- International
- France
Bleus : que des numéros 8 dans ma team
Avec la retraite internationale d’Antoine Griezmann, l’équipe de France se retrouve privée de son dernier meneur de jeu. Question : où sont passés les joueurs créatifs des Bleus ?

C’est une donnée qui n’aura échappé à personne le 13 mars dernier. À mesure que Didier Deschamps égrainait les noms des milieux de terrain qui composeront le contingent français pour cette trêve du printemps 2025, aucun meneur de jeu n’est sorti de la bouche du sélectionneur. Ou plutôt un seul, le petit nouveau de la bande, Désiré Doué. Pour le reste, nous retrouvons Adrien Rabiot, Warren Zaïre-Emery, Aurélien Tchouaméni, Eduardo Camavinga, Mattéo Guendouzi et Manu Koné. Autant de récupérateurs que de relayeurs, capables de gratter la gonfle sur un coup d’épaule et de casser la ligne en accélérant, mais qui ne peuvent se targuer de développer le jeu pour alimenter les attaquants. Une anomalie au pays de Platini-Zidane, et qui interroge sur la capacité des Bleus à se trouver encore quelques intellectuels du jeu.
Face à la Croatie (20 et 23 mars), Deschamps devra pourtant se hâter à la tâche. À l’automne dernier, après le départ d’Antoine Griezmann, le technicien avait essayé trois joueurs dans cette position : Michael Olise, Manu Koné et Christopher Nkunku. Seul le premier a réellement donné satisfaction. Koné, lui, reste dans un registre plutôt défensif, tandis que Nkunku peine encore à stabiliser sa place dans la rotation. Pour autant, estimer que Michael Olise est un numéro 10 en puissance relèverait de la précipitation. Habitué à occuper le couloir – droit notamment – le joueur du Bayern Munich ne remplit que sporadiquement les qualités d’un réel soutien de l’attaquant. Ne reste alors que l’interrogation Désiré Doué, tout juste débarqué chez les A.
« Désiré Doué n’est pas un joueur axial »
Comme Olise, le Parisien a avant tout brillé grâce à ses prestations d’ailier. C’est en tout cas comme cela que Luis Enrique lui a prodigué le temps de jeu qui l’a aujourd’hui amené en sélection. Joueur de un-contre-un et de semelle, à défaut de réellement prendre la profondeur, Doué pourrait donc pâtir de ces qualités au moment de voir son nom couché sur la feuille de match. Celui qu’on compare à Neymar dispose cependant de la palette nécessaire pour devenir le prochain distributeur des Bleus, mais ce ne sera pas pour tout de suite. Avec son sens des statuts, Deschamps ne se risquerait certainement pas à le lancer dans le grand bain, si ce n’est pour quelques minutes. Et avec scénario favorable. « Entre côté et axe, je ne suis pas persuadé que ce soit un joueur axial. Sur les côtés, oui, au milieu aussi. À lui de confirmer tout ce qu’il a fait de très bien jusqu’à maintenant », a d’ailleurs posé DD en conférence de presse.
En attendant de digérer l’après-Griezmann, l’équipe de France va donc devoir la jouer simple pendant un moment. En 4-3-3, avec deux ailiers (Mbappé, Dembélé ou Barcola), les Bleus peuvent se permettre d’évoluer sans meneur. L’attaquant de pointe saura être alimenté via ces mêmes couloirs ou aura la liberté de décrocher façon faux 9. Ousmane Dembélé et Randal Kolo Muani semblent être les mieux armés pour assumer la fonction, l’attaquant du PSG étant d’ailleurs utilisé dans ce registre en club, là où il paraît enfin s’épanouir. Pas de quoi s’extasier donc, tant le manque d’inspiration plane sur le système Deschamps depuis plusieurs mois. Et si l’on peut se passer d’un meneur pour des matchs de Ligue des nations, il ne faudrait pas que cela devienne une (mauvaise) habitude. Car la Coupe du monde arrive dans un an à peine, et la France n’a jamais brillé dans cette compétition sans un meneur digne de ce nom.
Croatie-France : le diable se cache dans le banalPar Adel Bentaha