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Dépasser les passés

Par Thomas Pitrel, à Clairefontaine et Marseille
Dépasser les passés

La France affronte en demi-finale de l'Euro une équipe d'Allemagne avec laquelle elle partage un passé houleux, de Séville 82 au 13 novembre 2015 en passant par le Mexique 86. Cette semaine, les Bleus ont renvoyé en enfer tous les démons, ne gardant en tête que le quart de finale perdu lors du Mondial 2014, et uniquement pour y puiser des raisons d'y croire.

Il y a au moins une statistique rassurante : la France a toujours gagné contre l’Allemagne en phase finale d’une grande compétition quand cette dernière était championne du monde en titre. Le point négatif, bien sûr, c’est que cela ne s’est produit qu’une fois et que c’était il y a presque 60 ans, en 1958, contre la jeune RFA. Depuis, les Français ont affronté vingt fois leurs voisins d’outre-Rhin pour huit victoires, six nuls et six défaites. Un bilan positif, une fois de plus. Mais rien ne laisse penser que les joueurs de Didier Deschamps iront piocher leur motivation dans la victoire de février 1990 à la Mosson contre le futur champion du monde, pas plus que dans le 3-0 assuré par Henry et Trezeguet à Gelsenkirchen en 2003. Car le fait est que, malgré quelques poussières de souvenirs rassurants, l’Allemagne est encore synonyme de traumatisme pour l’équipe de France. La faute à Matthaüs et Bierhoff qui, pourtant vainqueurs de l’Euro deux ans plus tôt, ont préféré perdre 3-0 en quarts de finale de la Coupe du monde 98 plutôt que d’offrir aux Bleus une occasion de venger 82 et 86 à domicile.

Sur quel souvenir l’équipe de France va-t-elle donc bien pouvoir se baser pour vaincre le signe indien ? On imaginerait bien un sélectionneur un peu romantique, diffusant à ses joueurs avant la rencontre un montage bien senti alternant le coup de coude de Schumacher sur Battiston et des extraits des plus grands revenge movies de sa cinémathèque. Mais Didier Deschamps n’est pas un romantique, et se refuse encore davantage à évoquer le passé, lui qui évite soigneusement les allusions à sa génération 1998-2000 dans ses causeries. « On ne pourra pas changer l’histoire. Personne ne peut la changer, tranchait-il à la veille du match décisif. Mais il y a une nouvelle page à écrire, qui est blanche et que les joueurs peuvent remplir demain. Ce n’est pas en se disant « oui, mais, avant… » Non ! Avant, ça ne compte pas. Ce qui compte, c’est demain. »

Remettre les pendules à l’heure

Il y a pourtant bien un « avant » qui compte, pour ses joueurs. Ce n’est pas Séville 82, encore moins Guadalajara 86. À peine Olivier Giroud a-t-il concédé lundi que l’Allemagne était « notre bête noire en compétition internationale » et que c’était « quelque chose qu’il faut changer » . Mais à la vérité, comme ils l’avaient déjà fait comprendre à ceux qui les interrogeaient sur le sujet avant le quart de finale de Coupe du monde face à la fameuse « bête noire » il y a deux ans, ces deux drames des 80’s n’ont aucune signification pour un groupe dont seulement l’un des représentants, Patrice Évra, était né en 1982. La vraie référence, aujourd’hui, c’est donc Rio 2014. Ce quart tellement frustrant. Cette impuissance symbolisée par Varane retourné par Hummels, ou par cette frappe de Benzema arrêtée d’une main par Neuer. Après la qualification contre l’Islande dimanche, ils ont presque tous parlé de revanche. « On n’oublie pas ce match, on l’a encore en travers de la gorge, claquait Moussa Sissoko mardi en conférence de presse. C’est le bon moment pour essayer de remettre les pendules à l’heure. »

Et pour faire tourner les aiguilles dans le bon sens, la France va pouvoir compter sur quelques éléments rassurants. L’absence d’Hummels, déjà, le buteur de 2014. Celles de Khedira et Gómez, et un Schweinsteiger paraît-il grillé. Deux ans d’expérience en plus, aussi. Et dans ces deux ans, une victoire contre l’Allemagne que ni les joueurs, ni l’entraîneur n’ont évoqué spontanément. « Nous avions été plutôt bons, on peut s’en inspirer, mais un match amical ne remplacera jamais la compétition » , recadrait Hugo Lloris ce mercredi au Vélodrome. Surtout, personne ne parvient à se souvenir de ce 13 novembre 2015 pour des raisons sportives. Comme si les explosions qui faisaient sursauter les joueurs sur le terrain avaient annihilé la victoire et que la pudeur avait fait le reste. On sent que les joueurs ont du mal à en parler. Sissoko l’a « en travers de la gorge » , au même titre que la défaite de 2014, et espère qu’on ne « reverra plus ce genre d’incidents (sic) » . Olivier Giroud, lui, dit avoir été « très touché » et en avoir parlé par la suite avec Mesut Özil, son coéquipier d’Arsenal. « Mais ce n’est pas parce qu’on a vécu quelque chose de très fort ce soir-là qu’on ne va pas essayer de les mettre dehors jeudi » , croit-il bon d’ajouter. Défaites, victoires ou traumatismes, sur et en dehors du terrain, c’est comme si l’équipe de France n’avait qu’un objectif dans sa préparation mentale à sa demi-finale contre l’Allemagne : dépasser les passés. Et écrire la suite de l’histoire.

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