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Caballero, le syndrome argentin

Par Antoine Donnarieix
3 minutes
Caballero, le syndrome argentin

Symbole d'une Argentine complètement dépassée par les événements face à la Croatie, Willy Caballero sera premier de cordée au moment de porter le fardeau de cette chute collective. À tort, tant sa situation personnelle représente la crise dans laquelle se trouve son équipe nationale.

Horrifié, Willy Caballero est seul face à sa propre création. Mais le pire n’est pas là. Autour de lui, la réaction de ses coéquipiers laisse perplexe quant à la conséquence de son geste maladroit. À la suite de sa relance au pied manquée, le portier n’a pas le temps de se replacer dans son but qu’Ante Rebić le massacre à bout portant (53e, 1-0). Après trente longues secondes durant lesquelles on cogite, le gardien finit par trouver un peu de réconfort auprès de Nicolás Tagliafico, détenteur de six petites capes avec sa sélection nationale.

Avec un nombre de sélections si mince, il n’est donc pas possible de parler d’un taulier de l’équipe. En réalité, ce geste de soutien envers le fautif aurait dû venir de l’un des chefs de la meute. Ces chefs expérimentés, ce sont Nicolás Otamendi, Javier Mascherano ou encore Lionel Messi. Un par ligne, histoire de rassurer quand il faut. Mais la vérité, c’est que plus personne n’est rassuré, à commencer donc par Caballero. Un gardien de 36 ans à cinq sélections qui symbolise tous les maux argentins.

Sauver Willy

Pour être un bon gardien, il faut avant tout posséder une grande confiance en soi. La confiance, cela se gagne avec des certitudes. Celle de Caballero, proclamé doublure de Sergio Romero avant le Mondial, ne semblait pas au meilleur niveau. Remplaçant de Thibaut Courtois cette saison à Chelsea, le portier possédait déjà un rôle de doublure à Manchester City il y a deux ans. En 2017-2018, Willy n’a pas joué la Ligue des champions, a participé à trois rencontres de Premier League pour un ratio quelconque : une victoire, un match nul et une défaite. Aussi, Caballero aura rejoint le banc des remplaçants pour la finale de Coupe d’Angleterre alors qu’il avait participé activement à toutes les étapes précédant la dernière marche à Wembley. Bref, en club, cette saison était compliquée sur le plan de la sérénité.

Et sa saison sur le plan international ? Convoqué régulièrement pour les matchs de l’Albiceleste, Caballero avait dû remplacer au pied levé Sergio Romero contre l’Espagne à Madrid, à la suite d’un choc avec Diego Costa lors de l’ouverture du score de la Roja. La suite, c’est encore un calvaire. L’Espagne profite de l’absence de Lionel Messi et s’impose avec la manière (6-1). Caballero n’est en aucun cas fautif sur les buts ibères. Sa défense, en manque total d’automatisme, l’est beaucoup plus. Résultat : l’Argentine repart tête basse du Wanda Metropolitano et doit déjà essuyer de vives critiques de la part des médias argentins. Le tout avec un capital confiance réduit à néant pour la défense et son portier. Triste scénario.

L’énigme Armani

La nouvelle blessure de Sergio Romero juste avant le tournoi en Russie obligeait un Jorge Sampaoli en pleine tourmente tactique à changer son dernier rempart, et ce, alors que les 23 Argentins étaient déjà tous cochés. Parmi eux, il y avait Franco Armani. Un gardien de 31 ans, sans réelle expérience internationale, mais titulaire à River Plate et doté de la sacro-sainte confiance : une invincibilité de 619 minutes dans sa cage et douze clean-sheetsréalisées sur ses vingt matchs officiels dans le championnat argentin.

Passé par le championnat colombien, Armani avait même été approché par José Pékerman pour obtenir la nationalité colombienne et intégrer l’effectif des Cafeteros. Mais une fois l’intérêt de Sampaoli prononcé, l’intéressé ne souhaitait qu’une seule chose : partir au Mondial avec l’Albiceleste. Autre détail historique : que ce soit en 1978 ou en 1986, l’Argentine était toujours devenue championne du monde avec un gardien titulaire à… River Plate. Pourquoi donc s’obstiner avec Caballero ? Seul Sampaoli détient la réponse. La chose sûre et certaine, c’est que le spectacle de Nijni Novgorod va peser sur la conscience argentine dans les prochains jours. Et pas uniquement sur celle de Caballero…

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Par Antoine Donnarieix

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