EDF : Le putsch de Ribéry…

Ça s’est passé dimanche, en fin de matinée, sur “Téléfoot”… Studio improvisé dans un pauvre local d’une pauvre rue de Kaunas. A travers la vitre, des supporters bretons “abrutis” beuglent des joyeux « Domenech ! Domenech ! » pendant que le sélectionneur sacrifie à la rituelle interview “Je vous emmerde” adressée à Jeanpierre & Astorga.

Après la pub, Scarface et Guido (Ribéry et Gourcuff), sourires carnassiers, affrontent la paire journaleuse. Visiblement, Ribéry et Gourcuff s’apprécient beaucoup. C’est surtout Francky qui parle, Gourcuff fait tournoyer sa pièce, prêt à larder Astorga de coups de couteaux. Pas la peine : les questions vont dans le sens du discours de Ribéry. Sûr de son fait, “Lascarface” accueille avec magnanimité tous les compliments de Jeanpierre & Atorga, sans douter de lui une seule seconde : meneur, leader, génial, boute-en-train, buteur… Francky prend tout, accepte tout. De temps en temps, une question pour Yoann. Il lâche sa pièce et bredouille des « Ben ouais ! » , des « Pas vu, pas pris ! » , des « C’est le coach qui décide ! » . Quel coach, au fait ? Franck Ribéry, bien sûr !

Le putsch se joue là, sous nos yeux : Ribéry et Gourcuff règlent en direct leur compte au Parrain (Domenech) et à son protégé (Titi Henry). Francky répète pour la 1000ème fois que le côté droit, c’est fini. Qu’il veut jouer à gauche, bordel ! Gourcuff acquiesce du regard. Normal : Yoann, lui, veut jouer dans l’axe. Et le côté droit ? Ils s’en foutent royalement : même un Giuly fera l’affaire. OK, mais le côté gauche, c’est Thierry Henry, non ? Qu’il aille se faire voir aux Arsenaux ou au Gnou Camp, le Titi ! « Le côté gauche, c’est pour moi ! » , semble répéter Francky pour la 1000 et unième fois. Faut donc faire jouer Henry seul en pointe ? « Même pas : quand on centre, il est rarement là. Mettez-nous un Hoarau ou un Trézeguet, ou n’importe quel mec qui s’est fait tatouer un vrai 9 dans le dos » , semble vouloir dire Gourcuff…

Évidemment, tout ceci est exagéré. Et pourtant… Samedi soir, sur le terrain de Kaunas, on a bien vu la relation privilégiée qui unissait Ribéry et Gourcuff. Comme à Constanza, contre la Roumanie, où ils avaient marqué chacun sur passe de l’autre, ils ont remis ça contre les Lituaniens : Yoanna servi Francky qui a planté. Plus précisément, Gourcuff a trouvé Ribéry 15 fois mais il n’a trouvé Henry qu’à 5 reprises.

La complicité entre les deux amoureux était telle qu’ils combinaient à l’aise sur le côté gauche, reléguant Titi au rôle intermittent de “relayeur” (l’insulte). Encore mieux : quand Ribéry prenait l’axe, Gourcuff glissait souvent à gauche (pour rééquilibrer dans le couloir) ou bien à droite. Pas besoin de faire un dessin : Thierry Henry ne sert plus à rien.

Aujourd’hui, Ribéry cavale plus vite que Titi et lui n’a pas besoin d’être lancé pour mettre le souk dans les 30 derniers mètres. A terme, dans le système de Domenech, Titi devient un simple joueur de timing et de coaching : il peut servir vers la 78ème minute, quand Ray Strange fait entrer son premier remplaçant. Parce que malgré tout, Titi peut être encore utile.

Et le brassard ? Pour Francky aussi ! Il le veut et il l’aura. Le capitanat n’est plus pour Vieira : c’est quasi plié, Pat ne reviendra plus au top, comme avant. Gallas n’a pas l’étoffe non plus. Le brassard encombre Thierry Henry. Trop égoïste pour ça. Normal, c’est avant tout un attaquant, un buteur. Alors, être responsable pour les autres, ça le fait pas… Henry n’est pas fait pour être capitaine : aucun “sourire”. La phrase de Ribéry à Clairefontaine, avant le match à Kaunas ( « On ne s’éclate pas assez » ), n’était en fait pas si anodine. Où est le sourire de Titi ? Au sens “banane” du terme. C’est aussi une question de mentalité et d’influence auprès des coéquipiers de l’Équipe de France et dans leur jeu. Francky parle et agit : les autres l’écoutent et le suivent. Aujourd’hui, la dynamique chez les Bleus, c’est Ribéry. Pour le meilleur et pour le pire (Francky devient très mégalo). Sinon, qui d’autre ?

Voilà, ça s’est fait tout seul : Gourcuff est arrivé sans prévenir, cette saison. Avec Ribéry, ils se sont trouvés et il n’y a plus de place à terme pour Henry. Francky jouera à gauche, Yoann dans l’axe, derrière un vrai N° 9 (n’importe qui sauf Titi), et à droite, on verra bien. Et puis Francky et Yohann pourront permuter quand ils le voudront. Le système Domenech (tout le front de l’attaque pour Titi) est en train de s’écrouler de l’intérieur. Si Ray Perfecto parvient à comprendre ça, il peut se retrouver en finale, comme en 2006… Ray Philo avait bien compris que Zizou-Makélélé étaient redevenus les boss des Bleus, à la place de Thierry Henry, son chouchou, alors…

Aujourd’hui, c’est pareil : les nouveaux boss sont Francky et Yoann. Ribéry-Gourcuff, ça ne marchera peut-être pas tout le temps, pas à tous les coups. Mais devant, il y aura moins d’incohérence et il n’y aura plus cet encombrement à gauche (trois joueurs : Titi, Yohann et Francky… sans compter Evra !). Il n’y aura plus non plus de vide devant les buts parce que Henry n’est pas là. Et après ? Et après, The world is yours ! Dans le premier film “Scarface” de 1932, un énorme néon clignotait en haut d’un building de Chicago : “Le monde est à vous” !