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César Delgado : « Thiago Almada sera un jour le numéro 10 de la sélection argentine »

Propos recueillis par Adrien Cornu, à Rosario
9 minutes

En 2008, "El Chelito" Delgado avait débarqué à l’OL lors du mercato hivernal. Dix-sept ans plus tard, l’ex-ailier de poche argentin, aujourd’hui âgé de 43 ans, profite de la première titularisation de son compatriote Thiago Almada avec Lyon (ce dimanche contre Brest) pour revenir sur son aventure lyonnaise et donner les clés de l’éventuelle réussite de son cadet.

César Delgado : «<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>Thiago Almada sera un jour le numéro 10 de la sélection argentine<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>»

Pour la première fois depuis ta période lyonnaise avec Lisandro López au début des années 2010, il y a deux Argentins à l’OL : Nicolás Tagliafico et donc le petit nouveau Thiago Almada.

Ça fait plaisir ! Même si je ne suis jamais retourné en France depuis mon départ de Lyon, je continue de suivre le club. Je regarde les matchs à la télévision quand je peux et je suis toujours en contact avec Alex Lacazette ou Isabelle Dias, la personne qui s’occupe des Sud-Américains au club. Forcément, ça fait toujours plaisir de voir que les Argentins y sont bien représentés, surtout par deux champions du monde ! (Rires.)

Quel regard as-tu sur l’arrivée de Thiago Almada ?

C’est une très bonne chose pour l’OL. Thiago fait partie de cette catégorie de joueurs audacieux qui relèvent le défi et vont toujours de l’avant. Il n’en reste plus tellement des comme ça. Il a gardé cette joie, ce côté joueur de quartier avec son dribble, son crochet, son toucher de balle. C’est le genre de joueur qui change le cours d’un match. Un « enganche », comme on dit en Argentine. Il ne peut que faire du bien à l’OL. Pour moi, il sera un jour le numéro 10 de la sélection argentine.

La Ligue 1 a-t-elle de la visibilité en Argentine ?

Oui, quand même. Aujourd’hui, surtout grâce au PSG, à la mondialisation, les réseaux sociaux. Puis, quand Lionel Messi jouait en France, forcément, beaucoup regardaient la Ligue 1. Je pense qu’à une moindre échelle, ça peut être un peu pareil avec Thiago Almada. Avant mon arrivée, l’OL n’était pas si connu que ça en Argentine. C’est Licha (Lisandro López, NDLR) et le parcours en Ligue des champions en 2010 qui ont fait que par la suite, l’OL est devenu plus connu en Argentine.

L’une des clés de sa réussite pour Thiago sera l’adaptation à la vie en France, non ? 

Exactement. En ce qui me concerne, mes débuts ont été très difficiles pour plusieurs raisons. Déjà, arriver dans une institution comme Lyon qui, à l’époque, enchaîne les titres de champion, n’est composée que de grands joueurs, ça met une certaine pression. Et puis, la langue, le climat… C’était très dur pour moi. Au fur et à mesure, je me suis adapté, habitué à la langue, au football. Mais c’est vrai que la façon de vivre en France est totalement différente de chez nous, en Argentine.

C’est-à-dire ?

Au-delà du climat ou de la langue, le Français est beaucoup moins sociable, affectueux et chaleureux que l’Argentin. Ce sont deux cultures totalement différentes. Ça allait mieux après que j’ai rencontré à Lyon un groupe d’Argentins originaires de Rosario qui sont devenus des amis. On avait l’habitude de se retrouver régulièrement. Tous les dimanches où je n’avais pas de match, par exemple.

En 2008, avec Cris, Juninho, Fred, Ederson, Michel Bastos, etc., il y avait beaucoup de Brésiliens dans le vestiaire. Il n’avait aucune rivalité avec eux ?

