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Caïazzo : « Le LOSC paie plus de charges patronales que tous les clubs de Bundesliga et Liga réunis »

Propos recueillis par Pierre Rondeau
Caïazzo : «<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>Le LOSC paie plus de charges patronales que tous les clubs de Bundesliga et Liga réunis<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>»

Le syndicat des clubs Première Ligue vient de publier son rapport annuel sur la fiscalité du football français, et le moins que l’on puisse dire c’est que la France n’a pas adapté ses prélèvements au contexte économique. Malgré la Covid, les clubs ont versé 955 millions d’euros d’impôts et de taxes. Et pour le président du syndicat, Bernard Caïazzo, dirigeant de l’ASSE, c’est un frein au développement de notre football. D’après lui, il est temps de changer le football.

Angers paie 13 fois plus de charges patronales que le Bayern Munich, champion d’Europe. Et c’est comme ça depuis toujours, Covid ou pas Covid, crise ou pas crise.

Première Ligue vient de publier un rapport sur le poids de la fiscalité appliquée au football en France. Les clubs ont payé, sur la saison 2019-2020, quasiment 1 milliard d’euros d’impôts et de taxes. Les footballeurs et les clubs payent-ils clairement trop d’impôts ?Partout, au sein du Big Five, les pertes se chiffrent à au moins un milliard d’euros, avec la pandémie de la Covid-19, la France comme les autres. Pourtant, malgré ces chiffres équivalents, nous ne sommes pas logés à la même enseigne au niveau des recettes et des charges. Globalement, l’ensemble des clubs de Ligue 1 se sont acquittés de 955 millions d’euros d’impôts et de taxes, sur toute la saison 2019-2020. La plus grande partie de ces charges concernent les cotisations salariales et patronales, quasiment 64% du total, soit 604 millions d’euros payés. À titre de comparaison, dites-vous qu’Angers paie 13 fois plus de charges patronales que le Bayern Munich, champion d’Europe. Le LOSC paie plus de charges patronales que tous les clubs de Bundesliga et de Liga réunis, soit 38 clubs. Et c’est comme ça depuis toujours, Covid ou pas Covid, crise ou pas crise.

Cela paraît inconcevable.Ce n’est pas une charge contre l’action de l’État ou contre le financement de la solidarité, c’est un simple constat, renforcé par un contexte catastrophique et inquiétant pour l’écosystème du football professionnel. Il n’est pas normal de payer autant, de payer bien plus que nos voisins européens dans un marché globalisé, encore plus en période de crise économique. Alors, on nous rétorque qu’il est normal que le football paye autant, que les salaires versés sont trop élevés et que l’argent est dépensé n’importe comment. Mais ces mêmes personnes sont bien contentes de pouvoir compter sur ce milliard prélevé aux clubs et aux équipes de football. Nous contribuons considérablement à l’effort collectif. À ce titre, il est, en retour, normal de demander une intervention de l’État pour la survie du football professionnel en année Covid.

Notre secteur, sans aucune intervention ni exigence de l’État, a participé au financement, cette saison, des championnats de jeunes et féminins, alors qu’ils n’ont eu qu’un seul mois de compétition cette année.

La taxe Buffet est intégrée au calcul, alors qu’elle pourrait être vue comme une contribution au financement du sport amateur. Le poids de la fiscalité peut aussi être vu comme une participation à la force et au prestige de la formation française qui fait du pays le premier producteur et exportateur de footballeurs en Europe. En payant moins d’impôts, on pourrait aussi prendre le risque d’altérer le financement du sport pour toutes et tous, non ?La taxe Buffet n’est pas un problème prioritaire pour le football professionnel. Nous connaissons parfaitement la situation du football amateur, du sport en général et il est important d’aider ce secteur. Mais, en tant que prélèvement direct, il est normal d’intégrer la taxe Buffet à la participation collective du football. Sur les 955 millions d’euros prélevés, elle représentait, en 2019-2020, 31 millions d’euros, soit 3% de l’ensemble. Ce n’est pas grand-chose, mais pas non plus anodin. Il ne faut pas opposer le football professionnel masculin avec le reste des compétitions et des disciplines. Notre secteur, sans aucune intervention ni exigence de l’État, a participé au financement, cette saison, des championnats de jeunes et féminins, alors qu’ils n’ont eu qu’un seul mois de compétition cette année. Peu importe l’arrêt, nous avons assuré le maintien de nos aides et de nos redistributions. Pourtant, cette absence de compétition, pour les jeunes, va nous pénaliser directement dans le futur, vis-à-vis de la formation, de l’expérience et de la visibilité. S’entraîner c’est bien, mais jouer c’est mieux. Encore une fois, c’est un effet négatif de la Covid que nous subissons directement. Vous voyez la double peine, nous souffrons à la fois des prélèvements automatiques et de l’arrêt de la saison, pour nos jeunes et nos équipes réserves.

Je préfère le foot d’avant, celui qui ne se prenait pas au sérieux, qui n’avait pas la prétention de se voir comme un secteur d’activité économique à part entière.

Depuis le début de la pandémie, beaucoup d’observateurs ont fait des propositions pour un sport plus pérenne et plus durable, pour une régulation du football professionnel. Cela va du plafonnement des salaires via un salary cap, un plafonnement du nombre de joueurs sous contrat, à une limitation des transferts ou encore des prêts. Qu’en pensez-vous ? Croyez-vous que cette crise sera un accélérateur du football de demain ou, une fois la pandémie passée, on devrait revenir à la même stabilité qu’avant ?
Dans le football, il y a les théoriciens et les praticiens. Les praticiens savent que sans l’appui de la FIFA et de l’UEFA, toute proposition de ce type est utopique. C’est regrettable, car, pour ma part, je suis favorable au plafonnement des salaires, à un salary cap généralisé, sain et régulé. L’argent ne doit pas faire le classement sportif, le modèle sportif ne peut pas, ne doit pas, seulement se baser sur le volet économique. Il faut assurer et maintenir le suspense et la tension, protéger l’équilibre en quelque sorte. Je préfère le foot d’avant, celui qui ne se prenait pas au sérieux, qui n’avait pas la prétention de se voir comme un secteur d’activités économiques à part entière. Malheureusement, aujourd’hui, sauf à prendre le risque de disparaître, les clubs sont obligés de raisonner de la sorte : comme une industrie. C’est dommage, même si on peut aussi prendre du plaisir en voyant une bande de gamins taper dans la balle dans un stade au bord d’une route.

Qu’en retenir ?Tant que la FIFA jouera au marchand du temple, nous ne pourrons changer le système et les plus riches triompheront toujours. Peu importe les nombreuses propositions des théoriciens, ce sont les praticiens qui prendront les décisions. Espérons qu’elles soient bonnes.

Propos recueillis par Pierre Rondeau

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