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  • Ligue des champions – 1/2 finale aller – Atlético Madrid/Chelsea

Courtois, le prêt le plus long du monde

Par Martin Grimberghs
Courtois, le prêt le plus long du monde

Trois ans après son arrivée en terre madrilène, Thibaut Courtois va pour la première fois jouer sur la même pelouse que son club propriétaire. Ce soir dans la chaleur de Vicente-Calderón, le portier belge prêté depuis trois saisons aux Colchoneros par Chelsea sera donc au centre de toutes les attentions. Et jouera une partie de son avenir.

Un transfert estimé à 11 millions d’euros vers Chelsea à tout juste 19 ans, le titre de meilleur gardien d’Espagne à 20 ans, et le titre officieux de meilleur futur gardien du monde à 21. Thibaut Courtois est un prématuré déjà chevronné qui accumule les succès quand, à son âge, d’autres gardiens comptent encore sur les doigts d’une main leurs trop rares titularisations. Par la grâce d’un interminable prêt longue durée à l’Atlético Madrid, l’international belge s’est donc déjà construit une histoire dans les travées de Vicente-Calderón. Pourtant, dans la capitale espagnole, tout le monde est bien conscient que le longiligne (1,98m ; 80kg) portier n’est que de passage. En vrai, le transit s’éternise depuis maintenant trois saisons. Une éternité dans le monde du foot et un record inégalé dans l’histoire des prêts. Du coup, et en attendant la Premier League, Courtois vit dans l’incertitude. Celle d’un rapatriement express, de négociations reportées et d’une double confrontation aux airs de passation de pouvoir.

Des négociations légèrement reportées avec Chelsea

« Ce serait con et bête de faire revenir Courtois à Chelsea et de garder deux gardiens comme ça dans la même équipe. » Philippe Vande Walle ne tergiverse pas au moment d’évoquer l’avenir proche de Thibaut Courtois. Celui qui était son premier entraîneur des gardiens en sélection belge l’avoue sans détour : « Courtois appartient comme Petr Čech à un cercle qui regroupe les meilleurs gardiens du monde. Chelsea l’a loué à un club où il est en train de se former une expérience qui va pouvoir lui servir à l’avenir. Et puis, quand Courtois est arrivé là-bas il y a trois ans, il n’y avait personne pour remettre en question Čech. Maintenant, ils sont confrontés à une abondance de bien, mais moi je pense qu’il va prolonger d’encore un an son prêt à l’Atlético. » Clair et concis, Vande Walle a un avis bien défini sur le cas Courtois. Il faut dire que depuis son éclosion au KRC Genk au cours de la saison 2010-2011, tout le monde se plait à avoir une opinion sur la situation alambiquée d’un des rares titulaires indiscutables de l’effectif de Marc Wilmots en sélection belge. Et parmi ceux qui connaissent bien le personnage Courtois, il y a Franky Vercauteren, son premier coach au plus haut niveau : « Je respecte toujours le choix d’un club ou d’un entraîneur et je ne connais pas la situation exacte à Chelsea, mais je suis persuadé qu’il est aujourd’hui capable de jouer pour les Blues. » Un autre qui est persuadé des qualités intrinsèques de Courtois, c’est Christophe Lollichon. Entraîneur des gardiens de Chelsea, le Français exilé à Londres depuis 2007 l’affirme : « On a commencé à travailler la succession de Petr Čech il y a trois ans avec l’arrivée de Thibaut Courtois. Nous avons la chance d’avoir l’un des meilleurs gardiens du monde et d’avoir le futur numéro un mondial à son poste. Maintenant, le club doit gérer ça avec la famille. » Ça, c’est en fait une situation horriblement complexe que seul le père Courtois, Thierry, semble capable d’expliquer avec calme et concision : « Avec Chelsea, les contrats sont signés avec clauses de rapatriement et compagnie. Après, c’est vrai que pour la saison prochaine, et vu le tirage au sort de la Ligue des champions, les choses n’ont pas encore été clarifiées et les négociations légèrement reportées. »

Le flegme étourdissant d’un papa habitué à devoir jongler entre les exploits sportifs de ses différentes progénitures (Valérie Courtois, grande sœur de Thibaut, est une championne reconnue de volley-ball) n’enlève pas la pression inhérente au rendez-vous de ce soir. Parce que, qu’on le veuille ou non, bien plus qu’une demi-finale de Ligue des champions, cette semaine entre Vicente-Calderón et Stamford Bridge, c’est aussi de la succession de Petr Čech dont il sera question. Et cela, Thibaut Courtois semble l’avoir compris comme il le confiait récemment sur le site de la FIFA : « C’est évidemment très particulier pour moi, car je joue à l’Atlético, mais Chelsea est mon club. Le mieux est de ne pas penser à tout ça et de jouer comme j’en ai l’habitude, car si vous commencez à faire attention à ces choses-là, c’est la meilleure façon d’être perturbé. » Difficile, en effet, d’imaginer scénario plus stressant que la rencontre du jour. L’ancien Nantais Franky Vercauteren est conscient des énormes capacités mentales de son ancien poulain, mais n’est pas pour autant complètement rassuré quand il pense à l’affrontement de ce soir : « Je crois qu’il est capable de gérer, mais il y a tellement de choses autour que ce n’est naturellement pas très sain parce que ça peut uniquement se retourner contre lui à partir du moment où tout le monde attend qu’il soit parfait. C’est un match extraordinaire, donc tout ce qu’il ne fait pas dans ce sens-là plaidera contre lui. Après, il est tellement fort dans sa tête que tout l’aspect médiatique qui tourne autour ne peut même pas vraiment l’atteindre. »

J’analyse tous ses matchs

Sans jamais minimiser la pression autour de l’événement, Vercauteren rappelle quand même que Courtois reste un gamin de 21 ans. Un gamin qui, s’il n’a encore jamais porté les couleurs de Chelsea, bénéficie d’un encadrement permanent de la part des Blues. Christophe Lollichon en atteste : « J’analyse tous ses matchs, je reçois toutes les trois semaines l’analyse vidéo de ses performances, ce qui me permet de lui téléphoner régulièrement pour assurer un vrai suivi. » Éloigné de Londres depuis trois saisons, Thibaut Courtois serait cependant loin d’être laissé de côté par son futur employeur. Encore une fois, on peut compter sur le flegme de Thierry Courtois pour clarifier la relation à distance qui unit son fils à l’un des clubs les plus puissants de la planète foot : « Tout avait été prévu quand il a signé à Chelsea pour cinq ans en 2011. Il n’y a rien de surprenant. C’était prévu qu’il soit au moins prêté trois ans. Quand on signe à Chelsea qui est un très grand club et qui possède l’un des meilleurs gardiens au monde, qui n’a à ce moment que 29 ans, on sait bien qu’il va falloir s’exiler pour obtenir du temps de jeu. » Dans quelques semaines, le délai de trois ans accordé à Petr Čech aura pris fin. De là à imaginer le Tchèque se faire déloger de ses cages londoniennes dès cet été, il y a une petite marge. Une marge qui pourrait bien se calculer sur les 180 prochaines minutes de Chelsea en Ligue des champions.

Par Martin Grimberghs

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