Non, on s’est très bien entendus. Bon, quand je suis arrivé, Cris n’a pas manqué de me chambrer sur la finale de Copa América gagnée par le Brésil face à l’Argentine en 2004 (les deux étaient entrés en jeu et Delgado avait marqué, NDLR). Il y a aussi eu cette fois où j’étais en train de me doucher après l’entraînement dans une douche individuelle vitrée. Pour rigoler, Cris arrive et tape dans la vitre. Et là, la vitre a explosé. Un bout de verre m’a ouvert au niveau de la cheville (il montre sa cicatrice). J’en ai eu pour quatre points de suture et un mois d’absence. Le coach était fou. (Rires.) Cris ne savait plus où se mettre…

Les Français, une fois l’entraînement terminé, avaient plutôt tendance à rentrer directement chez eux. Le Brésilien lui va t’inviter chez lui pour manger un bout, faire quelque chose.

César Delgado

On a vu mieux comme esprit de camaraderie…

Il s’est excusé 50 fois, et je savais que ce n’était pas méchant. Honnêtement, les Brésiliens étaient des top mecs, toujours là à demander si j’avais besoin de quelque chose, comment j’allais. La relation allait au-delà du club. C’est d’ailleurs la différence avec les Français qui, une fois l’entraînement terminé, avaient plutôt tendance à rentrer directement chez eux. Ça ne veut pas dire que je n’ai pas apprécié les Français du vestiaire, loin de là, mais le Brésilien va t’inviter chez lui pour manger un bout, faire quelque chose. J’ai de très bons souvenirs de repas chez Fred, chez Cris. C’est pour ça que nous disons toujours que les Argentins et les Brésiliens s’entendent bien, car nous avons pratiquement la même manière de vivre.

Tu gardes quand même de beaux souvenirs de ton passage à Lyon, non ? 

Bien sûr, j’ai adoré. Au début, j’ai aussi eu du mal à m’adapter sur le plan du football, parce que le football, en Europe et en France particulièrement, est très physique, rapide et intense. Ça m’a demandé une vraie période d’adaptation. Mais ensuite, c’était très plaisant. D’ailleurs, partir en 2011 n’était pas ma décision. Je m’entendais très bien avec les coachs Claude Puel puis Rémi Garde. Les deux ont été très importants pour moi. Malheureusement, ma femme ne s’est jamais faite à la France, et c’était aussi compliqué pour mes enfants. Pour l’anecdote, j’aurais continué à Lyon si ma fille avait été acceptée à l’école hispanophone de Lyon.

Quel est ton meilleur souvenir à Lyon ? 

J’ai adoré jouer la Ligue des champions. C’est la meilleure chose qui puisse arriver à un footballeur. Je n’irai pas jusqu’à dire que c’était un rêve d’enfant, mais c’est tellement majestueux et merveilleux. En Argentine, je regardais déjà les plus grands matchs plus jeune et je n’aurais jamais imaginé pouvoir jouer cette compétition un jour. Encore moins atteindre les demi-finales, éliminer le Real Madrid, marquer à Anfield. Des moments extraordinaires à vivre.

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Que connaissais-tu de la France avant de signer à Lyon ? 

Franchement pas grand-chose. Rien même, à part Platini et Zidane ! (Rires.) J’ai fait des recherches quand mon nom a commencé à être lié à Lyon. J’ai commencé à regarder les matchs et ça m’a plu. Je me suis dit : « Allez, allons-y ! »

Comment s’est fait ton transfert à Lyon ? 

De manière assez marrante. En 2007, Rémi Garde était venu voir un match de Boca Juniors pour observer Rodrigo Palacio qui, ensuite, a joué à l’Inter Milan. C’était en Copa Panamericana contre Cruz Azul, club mexicain pour qui je jouais. Ce jour-là, je fais un bon match, je marque et lui tape dans l’œil. Ensuite, il est venu me voir une ou deux autres fois au Mexique et ça s’est fait comme ça.

Et avec Jean-Michel Aulas et Bernard Lacombe, quelle relation entreteniez-vous ?

