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Des labos aux pelouses, le ballon au centre de toutes les attentions

Par Aymeric Le Gall
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Des labos aux pelouses, le ballon au centre de toutes les attentions

Ça paraît con, un ballon. Mais c'est toute une histoire. Passés du cuir au synthétique, les fabricants rivalisent d'idées et de techniques pour développer de nouvelles technologies. Et tant pis si parfois, les joueurs font la gueule...

Alors que l’Euro 2016 approche à grand pas, Adidas a récemment dévoilé le nouveau ballon que les joueurs feront rouler sur les pelouses de France du 10 juin au 10 juillet prochain. « Beau Jeu » , c’est son nom, a été développé dans le plus grand secret pendant près de 18 mois avant d’être finalement présenté au public par celui qui transformait le cuir en or, Zinédine Zidane. Ce nouveau ballon reprend certaines innovations qui avaient fait la réputation du « Brazuca » , utilisé lors du Mondial au Brésil, tout en ayant subi, nous précise la marque aux trois bandes, « des améliorations au niveau de l’adhérence, de la trajectoire et de la visibilité. » L’innovation, voilà le maître-mot des concepteurs de ballon rond.

Le cuir est mort, vive le synthétique !

Le ballon, élément central du football par nature, est souvent perçu par les non-initiés comme un banal objet, un jouet, dont la conception n’aurait rien de sorcier. C’est tout le contraire en réalité. Loin d’être un joujou, le ballon de football est au centre de toutes les attentions. Sa conception, prise très au sérieux par les spécialistes, est un travail titanesque qui nécessite des mois de recherches, de créations et de tests. La professionnalisation du football et son développement à l’échelle planétaire ont changé cette simple sphère de jeu en un objet scientifique hautement bichonné. Ayant laissé le cuir au placard depuis le milieu des années 80 (avec l’apparition de l’Azteca Mexico au Mondial 86), les ingénieurs font désormais uniquement appel à des matériaux synthétiques pour concevoir les chiques du futur. Avec ce que cela implique en matière de ressenti au toucher et de trajectoire : « La première chose qui frappe quand on joue avec les ballons d’aujourd’hui, c’est leur légèreté, lâche d’emblée Clément Maury, le gardien de but du Gazélec. Ce qui m’avait marqué il y a une petite dizaine d’années avec le ballon Adidas en étoiles utilisé en Ligue des champions, c’est qu’il flottait énormément. En fait, tous les effets sont beaucoup plus marqués avec les ballons d’aujourd’hui. C’est-à-dire, par exemple, qu’un ballon enroulé va redescendre beaucoup plus vite qu’avec les modèles d’autrefois. » Pour Anthony Robic (AS Nancy) aussi, « le gros de l’évolution des ballons aujourd’hui se fait au niveau du poids du ballon. Ils sont de plus en plus légers, d’où les trajectoires un peu spéciales qu’ils peuvent avoir et qui surprennent les gardiens » .

Avantage à l’attaque

Les concepteurs ne s’en cachent pas, oui, les ballons modernes font de plus en plus la part belle aux joueurs offensifs, aux buts et au spectacle. Qui pourrait s’en plaindre d’ailleurs ? Les gardiens peut-être. En effet, nombreux sont les portiers à avoir critiqué ces boules flottantes aux trajectoires pour le moins surprenantes. En 2010, « Jabulani » , le ballon du Mondial sud-africain, avait été la cible d’attaques virulentes de la part des hommes aux gants à scratch. Iker Casillas le comparait à un vulgaire ballon de plage, tandis que Gigi Buffon trouvait « honteux de jouer une compétition si importante avec un ballon comme ça » . Sélectionneur de l’équipe d’Angleterre à l’époque, Fabio Capello avait quant à lui sorti l’artillerie lourde en dénonçant « le pire ballon que j’ai vu dans toute ma vie » . Interrogé sur ses flops, Adidas n’a pas souhaité s’étaler sur le sujet. Mais s’il y aura toujours des gardiens de but pour se plaindre de leurs nouveaux outils de travail, tous ne sont pas vertement critiqués comme le fut le « Jabulani » . Certains portiers ont même un regard tout à fait positif et réaliste vis-à-vis de ces innovations. C’est le cas de Maury. « À la limite, le but ultime, c’est qu’il y ait du spectacle, donc je ne suis pas contre ça. Tu peux t’en plaindre, en soi. C’est normal parce que quand il arrive quelque chose qui se retourne contre toi, tu t’en plains forcément. Mais si tu regardes au-delà de ton cas personnel, tu comprends cette évolution qui favorise un peu les attaquants. Ce n’est pas mal non plus que les ballons favorisent le spectacle et les buts. C’est rageant sur le coup quand tu es victime d’une trajectoire bizarre, mais je comprends aussi la vision des concepteurs. »

