EDF : Bleus pétrole
Ce France – Angleterre était le dernier match avant les choses sérieuses. Voilà, il n y a plus trop d'illusions à se faire sur comment se présentera l'Equipe de France à l'Euro.
Benzema, Henry, Viera et Sagnol forfaits, la bande à Raymond avançait donc ainsi : Coupet – Abidal, Gallas, Thuram, Clerc – Malouda, Makélélé, Toulalan, Ribéry – Anelka, Trézéguet.
442 classique de chez classique. Coupet dans les bois, certes moins bon depuis son retour de blessure, mais qui demeure le meilleur gardien français. Landreau, sifflé par le « public » du Stade de France, ne fait plus rire qu’Alonso (lors du match contre Bastia, le Parc scandait ainsi « Alonso à l’Euro ! » , ambiance…). Frey s’est grillé, Mandanda ne s’est pas montré des plus rassurants lors de sa mi-temps face au Mali, Lloris attendra.
Devant Greg, une charnière Thuram – Gallas. William est indiscutable, Lilian un peu moins. On peut craindre le syndrome Desailly Euro 04. Toutefois, si Tutu fait parfois flipper les Catalans, il demeure irréprochable en sélection. Sa présence est rassurante et sans doute nécessaire pour le groupe France. Le capitaine, c’est lui. Et puis, s’il commence à se chier dessus, LUI aura l’intelligence de se mettre de lui-même sur la touche. Alors tant pis pour Philou Méxès et tous les esthètes qui défendent sa cause, mais Lilian est toujours là, et bien là.
L’autre solution serait de recentrer Abidal et d’introniser Clichy ou Evra au poste de latéral. Cependant, en Equipe de France version Domenech, on sait très bien que les latéraux sont avant tout là pour défendre. Toutefois, il faut également se rappeler qu’à l’époque, il n’avait pas omis de recentrer Gallas dans l’axe et de titulariser Abidal peu de temps avant la Coupe du Monde. Mais ce choix-là était vraiment indiscutable. Abidal à gauche donc, d’autant que Malouda devant lui. A droite, il est temps que Sagnol revienne pour mettre fin à l’imposture François Clerc. C’est marrant cinq minutes, mais faut pas déconner.
Au milieu, Toulalan a profité des multiples forfaits de Patrick Vieira pour s’imposer. Toulalan – Makélélé, Makélalan donc, ça marche du tonnerre. Jérémy est aussi bon que Claude, c’est dire. Ils récupèrent tout ce qui bouge, coupent les lignes de passes, pressent, verrouillent le truc façon Fort Knox et permettent à la charnière de voir venir. La seule solution face à un duo pareil est de sauter les lignes pour vite trouver un attaquant rapide qui fasse souffrir Lilian à la course. Mais comme peu d’équipes européennes se le permettront et que Samuel Eto’o est camerounais, on peut voir venir. Bref, Toulalan est tellement fort que le retour de Vieira apparaît comme un problème. Peut-il être aussi fort que le Gris de Toul ? De toute façon, il se peut que la question ne se pose pas, Vieira aka Grand Corps Malade, qui n’a pas aligné trois matchs de suite depuis deux ans, pourrait bien être forfait pour le service. Et ce ne serait vraiment pas dramatique. D’autant que Toulalan, d’apparition en apparition avec les Bleus, semble à même de prendre davantage le jeu à son compte. De monter balle au pied, d’aller porter le danger, d’éliminer, de jouer long voire de frapper de loin. Ce ne serait pas du luxe. Mais le prédateur Vieira renaît toujours à l’aube des festins continentaux. Bref, un problème de riche !
L’animation offensive n’est par ailleurs pas des plus subtiles. Là est le vrai débat. On le sait, rien ne sert de se lamenter, les Bleus ne joueront pas pour régaler l’égoïste romantique.
Pas de dédoublements, de passage handball sur toute la largeur, de recherche des ailes, de transversales, de jeu long, de centres. Le jeu de l’Equipe de France, c’est d’avoir quatre lascars à même de percuter, d’avancer, de gagner des yards. Donc Ribéry, évidemment. Et Florent Malouda à gauche. On a beau dire et lui chier dessus, il s’agit du meilleur choix à ce poste. Rothen centre certes mieux, mais va moins vite, moins fort et moins souvent.
Ben Arfa ne défend pas et Nasri n’est pas fait pour ce poste. Samir, c’est exactement ce qu’il nous faudrait pour la jouer revival Zizou, avec un meneur dans l’axe mais ce ne sera pas pour tout de suite. Le minot est un peu juste et n’a encore jamais frappé personne. Bref, Malouda. Et Ribéry, évidemment. Lascar Face est le vrai moteur de cette équipe, sans doute le futur joueur de l’Euro suissautrichien. Pas pour rien qu’il est allé le préparer en Bavière, kiki Francky. A droite, à gauche, n’importe où, n’importe comment, le poste est pour lui. Et même dans l’axe, en meneur, pourquoi pas, comme on l’a vu contre les Rosbeefs une fois Govou entré en jeu.
Mais cela obligerait Domenech à jouer à nouveau avec un seul attaquant. Thierry Henry donc, Guivarch’ moderne, donc de sacrifier Anelka au profit de Govou, ou Nasri. Hum. Même si historiquement les Bleus gagnent en 451, cette fois, cela semble tendu. Reste l’alternative Ribéry à gauche. Après tout, c’est son côté au Bayern et cela permettrait d’envisager autre chose que Malouda, soit un zeste de technique supplémentaire.
Dès lors, qui pour ambiancer à droite ? Govou ? Ce serait sympathique, mais Sidney n’est pas foncièrement meilleur que Malouda. Qui d’autre ? La solution a des petits bras, ressemble vaguement à Mini Britney et s’appelle Mathieu Valbuena. A son tour, il pourrait devenir le Marseillais qui force son destin, du foot local à une place de titulaire en Equipe de France. Une fois de plus, tout dépend de Jean-Pierre Pernaut.
On passe à l’attaque. L’Equipe de France est toujours organisée en fonction de son meilleur joueur « officiel » , Moooossieu Thierry Henry. Problème, l’animal n’est plus vraiment au top du hip-hop. Il est plutôt lounge en ce moment. Hôtel Costes à Barcelone. Reste que l’équipe est toujours pensée pour lui. Enfin pour ce qu’il était. On joue bas, et zou, on se projette dans la profondeur. On l’a vu avec l’entrée de Cissé. Djibril le branque, en dix minutes, s’est montré plus dangereux que Trézéguet en soixante. Catastrophique mais logique. Henry devant donc. De toute façon, s’il n’avance vraiment plus, Karim Benzema est dans la place.
Reste Nicolas Anelka. L’ancienne tête de turc du foot français pourrait bien être son sauveur. Sa technique superlative a sauvé de la torpeur le match contre l’Angleterre. Ses prises de balle, son sens de l’élimination, du jeu dans les intervalles apparaissent comme salutaires. Mieux, ses décrochages donnent tout son sens à l’organisation de l’Equipe de France. Parfait pour ce rôle de neuf et demi, Nico occupe à merveille l’espace laissé vacant entre les milieux défensifs et l’attaque. Sous l’impulsion du “Trappésiste”, cette zone, un peu vide au départ, reprend alors des couleurs. Le carré de coloriage pourrait même s’avérer des plus jolis, pour peu que Toulalan laisse à Makélélé le rôle de la gomme et prenne la palette en main, que Malouda et Ribéry s’amusent comme des gosses à déborder du cadre et qu’Henry colle les pastilles. A croire que l’instit’ Domenech sait ce qu’il fait…
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