Denis Robert : Entretien

Cette saison messine, c’est pire que la dernière fois. On a touché le fond. Même moi qui suis récitant, j’en peux plus d’aller au stade. Le spectacle est affligeant. Toutes les valeurs qui forment le club ont fondu dans la violence de l’époque.

Quelles sont ces valeurs ? Un football local, des joueurs formés au club, l’équipe avant les individualités, un jeu offensif plus que défensif, une identité régionale.

Fatalité ou responsabilité ? Le début de la fin, c’était quand on a confié les clés à l’autre défenseur nancéien (ndlr Albert Cartier). Dire qu’on on était au top avec Pirès, Song…Cette saison, c’est de l’ordre de la gestion. Mauvais recrutement, mauvais rapports en interne (Bernard Zénier, en charge du recrutement, n’aurait pas été des masses consulté). Et puis il y a l’âge du capitaine…

Attends, j’ai tendance à penser qu’il sauve plutôt les meubles. Oui, c’est là où je voulais en venir. Sans Carlo Molinari, ce serait pire.

Y’a tout de même des joueurs qui te plaisent ? Aguirre. Il est super bon, mais il était sous-utilisé. Depuis, il a repris confiance en lui. Pjanic aussi, mais il est un peu seul. On a deux milieux de qualité aussi, Barbosa et Cardy, qui revient de blessure (entre-temps, il s’est re-blessé, out jusque la fin de saison, ndlr). Et Dino Djiba, qui me fait penser à Patrick Viera. Derrière, c’est pas trop ça. Les arrières latéraux et la charnière, c’est pas terrible. Ils n’ont pas été mis en confiance. Ca va mieux avec Yvon Le Pouliquen. Mais on a perdu trop de bons joueurs : Obraniak, Proment, Beria, Signorino. Tous ont le niveau L1.

La place de Metz est-elle définitivement en L2 ? Il peut y avoir 30 000 personnes dans ce stade. Toute la région s’intéresse à ce club. On devrait rester en L1.

Combien de fois t’es allé au stade cette saison ? Une dizaine. J’ai toujours un certain plaisir à aller au stade. J’y vois mon copain Jean-François que je ne vois pas la semaine. Bon après, y’a tout de même une spirale désespérante.

L’affaire Ouaddou ? A Lyon, les joueurs ont voulu donner leurs maillots aux supporters de Metz qui avaient fait le déplacement. Les mecs les ont jetés, ont tenu des propos de merde. Ce sont des nazillons. Résultat, on se tape une réputation bien pourrie. Sur Ouaddou, on en a trop fait. Les médias n’avaient rien d’autre à se foutre sous la dent ce week-end là. Pour que ça fasse autant de barouf…

D’autant que pour un match comme Metz -Valenciennes, le dispositif de sécurité est minimal. Y’avait moins de 6000 personnes. Avec un dispositif relatif à une affluence supérieure, Ouaddou ne monte jamais dans les gradins. Oui. C’est arrivé chez nous, c’est tout. Enfin, au final, on sort forcément épuisé d’une saison comme celle là. C’est dur d’avoir de l’espoir, d’espérer qu’une équipe comme ça puisse jouer les premiers rôles.

Tu y arrives encore ? Faut bien. Faudrait former des jeunes, les structures sont là.

Tu aimes encore le FC Metz. Aimes-tu encore le foot ? Après le livre (Le milieu du terrain, ndlr), j’étais complètement démotivé. J’ai pas regardé Lyon-Manchester. Je déteste le foot anglais, ça pue le fric. J’ai du mal à rester 90 minutes devant un match. Je décroche. Je zappe.

Philippe Seguin : « J’espère qu’un jour, tout cela s’effondrera. Que les gens n’iront plus au stade et que les audiences télé chuteront » . Ils ont réussi petit à petit à nous dégouter du foot. Ils ont réussi leur coup. Je ne dis pas ça avec amertume, c’est un constat. Les matchs de clubs ne m’intéressent plus. Si c’est pour voir Aulas gagner. J’arrive pas à aimer Lyon. Malgré tout, certains matchs me plaisent encore. AS Roma-Real, c’était vraiment bien. Du super football. D’ailleurs, je n’arrive pas à comprendre pourquoi Méxès n’est pas en EDF. L’Equipe de France m’intéresse encore. J’attends l’Euro. J’espère que ça me passionnera. Mais quelque chose s’est définitivement brisé. Peut-être que si j’habitais Nancy, je ne dirais pas ça. Je sais pas. En attendant, j’préfère jouer au foot avec des potes, les gamins…

Et aller voir le Fc Metz… Oui. Là, au moins, c’est pas les jeux du stade. J’ai l’impression que Platini a beaucoup de mal à l’UEFA. Cette américanisation du football, ca va devenir la Nba.

Tu vois, c’est drôle, je déplore comme toi cette évolution du football, mais j’adore la Nba. Je ne sais pas, je connais rien au basket.

Propos recueillis par Simon Capelli

Voir blog de Denis Robert : La domination du monde