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Douchez : « On mérite nos 18 points »
Dernier rempart de la 1ère défense de L1, Nicolas Douchez, opéré des dents de sagesse hier, fait le point sur le potentiel de Rennes, un leader tout neuf qui a les « allgouments » pour viser le top 3 dixit Marco Simone, nouveau fan du club de Le Lay.
Bon, pas les joues trop gonflées après l’opération des dents ?
Non ça va, je m’attendais à pire.
T’as un congé-maladie de combien de temps ?
Jusqu’à la fin de semaine. Le truc, c’est que je vais rester aussi au repos pour une douleur à l’aine qui persiste. La trêve, me concernant, elle était attendue.
Bon revenons au match contre Toulouse. C’est sans doute un match que Rennes aurait perdu l’année dernière ou du temps de Lacombe ?
Bah, en tout cas, on ne l’aurait sûrement pas gagné. Encore plus l’année dernière, on aurait en fait pu inverser les rôles entre Toulouse et nous sur ce match-là. C’est-à-dire que Toulouse, surtout sur la première mi-temps, a eu la maîtrise du ballon, a su faire du beau jeu, a su dominé tout simplement, mais sans être vraiment dangereux dans les 20 derniers mètres. Et malheureusement, c’est ce qu’il s’était passé un peu tout au long de la saison dernière pour nous. On faisait souvent des matches où on nous disait « vous avez une belle équipe » mais à l’arrivée, on n’avait pas forcément les résultats. Sur ce match-là, Toulouse m’a rappelé ce qu’on avait subi ces derniers temps.
Qu’a Rennes en plus alors cette saison ?
On a pour l’instant su tirer quelques leçons du passé. Le problème, c’est qu’à force d’avoir le ballon, de dominer, on s’impatientait. Là on est peut-être un peu plus patient. Et puis surtout, on a pour l’instant une base défensive qui nous permet de concéder peu d’occasions. Donc voilà, on prend moins de buts. Et quand on n’en prend pas beaucoup en championnat, c’est la base pour réussir une bonne saison généralement.
Vous êtes toujours invaincu en L1. Tu sens les mêmes ingrédients que lors de la longue série d’invincibilité sous Guy Lacombe (18 matches sans défaite de août 2008 à janvier 2009 ?
Bah disons que là, on concède moins d’occasions que lorsqu’on était dans cette série d’invincibilité. Là, on se sent plus solide et tant qu’on n’est pas mené au score, on essaie d’aller chercher la victoire, chose qui était peut-être moins le cas du temps de Guy Lacombe… Parce qu’à un moment, on s’était laissé un peu prendre par le jeu de cette série d’invincibilité et finalement à défendre et ben on subit, et même si on arrivait à bien subir à l’époque, c’est toujours dangereux de subir.
Justement, il y a deux ans, Rennes avait flanché suite à la blessure de Briand et la longue suspension de Mangane. Là, vous êtes dépouillés devant. Ça ne sent pas la fin de série ?
Ça ne m’inquiète pas. Sincèrement, c’est plus la réaction qu’on aura derrière. A moins de quelque chose d’extraordinaire qui me paraît quasiment impossible, on ne sera jamais invaincu tout le long d’un championnat. Donc la fin de série arrivera. On verra juste notre capacité à de suite rebondir, chose qui n’avait pas été le cas lorsqu’on avait perdu à Lille à l’époque. Alors oui, aujourd’hui, devant, il nous manque du monde. Faudra faire avec, mais d’après ce que j’ai pu comprendre ou lire, le club s’active depuis un moment déjà pour combler ce manque. Alors on va être patient, et attendre ce renfort.
Franchement, quand Antonetti crie sur la touche, on l’entend sur le terrain ?
Personnellement non, parce que je suis loin et comme j’ai pas souvent la balle, c’est rarement sur moi qu’il crie. Quand on est sur le terrain, on est très concentrés, dans une bulle donc on ne se laisse pas non plus déstabiliser par ce que le coach fait. On sait qu’il est comme ça pendant un match, on va essayer de faire en sorte qu’il le soit un peu moins.
Un Antonetti, ça crie plus qu’un Lacombe ?
Les deux sont assez expressifs. Mais pour les deux coaches, pour les avoir eu successivement, ils ont une mauvaise image par rapport à ce qu’ils sont réellement. Ils ne sont pas sans cesse en train de crier. Alors forcément, à la télé, il n’y a que les matches qui sont diffusés. Ils vivent le match à fond, et ça donne par moment des scènes assez fantasques mais tout au long de la semaine, ce n’est pas comme ça que ça se passe.
