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Delvin Ndinga : « Qu’un club me fasse confiance… »
Après avoir passé plusieurs mois à s’entraîner avec l’AJ Auxerre, son club formateur, où il espérait signer un nouveau contrat, Delvin Ndinga est, à 34 ans, toujours à la recherche d’un club. Le milieu international congolais, qui a participé au stage organisé par l’UNFP, est persuadé qu’il peut encore rendre service en Ligue 1 ou en Ligue 2. Il n'en fait surtout pas une affaire d’argent.
Que faites-vous depuis la fin du stage de l’UNFP ?Je dois d’abord dire que ce stage m’a fait beaucoup de bien. L’ambiance a été vraiment bonne, on a bien travaillé, dans de bonnes conditions… On a disputé des matchs amicaux et, comme je me suis entraîné pendant plusieurs mois avec l’AJA, une équipe professionnelle qui est montée en Ligue 1, j’ai été en bonne forme. Aujourd’hui, je suis revenu à Auxerre, où je vis avec ma femme et mes deux enfants. Je continue à m’entretenir en courant, en touchant le ballon.
Vous évoquez l’AJA, où vous avez été formé en arrivant du Congo et où vous avez effectué vos débuts chez les pros avant de partir en 2012 pour l’AS Monaco…En juillet 2021, je me suis retrouvé en fin de contrat au Panetolikós, en Grèce. Je suis donc revenu vivre à Auxerre et j’ai demandé, et obtenu, la possibilité de m’entraîner avec le groupe pro. Puis, le Panetolikós m’a proposé de prolonger, mais les dirigeants m’ont demandé une réponse mi-juillet. À l’époque, ma priorité a été de revenir en France. Je suis parti pendant plusieurs années, en Grèce, en Russie, en Turquie, et, hormis à l’Olympiakos où ma femme et mon premier enfant sont venus avec moi, j’ai toujours été tout seul. J’ai donc voulu me rapprocher de ma famille pour pouvoir voir grandir mes enfants. À Auxerre, ça s’est bien passé au niveau des entraînements, Jean-Marc Furlan m’a apprécié, et je me suis dit qu’il allait peut-être y avoir quelque chose pour moi. Comme je sais que le club avait sa masse salariale encadrée par la DNCG, que des joueurs allaient sans doute partir…
Vous avez refusé d’autres propositions ? Celle du Panetolikós, déjà, mais aussi une autre de Châteauroux. Dans ma tête, j’ai pensé qu’à un moment ou à un autre, au mercato estival ou hivernal, ça allait se faire avec l’AJA. J’étais libre, je pouvais signer n’importe quand, donc je me suis concentré sur les séances et j’ai même joué des matchs amicaux lors de la préparation, puis quelques autres lors des trêves internationales. En plus de Jean-Marc Furlan, certains coéquipiers et même des dirigeants qui venaient assister aux séances m’ont dit que j’avais encore du potentiel, que j’étais au niveau. Le coach m’a aussi rassuré, m’a dit que je pourrais apporter quelque chose à l’équipe, qu’il fallait être un peu patient, mais du côté des dirigeants, rien n’est venu. À un moment, j’ai voulu arrêter de m’entraîner avec le groupe, mais Furlan m’a convaincu de poursuivre, ce que j’ai fait.
Et ?Et finalement, rien n’est venu. Je suis évidemment déçu, car Auxerre, c’est mon club. C’est là où j’ai été formé, où je me suis révélé, mais c’est comme ça. C’est le foot. J’aurais vraiment aimé revenir à l’AJA et apporter quelque chose à l’équipe, même si je suis très heureux du retour du club en Ligue 1.
Savez-vous pourquoi on ne vous a rien proposé ?La saison dernière, il y a eu les questions autour de la masse salariale du club, mais il faut bien comprendre que ma priorité n’a pas été l’argent. J’ai juste voulu jouer au foot. Je n’avais pas de grosses exigences financières. Un salaire modeste m’aurait parfaitement suffi.
Encore aujourd’hui ?Bien sûr ! Je ne suis pas un tricheur. Demandez à Jean-Marc Furlan, aux joueurs avec qui je me suis entraîné pendant des mois. Physiquement, je suis bien, j’ai du gaz et je peux encore apporter des choses à une équipe de Ligue 1 ou de Ligue 2. Si j’avais le sentiment que je ne peux plus jouer au niveau pro, je chercherais un club en National 2 ou en National 3, pour aider, prendre du plaisir, mais j’ai encore l’envie, la motivation et le physique.
Vous savez qu’en France, le footballeur de plus de 30 ans n’est pas le profil le plus recherché… Je le sais et c’est dommage. Dans beaucoup d’autres pays, l’âge n’est pas un problème. En France, si. Enfin, pas partout, mais c’est souvent le cas. On s’en fout de l’âge, à partir du moment où le joueur est performant, non ?
D’accord, mais qu’est-ce qui bloque selon vous ?Peut-être que les clubs se disent aussi que je vais être trop gourmand financièrement ? Je veux leur dire que ce n’est absolument pas le cas. J’ai très bien gagné ma vie partout où j’ai joué. Financièrement, je suis tranquille. Je suis prêt à jouer pour un salaire modeste. Ma motivation n’est pas financière. Elle est sportive. Je sais que je peux encore rendre des services. Je suis même prêt à aller faire un essai de plusieurs jours. Si on me fait confiance, je saurai le rendre sur le terrain. Le club qui m’engagera ne prendra pas un gros risque financier et je donnerai tout.
Vous en voulez à Auxerre ?Je suis un peu déçu, forcément, mais on ne sait jamais ce qui peut arriver à l’avenir. Je parle encore régulièrement avec le coach. Il m’a même proposé de revenir après le stage avec l’UNFP pour m’entraîner, mais j’ai refusé. Je ne veux pas forcer. C’est comme ça, il faut l’accepter, mais je ne baisse pas les bras. J’ai toujours autant envie de jouer, même après un an sans compétition.
Vous seriez prêt à repartir à l’étranger ?Pourquoi pas… Dans un pays européen, pas trop loin de la France, il faut voir. J’ai passé de longues années à l’étranger, c’était bien. J’ai vécu de belles expériences, gagné des titres avec l’Olympiakos, dont deux de champion de Grèce, j’ai grandi, gagné en expérience, mais je privilégie la France, car j’ai aussi envie d’être proche de ma famille.
Propos recueillis par Alexis Billebault