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Eric Thomas : « Le Graët aurait démissionné s’il y avait un peu d’éthique et de conscience à la FFF »

Propos recueillis par Quentin Ballue
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Réuni mercredi, le comité exécutif de la Fédération française de football a acté la mise en retrait de Noël Le Graët et la mise à pied à titre conservatoire de Florence Hardouin. Pas vraiment convaincant pour Eric Thomas, président de l'Association française de football amateur (AFFA), qui appelait à une démission du patron de la FFF.

Comment accueillez-vous les annonces du comex ? C’est une première étape. Après, ils pouvaient difficilement faire moins. Je souhaitais qu’ils prennent leur responsabilité, ils ne l’ont pas fait. Ils n’ont pas pris de décision. Je suis assez circonspect face à la mise en retrait de Noël Le Graët. Je rappelle que les douze membres du comité exécutif de la fédération ont tous été élus sur la même liste, ce sont des gens qui travaillent ensemble, qui se protègent mutuellement.

Il faut qu’au sein du comex, il puisse y avoir des garde-fous, des voix alternatives qui puissent s’exprimer.

Un membre du Comex, Eric Borghini, a cependant demandé à ce que Noël Le Graët démissionne.Ce n’est pas beaucoup, un sur douze… C’est pour ça qu’il faut une démocratie, par et pour les clubs, ce qui n’est pas le cas aujourd’hui. Les 14 000 clubs amateurs n’ont aucune voix lors des élections à la Fédération française de football. C’est une injustice qu’il faut réparer dans les plus brefs délais. J’espère que dans le futur comex, il y aura aussi une place réservée à d’autres listes, qui présenteront des projets alternatifs à celui qui émane directement des clubs professionnels. Il faut qu’au sein du comex, il puisse y avoir des garde-fous, des voix alternatives qui puissent s’exprimer.

À l’image, par exemple, de l’Assemblée nationale ?Pour moi, le meilleur modèle, c’est le modèle municipal. Vous avez une majorité stable et une opposition qui siège et s’exprime. À la FFF, je rappelle que ce n’est pas une élection, mais une désignation. Quand on a 216 grands électeurs censés représenter 2,5 millions de licenciés et que les 14 000 clubs amateurs n’ont aucune voix, ce n’est pas une élection. C’est pour ça que j’appelle de mes vœux une révolution démocratique dans les plus brefs délais. La FFF ne ressemble pas à la société française, contrairement aux clubs et aux équipes, qui sont divers.

Il y a une mise en retrait de Noël Le Graët, mais pas une démission, que vous réclamiez.C’est une mise en retrait qui ressemble plus à une mascarade. C’est un petit arrangement entre amis. Évidemment, s’il y avait un peu d’éthique et de conscience à la FFF, la première réaction d’un président responsable face à l’ensemble des éléments accablants, ce serait une démission. C’est ce qu’on demande toujours à l’AFFA. Cette mise en retrait est une première étape, mais juridiquement, ça ne veut rien dire. On a un président intérimaire qui va assumer à la fois les fonctions de président et de directeur général, ça n’a aucun sens. Soit le président est de trop, soit le directeur général est de trop. Attendons les résultats de l’audit, mais franchement, la montagne a accouché d’une souris, parce qu’on n’est pas dans un système démocratique.

Vous ne trouverez pas un président, un dirigeant bénévole, un éducateur, pour vous dire du bien de Noël Le Graët et de son action en faveur du monde amateur.

En théorie, Noël Le Graët a toujours la possibilité de revenir suivant les conclusions de l’audit.Bien sûr, une mise en retrait, ce n’est pas un départ. Quand Noël Le Graët a pris les rênes de la FFF, il y avait plus de 19 000 clubs en France. Aujourd’hui, c’est 13 000 selon les derniers chiffres. En onze ans, 6000 clubs amateurs ont mis la clef sous la porte, c’est ça le bilan de Noël Le Graët. Dans le monde amateur, vous ne trouverez pas un président, un dirigeant bénévole, un éducateur, pour vous dire du bien de Noël Le Graët et de son action en faveur du monde amateur. Quand la FFF ou les présidents de ligue fanfaronnent avec le chiffre de 100 millions d’euros en faveur du foot amateur, c’est une communication fallacieuse. La réalité, c’est 14 millions d’euros pour les clubs amateurs avec le fonds d’aide aux clubs amateurs, le FAFA, qui a baissé ces dernières années.

Financièrement, vous n’avez pas bénéficié des bons résultats des équipes de France ?Dans le football, le ruissellement se fait à l’envers. Ce sont les clubs amateurs qui financent l’administration du football. 70 euros par licence et 2,5 millions de licenciés, on est autour de 150 millions d’euros que font remonter les 13 000, 14 000 clubs amateurs. 150 millions d’euros sont pris directement dans les caisses des clubs avec les amendes disciplinaires, les inscriptions des équipes – quand vous inscrivez une équipe U12 en championnat départemental, vous payez l’inscription, etc. L’imagination de nos instances est sans limite pour les amendes disciplinaires. Dans ma ligue, si le président ne participe pas à l’assemblée générale, il a une amende. S’il donne son pouvoir au président du club voisin, il est quand même amendé. Et je ne parle pas des frais d’arbitrage. Tout ça engendre 150 millions d’euros. La FFF donne 14 et prend 150.

Aujourd’hui, la ligue de football amateur, c’est une coquille vide. Je demande qu’elle devienne l’alter ego de la LFP afin que le football français marche enfin sur ses deux jambes.

Ce qu’on voit depuis plusieurs jours, ça peut être le coup de pied dans la fourmilière qui permet de repartir sur de bonnes bases ?Il y a un gros travail de fond à faire avant de repartir sur de bonnes bases. On arrive peut-être à un carrefour. La base de la pyramide est en train de s’écrouler. S’il y avait véritablement 100 millions d’euros en faveur du foot amateur, on n’aurait pas perdu 6000 clubs en onze ans. J’en appelle à de véritables états généraux du football pour que professionnels et amateurs puissent parler ensemble de leur vision d’avenir du football français. La base, ce sont les clubs amateurs, les bénévoles, les éducateurs. Avant de faire des footballeurs, dans les clubs, on fait des citoyens. Ce sont aussi les premiers artisans des victoires des équipes de France, et on les décourage plus qu’on les encourage. Aujourd’hui, la ligue de football amateur, c’est une coquille vide. Pas de personnalité morale et juridique, pas de budget, pas d’action. Je demande qu’elle devienne l’alter ego de la LFP afin que le football français marche enfin sur ses deux jambes.

Le contexte actuel vous semble propice à ce qu’un mouvement pour la révolution que vous appelez se mette en branle ?Je l’espère.

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