Calcio : Roma-Milan, le choc des générations
Des Romains jeunes et en pleine bourre contre des Lombards au ralenti : une simple formalité pour les coéquipiers de Totti ? En théorie oui, en pratique, non.
L’un n’a peur de rien, l’autre fait dans son froc. Dans l’avant-match médiatique qui a rythmé la semaine de ce Roma-Milan AC, c’est Francesco Totti qui est monté le premier au front. Torse en avant et ambition en bandoulière : « Nous sommes meilleurs que l’an dernier, et nous sommes persuadés que nous pouvons revenir sur l’Inter et remporter le scudetto » , lâchait-il jeudi devant les micros.
Le lendemain, vendredi, c’était au tour de Gattuso de recevoir les journalistes. Fier et fair-play, mais inquiet. « La Roma est une grande équipe, la meilleure équipe italienne actuelle, et lorsqu’elle joue bien, elle est supérieure à tout le monde. Elle peut jouer le scudetto, alors que pour nous, rejoindre la quatrième place sera déjà difficile » .
Bon, la situation semble assez claire : la Roma est en pleine bourre, elle n’est même plus très loin de représenter l’équipe la plus hype de la saison, tandis que le Milan AC commence sérieusement à être passé de mode.
D’un côté, vous avez des jeunes qui jouent mieux chaque mois, et dont on peut dire sans trop s’avancer qu’ils seront les stars de demain : Aquilani, Vucinic, De Rossi, Curci.
De l’autre, un hospice : Maldini, Nesta, Dida, Inzaghi etc…
Comme un symbole, les premiers se sont qualifiés pour les quarts de finale de la Ligue des Champions en se jouant du Real comme un vulgaire OL, et ne tremblent même pas à l’idée d’affronter Manchester United ; les seconds, ex-rois incontestés de la compétition, se sont fait sortir au stade précédent par une autre jeunesse triomphante, celle d’Arsenal. Lors de ces confrontations, les Milanais ont certes impressionné par leur classe et leur expérience, mais ils ont aussi fait flipper – ils courent une fois toutes les dix minutes, et encore.
Niveau ballon, la Roma joue vite, le Milan lentement. Leurs coaches sont à opposer, eux aussi. Luciano Spalletti, derrière Totti, est la vraie star de Rome. Il s’est inventé un personnage de pince sans rire dont les médias raffolent, porte le costard comme une gravure, et figurerait sur les tablettes du Barça pour la saison prochaine. C’est aussi un fin tacticien qui tente des coups et des mises en place post-modernes, bref un mage dans la lignée du grand Arrigo Sacchi – et en plus il a la même (absence de ) coupe de cheveux.
Côté milanais, Carlo Ancelotti ressemble davantage à un contremaître qu’à un penseur du jeu. Il est rond, gentil, prend ses ordres d’en haut et veille à ne froisser personne. Carlo finira au Real, c’est sûr ! Ce qu’il aime par-dessus tout, c’est passer derrière ses joueurs. Son principal mérite, d’ailleurs, c’est d’être arrivé à s’attirer la sympathie de l’ensemble de son effectif.
Est-ce à dire que le match de ce samedi soir est joué ? Non, bien sûr que non. La Roma, on serait tenté de dire qu’on la connaît : dès qu’ils s’emballent, ils sont morts. Tandis que le Milan AC, tout le monde sent bien qu’ils ne finiront pas derrière la barre fatidique de la Champion’s League. Gattuso a d’ailleurs prévenu : « Finir en coupe UEFA ? Ce serait triste. Je ne veux manquer de respect à personne, mais je n’ai pas envie d’aller jouer à Bratislava ou en Bulgarie » . Et en général, quand Rino pas content, Rino toujours parvenir à ses fins.
Ennio Gnocci
AS Rome – Milan AC, 20h30
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