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Coupe de France : La soirée de rêve du Pays de Cassel face à Wasquehal

Par Emmanuel Hoarau, au stade Auguste Damette
Coupe de France : La soirée de rêve du Pays de Cassel face à Wasquehal

Ce samedi soir, à l’issue d’un marathon judiciaire et de recours à tout-va, la dernière rencontre des 32es de finale de Coupe de France opposant l’US Pays de Cassel à Wasquehal s’est déroulée à Hazebrouck. L’enjeu était simple : une qualification pour les 16es de finale pour la première fois de l’histoire d’un des clubs, et un affrontement de rêve face au Paris Saint-Germain.

En arrivant au stade Auguste Damette ce samedi après-midi, aux alentours de 16h30, l’atmosphère est déjà particulière. Les fumigènes, les chants et les écharpes sont de sortie dans la calme et paisible ville d’Hazebrouck, dans les Hauts de France. Pas de doute possible : la Coupe de France pointe le bout de son nez et offre à ses passionnés les plus aguerris un derby flandrien entre le Petit Poucet de la compétition, l’US Pays de Cassel, club de Régional 1, et le Wasquehal Football, pensionnaire de National 2, de l’ancien gardien lillois Vincent Enyeama.

 Tout le monde sait qu’il s’agit d’une injustice. Les instances ont été malignes, elles ont rendu leur décision à la dernière minute sans la possibilité de faire un recours.

« On s’est fait voler »

Même si l’affiche est belle et déjà historique pour le club local, la rencontre n’aurait jamais dû se dérouler : à l’origine une bagarre, ayant éclaté lors du huitième tour opposant Wasquehal à Reims Sainte-Anne. Menés 3-0, les Nordistes ont ensuite été plongés dans un immense chaos général lors duquel l’entraîneur a été blessé à la tête. Dans un premier temps, la Fédération a donné match perdu aux deux équipes, qualifiant ainsi Cassel pour son 16e de finale, avant que le comex, sur avis du CNOSF, ne réintègre les deux clubs. « Tout le monde sait qu’il s’agit d’une injustice. Les instances ont été malignes, elles ont rendu leur décision à la dernière minute sans la possibilité de faire un recours », déclare amer le directeur sportif de Cassel, Gabriel Bogaert. « On s’est fait voler, il n’y a rien d’autre à dire, embraye un autre bénévole du club, à la buvette du match. Le club avait reçu une lettre signée de la Fédération qui lui déclarait sa qualification pour les 16es… Une volte-face de ce genre, c’est du jamais-vu ! »

Du côté de Wasquehal, on se défend d’une quelconque imposture : « Wasquehal n’a pas posé de réserve sur cette rencontre… Nous étions menés 3-0 et puis il y a eu ces incidents. C’est Sainte-Anne qui, dans l’espoir d’être réintégré et de jouer ce 32e, a mené la procédure. Nous les remercions car, finalement, nous avons gagné le huitième tour et nous sommes là aujourd’hui ! », confie Julien Izeghouine, responsable de la section U14 du club, et frère des deux entraîneurs du jour.

Une fête de famille

Car oui, la Coupe offre souvent des histoires un peu particulières. En 2011, déjà pour Wasquehal, Grégoire Debuchy avait affronté son frère, Mathieu, alors pilier du LOSC de Rudi Garcia qui réalisera le doublé coupe-championnat en mai. Ce samedi soir donc, il s’agissait d’un nouveau duel de fratrie, cette fois-ci entre Sofiane, le coach de Cassel, et Mehdi, responsable quant à lui de Wasquehal. « Sofiane connaît très bien cette équipe de Wasquehal, il la suit et la supporte, explique Samuel Goethals, l’entraîneur-adjoint. Cela a été compliqué cette semaine parce que les gens interprètent souvent les choses à leur manière. Il fallait faire la part des choses. » Pas de quoi embêter le principal intéressé : « C’était partagé, au sein de la famille. Après, on s’est dit que quoi qu’il arriverait, on soutiendrait le vainqueur. C’était une grande fête pour la famille ! »

Peu après 17h30, la main courante du stade se remplit peu à peu, les tribunes bourdonnent et une fanfare flandrienne, avec ses grandes marionnettes, prend place dans le kop des Irréductibles casselois, un groupe de supporters formé grâce au parcours magnifique du club. 18 heures. L’attente est finalement terminée. Pendant que dans le kop, une banderole « Avec ou sans la fédé, on jouera le PSG ! » est déployée (oui, les stades professionnels n’ont pas le monopole de la contestation de la fédération), le speaker, Nicolas, un ancien joueur du club, lance au micro : « 5, comme le nombre de victoires restantes avant le Stade de France. » Cassel a de l’ambition.

