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Comment je suis tombé amoureux de… Mudryk, Obafemi et Gnonto (épisode 15)

Par Anna Carreau, Andrea Chazy et Clément Gavard
Comment je suis tombé amoureux de… Mudryk, Obafemi et Gnonto (épisode 15)

Parfois, il suffit d'une action pour tomber amoureux d'un joueur. En voilà trois qui ont fait battre la chamade à nos petits cœurs pendant cette fournée de matchs de Ligue des nations : l'Italien Wilfried Gnonto, l'Ukrainien Mykhaylo Mudryk et l'Irlandais Michael Obafemi.

Wilfried Gnonto (Italie)

L’action qui nous a fait succomber Il n’aura fallu que cinq petites minutes à Wilfried Gnonto pour mettre la Botte à ses pieds. Bologne, stadio Renato Dall’Ara, samedi 4 juin 2022, Italie-Allemagne. Le décor est planté. Il est idyllique. Cela ne fait donc que 300 secondes que Wilfried Gnonto foule une pelouse avec le maillot de la Nazionale. En plein cœur de l’Émilie-Romagne, Gnonto a soulagé Matteo Politano et déjà mis à mal une première fois Thilo Kehrer, son vis-à-vis, avant de l’enterrer une bonne fois pour toutes à la 70e minute de jeu. Côté droit, le débordement du gamin de 18 ans est foudroyant. Kehrer dépose les armes rapidement, Manuel Neuer termine sur les genoux lorsqu’il voit que le centre de Gnonto est servi au millimètre pour Lorenzo Pellegrini. L’Italie ouvre le score, L’Allemagne égalisera dans la foulée pour arracher le nul (1-1). Dix jours plus tard, pour le deuxième round largement remporté cette fois par la NationalMannschaft (5-2) à Wolfsburg, Gnonto parvient pourtant à débloquer son compteur pour sauver ce qu’il reste de l’honneur de sa sélection. Un petit événement : à 18 ans, 7 mois et 16 jours, il devient le plus jeune buteur de l’histoire de la Nazionale. La preuve, peut-être, que ce gamin n’est pas qu’une simple étoile filante.

Vidéo

Pourquoi il est si excitantTout simplement parce qu’il n’y a pas beaucoup de gamins italiens de 18 piges attaquants, mesurant 1,70m, qui sont capables d’une telle première au sein d’une sélection capable de gagner l’Euro puis de se vautrer face à la Macédoine du Nord. Parce qu’un gamin talentueux qui a décidé de quitter l’Italie et la Primavera de l’Inter, à même pas 17 ans, pour aller choper un contrat pro à Zurich en Suisse témoigne du mal profond de la Serie A à faire confiance à ses jeunes. Au bout du compte, Gnonto revient au pays comme un prince : il a déjà cumulé près de 2000 minutes de jeu en deux ans avec le FC Zurich, inscrit 8 buts en championnat lors du dernier exercice, et son club a même chopé la couronne nationale 13 ans après la dernière. Le genre de début de carrière que l’on a envie de suivre de près.

Et il vient d’où ?Wilfried Gnonto a vu le jour à Baveno, non loin de Verbania, dans le Piémont, une ville qui borde le sublime lac Majeur. C’est ici que ses parents, Boris et Chantal, ont immigré de la Côte d’Ivoire quelques années plus tôt. Comme le retrace la Gazzetta dello Sport, Wilfried a tapé ses premiers ballons dans le club local avant de rejoindre le club de Suno, qui était affilié à l’Inter à l’époque. C’est comme cela que Wilfried a atterri chez les Nerazzurri, bien aidé par ses parents obligés de faire plus de 100 kilomètres aller-retour quand leur progéniture était encore trop jeune pour vivre seule dans la capitale de la mode. Wilfried vient de loin, mais sa destinée est d’arriver tout en haut.


