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Darren Bent, le postier livre toujours

Disparu de la circulation depuis son départ de Sunderland et son échec à Aston Villa, Darren Bent n’en a pourtant pas fini avec le football. L’ancien espoir sur le front de l’attaque des Three Lions pourrait même revoir la Premier League dès la saison prochaine. Alors, what’s up Darren ?
Monsieur 50%. Entre 2009 et 2010, du haut de ses 24 pions avec Sunderland, Darren Bent marque très précisément la moitié des buts inscrits par les Black Cats en Premier League. Lors de cet exercice, seuls Drogba (29) et Rooney (26) font mieux en championnat. À cette époque, la réussite de l’attaquant anglais est telle qu’il pouvait même frapper dans un ballon de plage et trouver les filets du gardien adverse. Après deux saisons en demi-teinte à Tottenham entre 2007 et 2009, (où Harry Redknapp l’avait notamment fustigé pour avoir raté une occasion immanquable face à Portsmouth, que même « (s)a femme aurait réussie à convertir » ), Bent débarque donc dans le Tyne and Wear pour se relancer sérieusement. Là encore, le Londonien de naissance y passe deux saisons, mais avec un rendement près de deux fois supérieur. À tel point qu’il fait partie de la liste des 30 Anglais censés aller défendre la Couronne lors de la Coupe du monde sud-africaine. Conscient des limites d’une écurie comme Sunderland, Darren Bent se dirige vers le Sud et Birmingham pour s’engager avec Aston Villa. Le board des Villans n’hésite pas à aligner 24 millions de livres pour le récupérer, faisant de lui – en 2011 – le transfert le plus coûteux de l’histoire du club champion d’Europe en 1982. Il s’agit pourtant, déjà, du début de la fin pour celui que l’on surnomme le « Postier » – comme Karl Malone -, en référence à sa capacité à toujours délivrer ses pions en temps et en heure.
Théories du complot, mal-être et 60 briques la passe
Quelques mois après son arrivée, les emmerdes extra-sportives pointent le bout de leur nez. Blessé lors de la réception de Liverpool en décembre, Bent est alors photographié au centre commercial de Birmingham, faisant tranquillement ses emplettes pour Noël. La tuile, pour Darren, qui est obligé de s’excuser publiquement auprès des supporters de Villa. Des théories du complot commencent néanmoins à fleurir, arguant une embrouille avec son coach Alex McLeish qui aurait conduit à la mise à l’écart de son buteur. Malgré un démenti du manager écossais, quelque chose s’est cassé entre les deux hommes. À l’issue de la saison, Aston Villa se sauve in extremis de la relégation, sans que son « Postier » fétiche ne dépasse pas la barre des 10 colis livrés. Même constat entre 2012 et 2013, d’autant que l’Anglais devient persona non grata après l’achat de Christian Benteke. Pis, son salaire de ministre fait jaser toute la perfide Albion.
Il faut dire qu’en trois exercices et demi, les Villans auront dépensé plus de 35 millions de livres pour Darren Bent, prix du transfert inclus. Se met en place, sur ces entrefaites, le jeu du convertisseur Bent, où tout est bon pour décrédibiliser le buteur en manque de confiance. Ainsi, avec le tricot grenat et bleu ciel, chaque ballon touché par l’Anglais a coûté £27 000 à son employeur, £57 000 pour une simple passe. Pour un but, la somme déboursée avoisinait les 2 millions de livres. C’en est forcément trop pour un club luttant pour le maintien. Fulham saute sur l’opportunité et se fait prêter l’ex-buteur en série. L’occasion pour lui d’avoir de nouveau du temps de jeu en Premier League. Pour le Telegraph, il décrit alors son malaise. « Je comprends que chaque joueur ne soit pas la tasse de thé de chaque manager, mais être aliéné de cette façon, être éjecté du vestiaire de l’équipe première de Villa quand on a eu l’habitude de jouer et que l’on est international, c’est forcément décevant. Je dois retrouver les terrains et marquer des buts pour Fulham. C’est ce que je sais faire de mieux… »
« Derby m’a tendu une bouée de sauvetage »
Mais la machine semble définitivement enrayée. Le fervent chrétien se montre à la fois désabusé mentalement et abîmé physiquement. Avec seulement 3 lettres postées en 24 tournées, Darren Bent ne peut empêcher la relégation des Cottagers en Championship. En mai 2014, retour donc à la case départ, à Villa, où personne ne croit en lui depuis fort longtemps. Une fois de plus, il choisit l’exil plutôt qu’être donné en pâture au peuple villan. Par faute de trouver meilleure offre, le désormais trentenaire rejoint Brighton & Hove Albion pour un prêt d’un mois en novembre, en seconde division. Deux pions inscrits en cinq rencontres plus tard, Bent repose ses valises à Birmingham en attendant de saisir un énième point de chute. Finalement, durant le mercato hivernal 2015, Derby County tente le pari. Dans la ville industrielle historiquement liée à Rolls-Royce, il y retrouve son ancien sélectionneur, Steve McLaren, et un peu de jus sous le capot. Avec 12 buts en 17 parties et une confiance retrouvée, Derby décide de lui offrir un contrat de quatre ans lorsqu’Aston Villa le libère définitivement de ses chaînes le 8 juin dernier. « Derby m’a tendu une bouée de sauvetage pour jouer au football et retrouver le chemin des filets » , se contente-t-il de dire, soulagé.
Cette saison, Darren Bent n’a troué les filoches qu’une seule fois en Championship. Des chiffres bien maigres pour l’ancien international, toutefois suffisants pour le faire entrer dans une catégorie aux places rares : celle des joueurs ayant marqué au moins 200 sucreries en ligues professionnelles britanniques, dont plus de la moitié en Premier League (106), le plaçant au 22e rang des meilleurs buteurs de l’histoire du championnat. Un total qu’il pourrait accroître dès août prochain, si Derby continue de s’accrocher derrière Middlesbrough, solide leader de seconde division. « Mon objectif initial était de 200 et j’ai longtemps couru après. Maintenant, je vise les 250. Ce serait merveilleux » , confiait-il récemment au canard local, le Derby Telegraph. « Je sens que j’ai encore beaucoup à offrir et à faire. Je suis plus ambitieux que jamais et, plus important encore, je me trouve affûté comme jamais. » Au point de poser nu dans le calendrier des postiers version 2016 ?
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