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Des larmes au rire polonais
Bonne surprise du dernier Euro en France où elle est restée invaincue, la Pologne démarre sa campagne russe ce mardi à Moscou face au Sénégal. Non sans être passée par toutes les émotions possibles et imaginables durant sa phase de préparation.
Le monde des assidus des Biało-Czerwoni s’est arrêté de tourner le 4 juin dernier lorsque l’épaule de Kamil Glik, elle, tournait un peu trop sur une tentative de bicyclette lors d’un vulgaire tennis-ballon. Ira, ira pas ? La saga de la présence dans les 23 du défenseur de l’AS Monaco a plongé un pays jusqu’alors confiant dans la panique. Et pour cause : valeur sûre du dernier Euro avec seulement deux buts encaissés en cinq rencontres, le secteur défensif polonais ne semble désormais plus assurer ses arrières avec autant d’efficacité, bouclant les qualifications pour le Mondial russe avec la moins bonne défense des premiers de groupe. Le forfait hâtivement annoncé de Glik a donc tout bonnement été vécu comme un drame national chez les spécialistes locaux. Même si, à l’instar d’un type paumé dans les bois de nuit tentant de se rassurer en sifflotant, on soulignait l’expérience en Premier League de Jan Bednarek, colosse aux pieds pas toujours sûrs, ou encore les qualités du joueur de la SPAL Thiago Cionek pour épauler Michał Pazdan, coqueluche plus volontaire que technique. Pas de quoi remonter le moral du pays.
Des schémas tous azimuts
De quoi accroître la pression sur les épaules en parfait état du capitaine Robert Lewandowski, qui en supporte déjà bien assez depuis son ascension fulgurante en Bundesliga sans pour autant faire trembler un type ayant finalisé ses études par une thèse dont il est le sujet principal. Exaspérant d’égoïsme aux yeux de l’état-major du Bayern Munich, Bobek a néanmoins conscience de son statut de star en sélection, et semble désireux de se mettre au service du collectif. « Lors de l’Euro en France, je n’ai eu que deux ou trois occasions et j’ai mis au fond l’une d’entre elles. Les défenseurs me surveillent tout particulièrement et cela se produira sans doute encore en Russie. Si c’est le cas, je serai ravi que l’équipe en bénéficie » , avouait-il hier au Guardian. Arkadiusz Milik, chouchou d’Adam Nawałka depuis ses jeunes années, se fera ainsi un plaisir de profiter des passes ajustées de Piotr Zieliński ou du raillé Grzegorz Krychowiak, bien déterminé à revenir à la mode après s’être lancé dans le costard.
Le feuilleton a depuis connu un relatif happy endingavec la guérison miracle de Glik. Relatif, oui. Car s’il est désormais admis que le joueur sera bel et bien de la partie en Russie, personne ne sait réellement s’il sera en mesure de débuter face au Sénégal d’un Sadio Mané capable de dynamiter n’importe quelle défense, surtout chancelante, et encore moins quand il sera en pleine possession de ses moyens. Depuis quelques mois, le sélectionneur Adam Nawałka alterne défense à trois et défense à quatre durant les matchs et à l’entraînement, assurant même être en mesure de changer de système en plein match afin de mieux surprendre l’adversaire. Voilà qui pourrait s’avérer judicieux au cas où la défense se montre un peu trop inquiétante.
Le match face au Sénégal déjà déterminant
En Pologne, le moral est de nouveau au beau fixe et les supporters fondent de grands espoirs sur cette génération considérée, sans doute à juste titre, comme étant la meilleure depuis celle menée par Zbigniew Boniek lors du Mondial 1982 en Espagne. Forts d’une compétition internationale réalisée ensemble il y a deux ans, les joueurs, eux, se veulent prudents, à l’image d’un Kamil Glik alors en pleine forme se montrant soucieux de « ne pas se voir trop beaux » . Sans le vouloir, sa blessure pourrait s’être chargée d’éviter un excès de confiance parmi les troupes. « Je ne sais pas si notre équipe sera plus forte qu’il y a deux ans, mais il nous faudra montrer le même état d’esprit. Seul le présent compte et le premier match face au Sénégal sera crucial » , ajoutait-il pour So Foot. Car dans ce qui s’avère comme étant peut-être le groupe le plus homogène du Mondial, une défaite condamnerait quasiment les Polonais à une victoire face à la Colombie avec la peur du retour anticipé au bercail. Et avec la crainte de replonger le pays dans la stupeur.
Par Grégory Sokol