Mykhaylo Mudryk (Ukraine)

L’action qui nous a fait chavirer Marquer son premier but lors de son premier match en équipe nationale est la marque des plus grands. Voilà pourquoi Mykhaylo Mudryk fera partie des plus grands. Le 11 mai dernier, aligné d’entrée lors d’un match amical contre le Borussia Mönchengladbach, pour ce qui est le premier match de la sélection ukrainienne après l’invasion russe, le virtuose du Shakhtar Donetsk marque sur son premier ballon, dès la 9e minute. Dans un contexte particulier où l’Ukraine cherche à se préparer à son match de qualification à la Coupe du monde contre l’Écosse, il trouve le chemin des filets sur une sublime ouverture de Sydorchuk en devançant une sortie précoce du gardien et enchaîne contrôle du pied droit, puis frappe du gauche. Un peu surpris, le joueur de 21 ans, qui a beaucoup mûri ces dernières semaines, se contente d’ouvrir ses bras, avant de sauter en serrant le poing. Une célébration digne de FIFA.

Pourquoi il est si excitantParce que Mudryk n’est pas que le quasi-homonyme du Ballon d’or 2018. L’habile ailier gauche a su se faire un nom en seulement 23 matchs avec le Shakhtar, au point d’en être élu le meilleur joueur de l’année 2021. Celui que l’on surnomme le Neymar ukrainien, de par son jeu de dribbles digne du joga bonito brésilien et sa qualité de passe, a aussi un look soigné de futur numéro un mondial, avec des cheveux mi-long teints en blond serrés d’un bandeau. Et bien qu’il n’ait connu sa première sélection avec l’Ukraine qu’en cette période de guerre, le gamin né en 2001 n’a pas manqué l’occasion de s’affirmer comme une référence sur l’aile gauche de la Zbirna. Surtout quand il a fallu reprendre les rênes de l’attaque ukrainienne après l’échec face au pays de Galles qui a privé une nation endeuillée d’une qualification au Mondial. Qu’à cela ne tienne, le jeune Mykhaylo Mudryk défendra sa patrie autrement et continuera de clasher Poutine sur ses réseaux sociaux. « On dirait qu’il ne fait pas beau temps aujourd’hui », s’amusait-il le 9 mai alors que la Russie utilisait le prétexte d’une météo capricieuse pour justifier qu’aucun avion ne défile lors de la fête nationale. « Je veux que toute l’audience que j’ai sur les réseaux sociaux m’écoute, pour que les gens sachent la vérité, perçoivent des informations réelles au lieu d’une propagande tordue », insistait-il d’ailleurs dans une interview pour le Shakhtar. Un joueur engagé sur et en dehors des terrains, voilà qui est Mykhaylo Mudryk.

Et il vient d’où ? Natif de Krasnohrad dans la région de Kharkiv, le jeune Mykhaylo Mudryk a été formé dès ses 9 ans au Metalist Kharkiv, grand club de la région qui sait cajoler ses génies, comme il l’a prouvé l’année dernière en hébergeant le talent de l’ancien Lyonnais Farès Bahlouli. Dans une Ukraine où les clubs s’en vont et reviennent, son club formateur disparaît en 2016 (avant de ressusciter en 2021 sous le nom de Metal Kharkiv). Comme tout minot suffisamment doué avec ses pieds dans l’Est de l’Ukraine, il rejoint à l’âge de 15 ans le Shakhtar Donetsk, alors exilé à Kharkiv à la suite de la guerre du Donbass. Après deux prêts successifs à l’Arsenal Kyiv et au Desna Chirnihiv, le prodige peut enfin goûter aux joies de revêtir la célèbre tunique orange du Shakhtar. Mis en confiance par l’arrivée sur le banc de Roberto De Zerbi, qui se donne pour mission de faire progresser celui qu’il considère comme « l’un des meilleurs jeunes d’Europe », il élimine à lui seul l’AS Monaco en barrage de Ligue des champions en provoquant le but contre son camp de Rúben Aguilar, puis change de dimension un 3 novembre 2021, lorsqu’il donne le tournis au latéral droit du Real Madrid Dani Carvajal. « Mudryk est notre Vinícius Junior, avait affirmé le directeur sportif du Shakhtar Darijo Srna avant la rencontre. Il y a peu de joueurs avec de telles qualités. Nous travaillons avec lui jour et nuit, et il a beaucoup changé ces derniers temps. » Malgré la victoire madrilène ce soir-là (2-1), Mykhaylo sort sous les acclamations du public de connaisseurs du Bernabéu. Quelques semaines plus tard, alors qu’il cherche à quitter son pays en guerre malgré ses obligations militaires, il pourrait de nouveau rejouer la Ligue des champions, cette fois sous la tunique du Bayer Leverkusen, qui, pas insensible au charme de ce joli blondinet, est en passe de faire décoller pour de bon sa carrière.


