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Cerci, du plomb dans l’aile
Jovetic sur le retour, Gila blessé, Montolivo sur le départ. Du coup, à la Fiorentina, l'attraction se nomme Alessio Cerci. Un vrai ailier, comme on en faisait dans les années 80.
L’aile ou la cuisse ? Pour Alessio Cerci, ce sera l’aile. Sans le moindre doute. Le joueur de la Fiorentina est l’un des hommes forts de ce début de saison en Italie. Déjà en forme en fin de saison passée (il avait inscrit 6 buts lors des 5 derniers matches de championnat), il régale les tifosi et a pris, en l’absence de Gilardino, la Viola sur ses épaules. Mais surtout, plus qu’un joueur à la mode, Alessio Cerci symbolise un retour. Celui de l’ailier. Le vrai, le pur. Celui qui court. De la défense à l’attaque, de l’attaque à la défense. Qui provoque son adversaire. Et qui le dribble. Et ce n’est probablement pas un hasard s’il porte sur les épaules ce numéro 7 qui, dans une époque où les numéros avaient encore leur valeur, était justement attribué à l’ailier droit. Or, depuis toujours, l’Italie est friande d’ailiers. Comment ne pas se souvenir de Bruno Conti, joueur essentiel de la Nazionale qui triompha en Espagne en 1982, ou encore de Franco Causio, son prédécesseur à ce poste fondamental. Un poste qui a eu tendance, par la suite, à tomber quelque peu en désuétude, même si certains ont toujours tenté de l’honorer (Donadoni, Camoranesi). D’ailleurs, en juillet dernier, la célèbre émission Sfide, diffusée sur Rai Uno, consacre un reportage à « La solitude de l’ailier droit » , un rôle « annihilé par la tactique dans le football » et qui est actuellement « en voie d’extinction, comme le panda » . Oui. Mais depuis cet été, il y a eu Cerci. Et si c’était lui, le panda du renouveau ?
Sous l’égide de Capello
Il y a un peu plus d’un an, Alessio Cerci est encore inconnu du grand public. Le joueur, pur produit du centre de formation de la Roma, ne compte que 13 présences en Serie A avec le maillot giallorosso (première cape à 16 ans et demi, sous Fabio Capello), auxquelles s’ajoutent 13 autres capes parmi l’élite, lors de la saison 2008-09, alors qu’il est prêté à l’Atalanta. De plus, de nombreuses blessures au genou ralentissent considérablement le début de sa carrière. Pas suffisant, néanmoins, pour décourager le président de la Fiorentina, Andrea Della Valle, qui décide de miser sur lui lors de l’été 2010. Le joueur a le choix : soit rester à Rome et risquer de faire banquette, soit partir à Florence et tenter de se faire un nom dans la ville des Médicis. Le club florentin met sur la table quelques 4 millions d’euros. Marché conclu, Cerci prend sa décision.
Dès lors, la saison de la Viola n’est pas exaltante. Mais Mihajlovic, au fil des matches, donne du temps de jeu à Cerci. Bien qu’il soit relativement critiqué lors de ses premières apparitions, le joueur se sent bien dans le collectif florentin. Le 7 novembre 2010, il inscrit enfin son premier but en Serie A, décisif qui plus est, contre le Chievo (1-0). A partir de ce moment-là, il devient un titulaire indiscutable, profitant aussi des absences de Jovetic, Montolivo et Mutu et contribue à la bonne fin de saison de la Viola. Mais surtout, il trouve son poste de prédilection. Alors qu’il jouait soit attaquant, soit milieu offensif à la Roma, le coach serbe le repositionne sur l’aile droite. C’est la révélation.
Alessio Bolt Cerci
Depuis le début de cette nouvelle saison (mais déjà, un peu, à la fin du dernier exercice), le jeu de la Fiorentina penche de plus en plus vers le droite, aussi bien au niveau des attaques placées que des relances. Or, toutes ces actions passent invariablement par les pieds d’un seul et même joueur : Alessio Cerci. Les recettes de l’ailier sont simples, mais diaboliquement efficaces : fixer l’adversaire, le déstabiliser avec une feinte, et claquer une autre accélération juste derrière. Un véritable sprinteur, sur 100 mètres. Et si la Fiorentina obtient de bons résultats (2 victoires, 1 nul et 1 défaite), c’est, en grande partie, grâce aux prestations du joueur. Et ça, son coach en est parfaitement conscient. « Cerci ? Cela ne me plait pas de parler des individualités, tout le monde donne le maximum. Néanmoins, je ne vois aucun autre joueur avec ses caractéristiques qui soit, actuellement, aussi fort. Il doit juste s’améliorer en phase de repli, mais pour moi, il mérite déjà la Nazionale » affirme-t-il.
La Nazionale ? Oui, la Nazionale. A 24 ans, et à quelques mois de l’Euro, Cerci en rêve. Or, Cesare Prandelli, sélectionneur national, ne ferme pas la porte à une éventuelle convocation. Et c’est là que pèse le poids du passé. Le poids d’un Bruno Conti, par exemple. Mais aussi, à d’autres époques, d’un Amedeo Biaviati, d’un Gigi Meroni ou d’un Rocco Pagano. Revoir ce genre de joueur en équipe d’Italie ferait évidemment vibrer les foules. Et pas seulement les nostalgiques. « Cerci fait vraiment de bonnes choses en ce moment, il doit trouver de la continuité. Une éventuelle convocation en équipe d’Italie ? Oui, mais cela dépend aussi du schéma que nous adopterons » assure le sélectionneur. Oui. La porte est ouverte. Cerci n’a plus qu’à continuer tout droit pour s’y engouffrer. En courant, bien sûr.
Eric Maggiori
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