E.Cissé : «Une putain de bonne nouvelle»

T’es où là ? Il y a un boucan de tous les diables derrière toi… Ben, écoute, là, je suis à la cantine avec tous les joueurs du Besiktas. On mange tous ensemble, c’est une tradition du club. Il nous reste un déplacement à Denizlispor, dimanche, où un nul nous suffit pour arracher le onzième titre du club. Même une défaite pourrait nous garantir d’être champions puisque Sivasspor doit absolument s’imposer à Galatasaray avec deux buts d’écart pour espérer le titre. Alors, on est plutôt tranquilles…

Ce titre, il est presque inespéré… Oui et non : le Sivas et Trazbonspor ont mené la quasi totalité du championnat. Notre coach nous disait de ne pas lâcher, que seul comptait le money time. Lui, il y croyait vraiment parce qu’en janvier, on comptait 7 points de retard sur Sivasspor et 6 sur Galatasaray. Finalement, entre les trois équipes de tête, cela s’est joué à peu de choses. Lentement, on a rogné notre retard et on est passés devant il y a trois journées, soit au moment opportun.

Le Sivasspor est resté longtemps en tête. Ils ont eu peur d’un premier titre historique (1)… Pour en avoir discuté avec Toum, l’ex-attaquant de Metz, je ne crois pas. Ils jouent sans pression avec l’appui inconditionnel de leurs fans. D’ailleurs, ils ont battu Trazsbonspor (3/0) il y a deux semaines dans un match décisif. Le titre s’est peut-être joué sur deux week-ends, il y a un mois, sur quasiment rien : on a perdu tous les deux le premier week-end de mai et la semaine suivante, ils se sont inclinés de nouveau. Avant et après, ces deux derniers mois, on a eu des résultats équivalents.

Comment expliquer les saisons sans relief de Fenerbahçe et Galatasaray ? J’en discutais dimanche dernier avec Milan Baros et Shabani Nonda. Chez les Cim Bom comme à Fenerbahçe, la mayonnaise entre Turcs et étrangers n’a pas fonctionné. Les deux équipes ont payé leur présence en coupe d’Europe aussi et Galatasaray a dû composer avec d’innombrables internes. Son défenseur portugais Meira s’est même enfui au Zénith Saint Pétersbourg dans de drôles de conditions. L’entraîneur du « Gala » a été viré en février quatre mois après ses adjoints et si Aragones n’avait pas eu un contrat mirifique, il aurait déjà sauté. Ce dimanche d’ailleurs, on saura si le championnat turc est truqué car si les deux mastodontes font le même résultat, cela voudra dire que Galatasaray ne jouera pas de coupe d’Europe l’an prochain. Un truc difficilement envisageable ici.

Il y a un mois, tu disais vouloir partir. Tu sais où tu iras la saison prochaine ? Pas vraiment. Je vis seul sans ma femme et mes enfants à Istanbul et cela devient pesant. Cette année, le champion de Turquie est directement qualifié pour les poules de la Champion’s. Alors, on verra. La tendance est au départ, et pas forcément en France, mais en général, les clubs espagnols et anglais se réveillent à la fin juin. On verra…

Tu suis ce qui se passe à Paris ? Bien sûr. Mes agents sont proches du club, j’ai des anciens coéquipiers au téléphone. L’arrivée d’Antoine (Kombouaré) va donner un peu de couleurs, si j’ose dire, au club et c’est une putain de bonne nouvelle. Je lui souhaite plein de bonnes choses. Après, j’avoue que j’ai du mal à comprendre les sorties dans la presse de « Maké ». Sa grande carrière ne l’autorise pas à dire tout et n’importe quoi. Sa sortie sur Le Guen qui n’est pas « le meilleur coach qu’il ait eu » , ce n’était pas terrible. Il a essayé de nuancer le truc en disant qu’il n’était pas « le meilleur joueur que Le Guen ait eu non plus » mais personne n’est dupe. Je ne sais pas si Claude veut les clefs du camion ou s’il veut devenir monsieur PSG mais bon, Antoine, c’est un Kanak, c’est un mec droit qui dit ce qu’il pense, qui n’est pas carriériste, alors il ne faudra pas lui conter « fleurette ».