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Coupe d’Asie, so sexy !

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Coupe d’Asie, so sexy !

Seize équipes, quatre pays organisateurs, huit millions de touristes, des centaines de milliers de supporters et une demi-douzaine de favoris : la quatorzième Coupe d'Asie des nations a décidé de cultiver le hors norme jusque dans des sphères ignorées des autres continents. Avant les demi-finales de ce mercredi, focus sur une compétition méconnue en Occident. A tort...

Depuis deux éditions, la Copa America a trouvé l’argument imparable : une finale Brésil-Argentine. Que rêver de mieux en effet pour promouvoir une compétition à la périodicité…euh…incertaine et mal fagotée question rayon horaires pour les frileuses télés européennes, qu’une rencontre terminale entre les deux mastodontes de l’Amsud ? Malgré son placement en plein cœur de l’hiver, la CAN africaine, elle, ne cesse de déplacer les foules et de faire de nouveaux adeptes à chaque édition les années paires. Comme l’Euro, reine des compétitions continentales, la Coupe d’Asie des nations avait lieu tous les quatre ans depuis un demi-siècle (1) mais la proximité des Jeux Olympiques de Pékin en 2008 a quelque peu changé la donne.

En plus d’avancer l’épreuve d’un an, l’AFC, la confédération asiatique, s’est permis un genre de première mondiale en confiant l’organisation de la quatorzième Coupe d’Asie à quatre (si, si) pays du Sud-Est : la Thaïlande, le Vietnam, l’Indonésie et la Malaisie (154ème au classement mondial pour l’anecdote). Outre les tournées à répétition des clubs européens, les créations d’académies tous azimut (notre Jean-Marc Guillou national sévit en Thaïlande et au Vietnam par exemple), les échanges de toutes sortes avec les clubs occidentaux, le continent vit une sorte de révolution copernicienne, boostée par l’explosion économique chinoise et par cette sensation diffuse que la « next big thing » , c’est ici et pour bientôt…

Les organisateurs attendaient, par exemple, autour des huit stades de l’épreuve (deux par pays) et des trente-deux matchs, l’ébouriffant total de huit millions de touristes venant principalement du Japon, de Corée, de Chine, des pays du Golfe, d’Iran et même…d’Australie. Car oui et pour la première fois dans l’histoire, par la grâce d’une pirouette géopolitique dont le football a le secret, les Wallabies joueront l’Asian Cup. Il faudra s’y faire : l’Australie du football ne sévira plus en Océanie (il n’y a qu’une demi-place à prendre en coupe du monde) mais pour l’Asie (là où il y en a cinq). Ironie del’histoire, si dans cette Coupe d’Asie, on trouve un ex-ressortissant de l’Océanie, on trouve également l’Ouzbékistan, une ex-république soviétique de l’antique Europe. Il faut dire que l’exemple vient de loin puisqu’en compulsant les archives, on découvre, auhasard, que la troisième édition de l’Asian Cup eut lieu en 1964 en…Israël qui poussa le vice jusqu’à remporter l’épreuve…

Même si les pays asiatiques furent décevants lors de la dernière coupe du monde en Allemagne (à la notable exception donc de…l’Australie éliminée de justesse par la Squadra Azzurra en 1/8e), la frénésie qui entoure cette quatorzième Coupe d’Asie paraît sans commune mesure avec tout ce que les observateurs ont connu précédemment. Les stades sont combles, les supporters déchaînés et les surprises ne manquent pas. Lors des deux premières journées de poules surtout…

Dans le groupe A, l’Irak, la sensation de l’épreuve jusqu’à aujourd’hui, a marché sur le ventre des Aussies de Kewell et Viduka (3/1) dans l’étuve du Rajamangala Stadium de Bangkok où l’humidité et la chaleur ont sérieusement rougi l’épiderme des habitués de la Premier League.

La jeune équipe vietnamienne sera finalement le seul pays autochtone (dans le groupe B) à franchir le cap du premier tour avec le double tenant du titre (2000, 2004) nippon en faisant la nique au Qatar et aux Emirats Arabes Unis grâce à des buts de Le Cong Vinh, héros affable et membre, comme onze de ses partenaires, de l’équipe olympique. « C’était un match intéressant et il devrait rester dans l’histoire du football » assurait-il en as de la litote. Avant l’épreuve, Zhu Guanghu, le coach magnanime de l’équipe chinoise, certifiait que « chaque équipe du tournoi peut prétendre aux quarts de finale » . Bien vu ! Après avoir baladé l’Iran pendant presque toute la partie et bêtement concédé le nul (2/2), son équipe s’est lourdement inclinée contre l’Ouzbékistan (0/3), pourtant battu par l’Iran au premier match. Bye bye les quarts de finale et probablement les Jeux de Pékin pour monsieur Zhu. Pas un aventurier de la montagne magique pour le coup (2).

La Malaisie, quant à elle, n’a pas existé : 12 buts encaissés en trois rencontres au grand désespoir de ses fans. Dans l’ultime groupe, le plus dense de la compétition, on a bien cru que Bahreïn et l’Indonésie allaient faire la nique aux deux favoris, soit la Corée du Sud (deux Coupes d’Asie en magasin) et l’Arabie Saoudite (trois trophées dans la bibliothèque).

Après deux journées, l’Arabie Saoudite menait le bal avec quatre points contre trois aux deux outsiders (Bahreïn avait défait les Sud Coréens 2/1) et ces derniers fermaient la marche avec un point. Comme dans la majorité des groupes, le troisième match allait être fatal. Dans un Gelora Bung Karno Stadium de Jakarta sold out (100 000 places où aura lieu la finale dimanche 29 juillet), une formation coréenne plus mature et remaniée (le coach batave au blaze impayable de Pim Verbeek avait laissé six titulaires de la défaite contre Bahrein sur le banc) allait provoquer le désespoir de la cause indonésienne via un but de Kim Jung-woo, le milieu offensif de Nagoya Grampus Eight, blessé au début de l’épreuve et qui menace d’être une des sensations des phases finales.