Michael Obafemi (Irlande)

L’action qui nous a fait fondre L’avantage avec les joueurs frisson, c’est qu’ils peuvent briller plusieurs fois dans une même rencontre. Ce samedi, Michael Obafemi ne s’est pas gêné pour séduire son monde lors de la fête des voisins entre son Irlande natale et l’Écosse, à l’Aviva Stadium. Les esthètes ont pu tomber sous le charme du garçon à la 28e minute, quand il s’est lancé dans un numéro à 35 mètres du but adverse, enchaînant un crochet derrière sa jambe d’appui pour éliminer son vis-à-vis et une merveilleuse ouverture aérienne en direction de son compère d’attaque Troy Parrott, auteur du but du 2-0 pour les Boys in Green. C’est tout ? Non, Obafemi a remis le couvert au retour des vestiaires pour fêter sa première titularisation en sélection de la meilleure des manières. Comment ? En passant derrière une bagarre au milieu de terrain pour récupérer le ballon et décocher une praline surpuissante, laissant le pauvre Craig Gordon sur les fesses. Une masterclass stoppée cinq minutes plus tard à cause d’une vilaine blessure. Pas un problème, le charme avait de toute façon déjà opéré.

Pourquoi il est si excitant Déjà, parce qu’il est toujours plaisant de découvrir un futur dragster de la Premier League avant qu’il ne s’y installe définitivement. Attention, Obafemi, 22 ans le mois prochain, a pu croquer dans quelques rencontres de l’élite anglaise à l’époque où le jeune attaquant faisait ses gammes à Southampton (2016-2021). Une première apparition sans saveur contre Tottenham en 2018, une passe décisive face à Manchester United à la fin de cette même année et quelques pions marquants, comme face à Chelsea ou surtout contre ces mêmes Reds Devils en juillet 2020 quand il avait planté trois minutes après son entrée en jeu pour offrir le point du nul aux Saints. Les débuts typiques du crack qui aurait pu se perdre après une saison blanche, marquée par des pépins physiques. Oui, mais le garçon a la tête bien faite, et son exil à Swansea, en Championship, lui a été bénéfique avec un dernier trimestre dantesque (11 buts, 3 passes décisives). Autre chose : Obafemi est un immense fan de Thierry Henry et Ian Wright, en bon supporter d’Arsenal. Ça promet.

Et il vient d’où ? Le destin est parfois taquin, celui d’Obafemi l’a conduit droit vers l’Irlande. Le 6 juillet 2000, le petit Michael décide de venir au monde plus tôt que prévu, alors que sa maman est en visite chez sa sœur, à Dublin, où il a vécu les premiers jours de sa vie. Son enfance, en revanche, il l’a passée de l’autre côté de la mer, en Angleterre, et plus précisément à Londres. Là-bas, l’attaquant a écumé les club anglais, de Chelsea à Watford, avant de passer une année sans ballon rond pour se concentrer sur les études, un souhait de sa mère. Reste que le bonhomme n’a pas tardé à revenir au foot, posant ses valises à Leyton Orient puis à Southampton. L’Angleterre… puis le pays de Galles, avec son départ à Swansea : « Le premier jour, je me suis rendu au terrain d’entraînement en voiture, il y avait des moutons sur le bord de la route. J’ai compris à ce moment-là que j’étais vraiment au pays de Galles. » Obafemi assure avoir eu un déclic au début de l’année 2022, et ses performances l’ont conduit à retrouver la sélection irlandaise près de quatre ans après avoir fêté sa première cape contre le Danemark, en novembre 2018. Le mois dernier, le sélectionneur Stephen Kenny est venu le voir signer deux passes décisives contre Bournemouth au Liberty Stadium, avec un joli cadeau : « Il m’a acheté le nouveau maillot de l’Irlande avec mon nom dans le dos. J’ai senti qu’il avait envie que je sois avec eux. » Il le lui a bien rendu, en attendant la suite.

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