Comme révélations, on a beaucoup entendu Brahimi et M’Vila. Mais la vraie bonne surprise, il y aussi Théophile-Catherine en magasin, à gauche de la défense ?
Théo, c’est quelqu’un qui parle peu, peu démonstratif, qui en plus de ça ne joue pas à un poste mis en lumière. Mais ce qui est certain, c’est qu’il s’est imposé en tant qu’arrière gauche alors que ce n’est pas son poste de prédilection et il montre beaucoup d’assurance, de rigueur, de sérénité. C’est vraiment quelqu’un qui travaille dans l’ombre, qui ne fait pas de bruit et aujourd’hui il mérite sans discuter sa place de titulaire. C’est un maillon important de notre défense.
On a aussi entraperçu les gestes de Jirès Kembo contre Toulouse, un peu le Kembo qu’on voit aux entraînements. C’est plutôt une bonne nouvelle pour le Stade Rennais…
Pour moi, Jirès, c’est sûrement un des meilleurs joueurs que j’ai vu depuis que je joue. Il a une capacité à éliminer incroyable. Maintenant, faudrait qu’il arrive à retranscrire un peu plus souvent en match ce qu’il fait à l’entraînement parce que s’il était capable de faire ça régulièrement, il serait indéboulonnable. J’espère que le poids des années va le faire mûrir et qu’il arrivera à s’imposer en tant que titulaire. C’est un joueur dont on a besoin, un super joueur.
Pour la 2ème partie des matches allers, vous allez rencontrer les grosses cylindrées. On va savoir ce que vaut réellement Rennes ou plutôt voir que les gros n’en ont finalement pas tant que ça sous le capot ?
On ne peut pas le savoir aujourd’hui. Aujourd’hui, notre 1ère place est anecdotique mais on mérite nos 18 points. C’est surtout ça le plus important. On n’a pas volé de matches, on n’a pas concédé des poteaux, des barres, des machins qui nous ont sauvé la mise. On a une marge de progression nous aussi, comme les gros, qui ne sont pas encore lancés à toute vitesse. Pour l’instant, en ce début de championnat, les équipes supposées moins bonnes sont en haut du classement donc voilà, on en fait partie. On espère quand même qu’on arrivera à hausser notre niveau et à montrer de belles choses contre les grosses cylindrées. Mais à l’heure actuelle, ça ne m’inquiète pas, je sais qu’on en a les moyens.
Chaque année, depuis trois-quatre ans, on dit que pour Rennes, c’est la bonne. Ce n’est pas un peu usant ?
Parce qu’on fait partie des clubs qui ont sûrement le potentiel pour viser les 5 premières places donc euh… Voilà. On sait qu’il y a une grosse attente de ce côté-là, le club n’a jamais participé à la Ligue des Champions. Maintenant, je lisais une interview du coach qui expliquait tout simplement qu’avec le 8ème ou le 9ème budget de France, ça va être difficile de terminer dans les trois premiers. Là-dessus, il n’a peut-être pas tort. Pour que Rennes passe le cap, il faut certainement renforcer l’équipe, mais aussi savoir la garder sur le long terme et de se donner les moyens de finir dans les trois premiers.
Toi, niveau contrat, c’est à l’inverse plutôt court terme, car en fin de contrat en juin…
Ce n’est pas parce que, comme ça a été dit dans les journaux, j’ai refusé, que je ne voulais pas rester au club. J’ai toujours dit que le projet du club m’intéressait et qu’on n’avait pas su tomber d’accord. Maintenant, j’ai la confiance de l’entraîneur, vu que je suis titulaire mais pour les autres personnes du club, c’est autre chose. La confiance du club est limitée, je n’ai pas été prolongé et je n’ai pas d’offres de prolongation. Mais franchement, je le prends bien, je suis tranquille et par rapport à l’arrivée de Johann (Carrasso), j’ai dit tout simplement que c’était normal que Rennes prenne un nouveau gardien parce qu’avec moi ça n’avançait pas, donc il fallait préparer l’avenir. Mais moi, en aucun cas, je n’ai de souci avec Johann ou les gens du club. Ce n’est pas parce qu’on ne tombe pas d’accord qu’il faut absolument se tirer dans les pattes. Franchement, tout se passe bien, et si ça se passe bien, c’est aussi parce que ça se passe bien dans la tête.
Propos recueillis par Ronan BOSCHER
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