Pas d’aigreur donc chez le portier ajaccien, qui y voit même un challenge motivant : « Ce qui est intéressant, c’est que c’est à nous de nous adapter, ça permet de voir quels sont les gardiens qui y parviennent mieux que les autres. Il ne faut pas tout le temps être contre l’évolution. » En tant que joueur offensif, Anthony Robic admet lui aussi cet avantage à l’attaque : « Aujourd’hui, il n’y a pas forcément besoin d’avoir une grosse frappe de balle pour pouvoir mettre en difficulté un gardien. Il suffit que tu prennes bien le ballon et tu peux avoir des trajectoires qui les mettent vraiment en difficulté. » Le Nancéien pousse l’analyse un peu plus loin et aborde un point intéressant : « On voit de plus en plus de buts sur coup franc direct. Les ballons retombent très vite et je pense que les gardiens sont moins sereins par rapport à ça qu’il y a quelques années. Vu que le ballon peut changer de trajectoire d’un instant à l’autre, ils se doivent d’être plus vigilants. On voit d’ailleurs qu’ils bloquent de moins en moins les ballons quand la situation est risquée. Ils les boxent au lieu d’essayer de les capter. » Kevin Trapp étant donc l’exception qui confirme la règle. Il n’y a d’ailleurs pas que les gardiens qui se plaignent de ces nouvelles sphères synthétiques. « Certains ballons sont vraiment trop légers, ajoute l’ex-Lavallois. Ça fausse le jeu parce qu’il faut quand même qu’il y ait un minimum de poids pour avoir un vrai ressenti au moment de la frappe. Il faut trouver le juste milieu. Pour ça, j’aime bien les ballons Nike. Ils sont légers, mais pas trop, ils sont agréables au toucher et ils prennent de belles trajectoires. »

Tous logés à la même enseigne

Avec de nouveaux ballons tous les deux ans minimum, le footballeur doit donc sans cesse se réadapter et se familiariser avec ses joujoux. « Il y a effectivement un temps d’adaptation, mais ça va finalement assez vite puisqu’on s’entraîne tous les jours avec, tempère Clément Maury. Quand on joue en Coupe de la Ligue avec les ballons Uhlsport, on ressent tout de suite la différence. Mais on a le temps de s’y habituer puisqu’on les reçoit assez tôt dans la semaine. » Si les footballeurs utilisent effectivement des ballons différents selon les compétitions, on est loin de l’époque où chaque équipe évoluait en championnat le ballon de la marque de son équipementier. On pouvait ainsi sur une même saison tâter tantôt du Uhlsport, tantôt du Adidas, du Nike ou du Hummel. C’est peut-être un détail pour certains, mais pour Anthony Robic, ça veut dire beaucoup : « Avant, il fallait s’adapter, et vite ! Parce que tu ne joues pas de la même façon avec un ballon Nike qu’avec un Adidas ou un Puma. C’est très important de bien le connaître, car il peut être ton copain autant que ton adversaire ! » Cet imbroglio a pris fin en France lors de la saison 2009-2010 avec l’imposition par la LFP du ballon unique pour tous les clubs d’un même championnat professionnel (le premier modèle était de marque Puma, ndlr). Mais même quand les modèles sont identiques pour tous, il existe encore des subtilités non négligeables. La preuve avec l’ancien portier de Toulouse-Fontaine : « Je peste quand on joue un match et que le club adverse a sorti des ballons tout neufs. Il y a une vraie différence entre un ballon qui a un peu de bouteille et un autre qui sort tout juste du sac ou qui n’a que quelques jours de vie. Quand le ballon est neuf, tu as toujours une fine couche dessus qui fait qu’il a tendance à beaucoup plus glisser des gants. L’autre jour, on s’est justement amusés à regarder la différence quand on a sorti les ballons neufs et on s’est rendu compte à l’œil nu qu’ils n’étaient pas de la même taille. »

Le futur, les ballons et la wifi

Le ballon parfait n’existe pas, et les joueurs trouveront toujours quelque chose à redire, mais cela n’empêche pas les concepteurs de toujours chercher à tendre vers la perfection. « Nous souhaitons tout améliorer à chaque nouvelle conception, explique-t-on chez Adidas. C’est une remise en cause perpétuelle. Nous voulons à chaque fois innover et offrir à tous les joueurs le meilleur et le plus beau produit. » Un objectif qui se fait de moins en moins chimérique à entendre les deux intervenants du jour. « J’ai l’impression qu’on s’approche chaque fois un peu plus de la perfection » , soutient ainsi Anthony Robic. « Je finis par me demander ce qu’ils peuvent encore améliorer » , lâche, songeur, Clément Maury. De leur côté, les équipementiers ont déjà une petite idée de ce à quoi pourrait ressembler le ballon du futur. Sans vouloir dévoiler ses prochaines améliorations (le secret industriel n’est pas un vain mot dans la concurrence féroce que se livrent les enseignes), la marque allemande explique qu’ « on peut tout imaginer maintenant avec les nouvelles technologies : des ballons connectés calculant la vitesse de frappe, avec une caméra embarquée, résistant à tous les climats… Tout est possible. » En attendant les ballons next generation, les footballeurs de l’Euro vont déjà devoir se faire les pieds avec « Beau Jeu » . Tout un programme.

Par Aymeric Le Gall

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