Dans le match des voisins du Golfe, l’Arabie Saoudite n’allait faire qu’une bouchée de Bahreïn (4/0). Pas de quartier pour les pauvres. Dans le groupe A, après un nul contre l’Irak et une courte victoire contre Oman (2/0), toute la Thaïlande spéculait sur un nul des siens contre la redoutable Australie, toujours aussi rougeaude mais un peu mieux adaptée aux conditions climatiques après dix jours d’immersion. Après avoir tenu quatre-vingt minutes, les locaux finiront par succomber au célèbre duo Kewell-Viduka (trois buts). Too bad !!

Au final, on retrouvait dans cette seconde phase les cinq favoris initiaux, soit les trois pays triples vainqueurs (Iran, Japon et Arabie Saoudite), plus la Corée du Sud (double lauréat) ainsi que la grosse cote de l’affaire avant le début de la compétition, le nouveau venu en provenance de Tasmanie, l’Australie.

Vaincu par le Japon (1/4) lors du dernier match de poule, le Vietnam ne jouerait pas son quart chez lui mais à Bangkok contre un autre petit poucet, presque devenu l’épouvantail de l’épreuve, l’Irak. Las, pas de miracle pour le dernier pays autochtone en lice, deux buts du capitaine irakien Younis Mahmoud ont permis à l’attaquant vedette du club qatari d’Al Gharafa à ses heures, de projeter son équipe pour la première demi-finale de son histoire depuis 1976. Un résultat extraordinaire quand on connaît le contexte du pays qui n’a pas eu l’heur de plaire au coach brésilien de l’équipe, Jorvan Vieira. « Notre prestation fut désastreuse. Nous avons été trop individualistes et une fois que nous avons ouvert le score tôt dans le match, certains de nos joueurs ont carrément déjoué. Nous avons eu de la chance que l’excellente équipe vietnamienne ait été dans un mauvais jour. En demi-finale, contre un adversaire encore plus fort, il faudra élever encore notre niveau de jeu, sinon » …

L’escouade de Vieira devra finalement faire face aux miraculés coréens, déjà
passés de justesse en phase de poule et qui doivent à leur portier vétéran, Lee Woon-jae (34 ans aux fraises) d’avoir éliminé l’Iran aux tirs au but après un nul diaphane de bout en vout (0/0). Le Lee Woon-jae en question avait déjà gagné dans les mêmes conditions un championnat de Corée, une ligue des champions asiatique et une super coupe d’Asie avec son club de Suwon Samsung. Mieux : il avait participé à l’élimination de l’Italie (dans les conditions que l’on sait) et surtout de l’Espagne (il avait stoppé le penalty de Joaquin) en 2002 à la Coupe du monde coréo-japonaise. Bref, un sacré récidiviste et une demi-finale de tous les dangers pour l’Irak car les Coréens attendent un sacre sur le toit de leur continent depuis…quarante sept ans !

L’autre demi-finale mettra aux prises l’Arabie Saoudite (vainqueur de l’Ouzbékistan (2/1) et qui avance dans ce tournoi presque masqué et très impressionnante) au Japon – double tenant du titre qui joue pour l’histoire (personne n’a encore gagné trois fois de suite), vainqueur à Hanoi de l’Australie (1/1 ; 4-3 aux t.a.b) dans le choc de ces quarts de finale. Dans une rencontre fermée, un Japon sans star (sauf peut-être le Shunsuke Nakamura du Celtic) a répondu par Naoshiro Takahara (à la 72e minute) à un but des Socceroos inscrit deux minutes plus tôt par John Aloisi. L’ex-joueur bosniaque de Sedan et de la Yougoslavie, Ivica Osim, le coach du Japon, n’en pouvait plus à la fin des 120 minutes : « Tout est très mauvais pour le cœur. Si vous permettez, je préfèrerais mourir à Sarajevo… »

Cette improbable quatorzième Coupe d’Asie des nations n’en finit plus de nous ravir. On conseillera aux éventuels amateurs de se rendre sur You Tube pour suivre d’étonnants résumés de matchs, fréquemment empruntés aux télés locales avec commentaires et accompagnements musicaux mutants qui valent franchement le détour.

Les demi-finales auront lieu ce mercredi 25 juillet, la petite finale samedi 28 et la grande finale le lendemain. Eliminé en quarts de finale avec l’Ouzbékistan, Rauf Inileyev se refuse à tout pronostic : « A ce niveau là, on ne sait jamais qui va gagner. Avant le début de l’épreuve, beaucoup ne juraient que par l’Iran et la Chine. La Chine, très forte la Chine, n’a pas passé le premier tour. Alors à quoi bon ? Et puis, il y a les pénalties. Avec l’Ouzbékistan, on s’était beaucoup entraînés aux penalties mais l’Arabie Saoudite ne nous a pas laissés arriver jusque-là. Je vous le dis, à partir des quarts de finale, c’est la loterie, il n’y a plus de favoris » . On y reviendra bien sûr…

Par Rico Rizzitelli

(1) – La première édition de la Coupe d’Asie remonte à 1956 à Honk-Kong alors que l’Euro (phase finale à quatre) débute en 1960.

(2) – Allusion à un film d’heroïc fantasy de l’himalayesque Tsui Hark, Zu, les guerriers de la montagne magique.

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