public avide de nouvelles ivresses. La Coupe des Confédérations est également le moyen de boucler de la plus belle des manières la plus fantastique saison que le football espagnol ait jamais connue, avec le sacre européen de la Roja, le triplé historique du Barça, et le retour des Galacticos de la main de Florentino Perez.

Pour y parvenir, Del Bosque sera donc obligé de puiser dans son réservoir de “Jugones” (petit joueurs techniques), pour instaurer de nouveau le flamboyant tiki-taka. Silva, Xavi, Fabregas, Cazorla (de nouveau sur pieds), Hernandez, Mata, Xabi Alonso ou Busquets se disputeront certainement des places en milieu de terrain. Un problème de riche pour Del Bosque…

Pour ce qui concerne la défense, VDB devra jongler avec les blessés. Pour l’heure, le remplaçant d’Aragones a seulement deux certitudes : son duo d’attaque, Villa–Torres et son schéma tactique. Un 4-4-2 qui devrait, selon toute vraisemblance, muter en 4-5-1 si les choses vont bien… Grâce à sa technique, sa créativité en milieu de terrain, sa gestion des temps forts, quelques cracks et un soupçon de vivacité, l’Espagne espère boucler l’année 2009 comme elle l’avait fait en 2008 : en gagnant. Encore faut-il le faire…

Les convoqués :

Gardiens : Iker Casillas, Pepe Reina y Diego López.

Défenseurs: Carles Puyol, Gerard Piqué, Carlos Marchena, Sergio Ramos, Joan Capdevila, Raúl Albiol et Álvaro Arbeloa.

Milieux de terrain: Xabi Alonso, Xavi Hernández, pablo Hernandez, David Silva, Sergio Busquets, Cesc Fábregas, Albert Riera, Santiago Cazorla et Juan Manuel Mata.

Attaquants: David Villa, Fernando Torres, Dani Güiza et Fernando Llorente.

L’équipe-type probable : Casillas, Sergio Ramos, Puyol, Albiol ou Piqué, Capdevila, Xavi, Fabregas, Xabi Alonso, Silva, Villa, Torres