 Sur la course d’élan, je ne peux même plus respirer. D’habitude, je ne tire même pas les penaltys… Je n’ai même pas regardé le ballon, juste tiré et c’est parti en lucarne. C’est incroyable, on va jouer contre le PSG ! 

Scénario fou et tourbillon des émotions

La première période se révèle équilibrée. Les deux équipes font jeu égal et la seule grosse occasion est signée Ahmed Bouzar, sortie par le gardien Romain Samson. Le début du second acte est casselois, mais personne n’arrive à mettre véritablement en danger le gardien Samuel Atrous, l’ancien portier du RC Lens. La suite est peu entraînante, le match est fade et aucune des deux équipes n’arrive à prendre l’ascendant. Les Wasquehaliens se montrent fébriles sur les coups de pied arrêtés défensifs, mais Cassel est incapable d’exploiter cette faille. Et puis ce qui devait arriver arriva. 83e minute, sur un ballon qui paraît anodin au milieu de terrain, Ahmed Bouzar, encore lui, part dans un raid solitaire. Il bascule vers l’aile gauche, passe le dernier défenseur, crochète et inscrit un bijou en angle fermé sur lequel Samson ne peut rien. Stupeur collective et cruauté infâme. Comment est-il possible de se faire éliminer sur la seule largesse défensive d’une rencontre ? Certains diront que c’est la dure loi du haut niveau, inciteront Cassel à revenir l’an prochain, avec plus d’expérience, pour réapparaître peut-être à ce stade de la compétition. D’autres, comme les Casselois, ne vont pas se résigner, reprendre les armes, et aller au combat pour la dizaine de minutes restantes.

Dans le public à l’extrémité droite de la tribune de presse, un petit garçon, bouleversé par la tension de la rencontre, se tient même à genoux, implorant le salut des dieux du football. Puis, la délivrance. Il reste 20 secondes à jouer dans le temps réglementaire, et Cassel obtient un coup franc excentré côté gauche. À la retombée, la tête du capitaine Alexis Zmijak qui, comme un symbole, profite enfin de la passivité de la défense pour expédier le ballon au fond des filets et envoyer tout le monde aux tirs au but. La séance est haletante. Finalement, après un raté de chaque côté, le public a le droit à une mort subite. Enzo Daoud s’avance pour Wasquehal. Sa frappe écrase la barre, embrasse la ligne de but, mais ressort, provoquant l’explosion de joie du public. C’est maintenant à Kévin Rudent, défenseur entré en cours de match, de s’avancer. Sa frappe finit en pleine lucarne.

Le public exulte, la pelouse est envahie, et les fumigènes s’embrasent. « Sur la course d’élan, je ne peux même plus respirer, raconte le héros du jour, porté par l’émotion. D’habitude je ne tire même pas les penaltys… Je n’ai même pas regardé le ballon, juste tiré et c’est parti en lucarne. C’est incroyable, on va jouer contre le PSG ! » La même joie se fait ressentir chez l’entraîneur, Sofiane Izeghouine : « Je suis très très très heureux, pour le club, pour ma famille… Jouer le PSG, c’est incroyable ! » Pour l’analyse de la rencontre, il faut se tourner vers Samuel Goethals : « On a pour habitude d’avoir le ballon et d’entreprendre, mais au vu de l’opposition hiérarchiquement inférieure, on avait demandé aux joueurs d’être capables de gérer nos temps faibles. On a parfaitement respecté notre style de jeu et réussi à rivaliser. »

Dans la folie de l’envahissement de terrain, des supporters casselois, déjà croisés en avant-match, font eux aussi part de leur émotion : « C’est incroyable ce qui arrive… On est un tout petit club. On a vu, au fil du parcours, des gens venir de plus en plus voir les matchs et supporter l’équipe. Pour un petit village comme le nôtre, c’est fantastique ce qui arrive ! » Et le capitaine de la réserve Louis d’ajouter : « C’est une victoire pour le club et pour tous les joueurs qui sont là depuis petit… On est extrêmement fiers ! » Plus loin, le milieu Clément Boudjema est porté en triomphe avec un chant emprunté aux voisins lensois. La Coupe offre chaque saison son lot de surprises, d’exploits et de retentissements. Dans le Nord, on se rappellera longtemps l’épopée de l’US Pays de Cassel et, quand le PSG se présentera lundi prochain en seigneur au stade Bollaert, les Irréductibles casselois et leur équipe feront tout pour faire honneur à leur club, leur région, leur identité flandrienne… et pouvoir continuer à rêver.

Par Emmanuel Hoarau, au stade Auguste Damette

Tous propos recueillis par EH

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