C’est ainsi que le PSG est grand…
Et c’est alors que le dernier paralytique se leva, que le dernier sourd retrouva l’ouïe, que les bouches se serrèrent, que le discret filet de bave, partant de la commissure des lèvres, qui descendait (le filet de bave pas la commissure) vers un menton accueillant, signe d’un endormissement prolongé, fut bien vite ravalé. Aussi vrai que le magazine So Foot venait de faire son entrée dans le questionnaire de Lepers (édition printanière de Questions pour un Champion, voir également et surtout Sim Trinquette, le blog, le PSG marquerait de son empreinte l’année 2008.
Si avec Julien Lepers on a le nouveau Proust cathodique que l’on ne mérite pas vraiment, autant avec le PSG on a droit à l’illustration du football que l’on subit. Proche de la Ligue 2 et finaliste d’une coupe, certes de la Ligue, mais d’une coupe tout de même, le PSG n’a jamais été à un paradoxe près.
Samedi 29 mars 2008. Finale de la coupe de la Ligue. RCL – PSG. Un choc de titans même si les 17ème et 18ème du championnat de France (à la veille de la rencontre) n’ont que très peu à voir avec les divinités primordiales géantes qui précédèrent les Dieux de l’Olympe, les fameux titans. Mais les supporters des deux clubs ayant tendance ces derniers temps à inviter ceux qu’ils soutiennent à se faire voir chez les Grecs, allons donc pour une Grèce triomphante.
Une finale pour deux équipes au bord du KO technique, si proches du trou noir qui vous aspire en Ligue 2, la deuxième division comme on disait autrefois, celle qui offre, malgré tout, une petite obole télévisuelle grâce à la chaîne Eurosport. Eurosport la face cachée du football professionnel, l’exposition minimale de la Ligue 2, les matinées des comités d’entreprises.
Un face à face entre le RC Lens et le PSG. Pourquoi pas. Bienvenue chez les Ch’tis sur des airs de marseillaise lensoise. On demandait à voir, les clichés ont tellement la vie dure.
D’un côté, le RC Lens, le champion de France de la saison 1997-1998, le vainqueur du championnat cette saison-là, à la différence de buts devant le FC Metz (la D1 comptait alors 18 clubs et non 20 comme actuellement, l’équipe de France n’était pas encore championne du monde).
De l’autre côté, le PSG, le deuxième du championnat de France de Ligue 1 lors de la saison 2003/2004 avec 76 points pris, juste derrière l’Olympique Lyonnais qui comptait 79 points au compteur. Qui se souvient encore que le PSG talonnait l’OL ? Une équipe aussi pénible à voir jouer que les actuels Girondins de Bordeaux lors de cette faste saison parisienne. Grandeur et décadence pour les formations lensoise et parisienne, à moins que ce ne soit stupeur et tremblements.
L’ancienne folie de Canal Plus pour attirer les abonnés vers la chaîne télévisée payante opposée au club de Gervais Martel, lui-même empêtré dans des rêves de grandeur. Mais surtout, l’éternelle déception du championnat de France, le PSG face à lui-même. Le seul club qui mériterait (avec l’OM ?) la création d’un lot audiovisuel spécifique : ils vont encore nous décevoir mais on rira bien, c’est l’essentiel.
Une finale de la peur pour cette Coupe de la Ligue dont on n’a finalement jamais vraiment compris la raison d’être, sorte de carré V.I.P des clubs de Ligue 1, ou une compétition qui semble être l’occasion pour les équipes en difficulté de s’offrir une ligne à leur palmarès. Deux victoires pour le PSG (saisons 1994-1995 et 1997-1998), et un trophée pour Lens (saison 1998-1999).
Bref, la finale du 29 mars 2008 avait tout du match du rachat pour les deux clubs, d’un lancé de miettes en direction de leurs supporters, de la soirée pour oublier les malheurs de la saison 2007/2008. Le moment des slows, cette période où les timides qui ne savent pas danser se lancent enfin. Mais danse-t-on encore des slows ?
C’est dire si le perdant serait déçu et si le vainqueur jubilerait. Le contrat a été rempli. Le perdant a été très déçu. Le vainqueur a oublié ses malheurs.
Un vrai match de la peur au cours duquel on se disait que le moins inhibé ferait la différence. Lors de la première mi-temps ce furent les Lensois qui perdirent tout réalisme offrant de superbes boulevards aux Parisiens qui n’en demandaient pas tant.
La lumière vint de Pauleta. Puis, à la reprise, ce furent aux Parisiens de montrer un manque d’envie inquiétant, une retenue suspecte, une faiblesse digne de ce qu’ils sont. Et Lens égalisa. Les supporters des deux camps semblaient partagés. Mais comme c’est à Paris que l’on sait se distinguer, on vit une étrange banderole déployée dans l’un des kops de la capitale. Une belle dose de mépris, de racisme et de bêtise à l’adresse de Lensois et de gens du nord qui n’en méritent pas tant. Mais chez certains Franciliens, la sonorité de la région Nord Pas de Calais doit faire ressortir uniquement le mot PACA (Provence Alpes Côte d’Azur).
Lens commençait à baisser de rythme et un penalty fut sifflé en faveur des Parisiens. Pas besoin de faire le procès du ralenti pour une fois tellement la vision à vitesse réelle laissait planer un doute. L’arbitre ne trembla pas, Bernard Mendy non plus. Le PSG gagnait la finale dans les arrêts de jeu. Et c’est ainsi que le PSG est grand…
On oubliait l’essentiel. Le championnat reprend la semaine prochaine pour les deux formations. C’est encore loin la Ligue 1 ? Tais-toi ! Joue !
Jean-François BORNE
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