Des gens très humains. Jean-Michel Aulas souhaitait toujours l’anniversaire de ma fille, car il est né aussi un 22 mars. Et Bernard Lacombe, c’était comme un papa pour nous, les joueurs offensifs. Je me souviens que lors de mon premier match, mon vis-à-vis était passé par l’OL (Nadir Belhadj, à Lens à l’époque). Avant le match, Bernard m’a pris à part et m’a donné des astuces pour le mettre en difficulté. J’ai réussi à comprendre quelques trucs de ce qu’il m’a dit. (Rires.)

Licha est un gars simple, qui aime écouter de la cumbia, boire du maté, être tranquille à la maison, pêcher. Il aimait que sa maison soit bien propre, un vrai maniaque.

César Delgado, room-maté

Avec Licha, aviez-vous une relation particulière ? 

Sur le terrain, c’est vrai qu’on avait une bonne connexion. Mais plus globalement, toute l’équipe s’est tout de suite connectée à Licha, et lui nous l’a très bien rendu. C’est quelqu’un qui a une aura particulière, le ciment de l’équipe. Je me souviens de sa lettre à Madrid écrite en espagnol pour motiver l’équipe, que Cris avait lue en français parce que Licha ne parlait pas la langue. C’était un moment fort.

Comment est-il, Licha ? En France, il a toujours plutôt eu l’image d’un fédérateur sur le terrain plutôt solitaire à l’extérieur…

Licha est un super mec, joyeux, drôle. Ça reste quand même le gars avec qui j’ai le plus rigolé à Lyon parce qu’on se comprenait vraiment. Il y a eu quelques fous rires, comme le jour où avant un match, on a fait goûter le maté à Hugo Lloris. Licha est un gars simple, qui aime écouter de la cumbia, boire du maté, être tranquille à la maison, pêcher. Il aimait que sa maison soit bien propre, un vrai maniaque. (Rires.) Il a aussi un peu souffert du problème de langue, mais avec le temps, il a réussi à parler quand même un peu plus que moi. Je me souviens par exemple de ses adieux faits en français à Gerland.

Quel conseil donnerais-tu à Thiago Almada pour réussir à Lyon ?

Apprendre la langue, tout simplement. Pour pouvoir créer ce lien avec les autres que Licha a su créer, ce qui n’était pas mon cas. Dernièrement, j’ai mis Thiago en contact via un ami commun avec un chef à Lyon qui peut l’aider à manger de la cuisine argentine, c’est important. (Rires.) Je ne suis pas inquiet pour lui, c’est le genre de joueur que les autres joueurs et les supporters aiment. Je pense qu’il faudra peut-être attendre la saison prochaine pour vraiment le juger, car comme moi quand je suis arrivé en janvier 2008, il n’a pas eu la préparation physique européenne. Personnellement, j’ai souffert de ça au début.

Le gap est-il si important que ça entre le football sud-américain et le football français ?

Oui, quand même. Mais physiquement, l’Argentine est comme la Ligue 1, un championnat rude et physique. Beaucoup plus qu’au Mexique, par exemple. Simplement, le rythme et l’intensité ne sont pas les mêmes. Le ballon court beaucoup plus en France.

Qu’est-ce qui a été le mieux, jouer en Ligue des champions ou jouer dans les stades argentins ?

Jouer la Ligue des champions, quand même. C’est un football à part et il y a tout le folklore qui va avec. Le ballon est différent, la musique mythique. Puis, quand vous jouez face au Real Madrid et qu’en face il y a Cristiano Ronaldo, Káka, Benzema, Casillas, Ramos, Xabi Alonso… C’est fort.

Comment définirais-tu ta relation avec le public lyonnais ?

J’ai beaucoup aimé jouer à Gerland. Là aussi, c’est très différent de l’Argentine. À Lyon, je pouvais me promener dans la rue tranquillement sans être dérangé. Les gens sont très respectueux. En Argentine, c’est impossible. Les gens sont passionnés, deviennent fous, Encore aujourd’hui, si je sors dans la rue à Rosario, beaucoup vont m’arrêter pour faire une photo. Après, si je sortais dans Lyon avec Licha, ce n’était pas pareil. Tout le monde voulait sa photo avec lui. (Rires.)

Cesar Dégradé. (Photo : AC)
Cesar Dégradé. (Photo : AC)

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