- CDM 2018
- 8es
- Colombie-Angleterre (1-1, 3-4)
Colombie : Des rocs et des coups de vent
Au-delà de la qualification de l'Angleterre aux tirs au but, on retiendra du huitième de finale entre les Three Lions et la Colombie le souvenir d'un match avec davantage de fautes (36 au total) que d'occasions de but. Après la rencontre, les deux camps se sont renvoyé la balle : Jose Pékerman, le sélectionneur colombien, se plaignant des simulations anglaises ; Gary Southgate, le coach de l'Angleterre, regrettant un match avec beaucoup de fautes. Mais pour une bonne bataille, il faut être deux.
Le sélectionneur de la Colombie, José Pékerman, est arrivé en conférence de presse d’après-match avec une colère froide, après l’élimination de son équipe aux tirs au but contre l’Angleterre (1-1, 3-4) en huitièmes de finale de Coupe du monde. « Ce match était rugueux, je ne m’attendais pas à un match comme ça, a-t-il lancé. Je pense qu’il faut défendre le football, tout faire pour éviter certaines situations quand on sait qu’elles peuvent arriver. C’était inconfortable de jouer ce match en sachant que ce sentiment était dans l’air par rapport aux décisions arbitrales. Il y a eu beaucoup de confusion, et beaucoup de fautes qui découlaient de simulations, ou du fait qu’un joueur avait été poussé par un adversaire auparavant. »
36 fautes et 8 cartons
Dans une partie effectivement électrique, les Colombiens ont été sanctionnés pour 23 fautes (13 côté anglais), ont reçu six cartons jaunes (deux pour les Three Lions) et ont encaissé l’ouverture du score anglaise sur un penalty pour une faute de Carlos Sánchez sur Harry Kane que les joueurs de Pékerman ont longuement contesté auprès de l’arbitre. De quoi pousser un journaliste anglais à faire remarquer au coach argento-colombien que tout le monde ne partageait pas son point de vue et que, « en Angleterre et un peu partout ailleurs » , on pensait plutôt que c’était la Colombie qui avait joué avec les nerfs de l’arbitre. « Oui, je sais, les Anglais n’étaient déjà pas contents de nous avant le match, a répliqué Pékerman. Je pense que ce n’est pas juste et qu’ils ne devraient pas penser ça. L’Angleterre a été impliquée dans beaucoup de penaltys dans ce tournoi, contre la Tunisie (un contre eux, N.D.L.R.) et le Panama (deux pour eux, N.D.L.R.). Nos joueurs se retrouvent dans des situations où ils ne devraient pas se retrouver, et j’espère que lors du prochain match, on fera plus attention aux joueurs anglais. »
Qu’est-il arrivé au football anglais ?
Apparemment d’accord avec le sélectionneur de la Colombie, un journaliste russe s’est d’ailleurs permis une petite pique à Gareth Southgate quelques minutes plus tard : « Qu’est-il arrivé au football anglais ? a-t-il interrogé. Dans votre génération, vous jouiez comme des rocs, et la génération d’aujourd’hui tombe dès qu’il y a un coup de vent. » Le sélectionneur anglais a souri et a répondu : « Peut-être que nous sommes devenus plus malins. Mais nous avons gardé notre dignité et notre sportivité. Si nous sommes tombés, c’est parce qu’il y avait faute. » Southgate a répété à plusieurs reprises que ses joueurs l’avaient impressionné par leur discipline, « en tout cas dans les 90 premières minutes » , le tout dans un environnement difficile. « Le nombre de supporters dans le stade, c’était du cinq contre un, il y a eu beaucoup de fautes, et pourtant nous avons su garder notre sang-froid. On n’a pas toujours ce qu’on mérite, mais ce soir nous méritions de gagner, et nous avons gagné. » Il faudra quand même poser la question à José Pékerman.
Thomas Pitrel, au Spartak Stadium